Littérature

TOP LITTÉRATURE 2022

Tradition oblige, c’est l’heure de revenir sur les meilleures lectures de cette année 2022 !

Si c’est toujours un véritable plaisir de faire ce type de rétrospective, puisque je replonge quelques heures dans mes notes et je revis les meilleurs moments de l’année, je dois bien admettre que l’exercice n’est pas si facile. Cette année 2022 a été marquée par de nombreux coups de cœur, si bien qu’il a fallu un long moment de réflexion pour ne garder que les lectures qui m’ont véritablement chamboulée. Celles qui m’auront marqué au fer rouge, celles qui me hantent des semaines après, celles qui évoquent des sujets compliqués pour moi et celles que je continuerai à conseiller bien des années après. 

Auteurs confirmés ou non, francophones ou étrangers, ce TOP LITTÉRATURE 2022 a fait vibrer mon cœur de pierre et je vous en parle tout de suite.

TOP LITTÉRATURE 2022

La cour des mirages – Benjamin Dierstein (Éditions Les Arènes)

Ce roman, c’est une descente en enfer qui se fait progressivement. On découvre un premier tas d’immondices, on respire, on digère. Puis, l’auteur en rajoute une couche. Impossible d’avoir la moindre chose à laquelle se rattacher, tant Dierstein nous propose des personnages fracassés, détruits physiquement et psychologiquement par ce job qu’ils aiment tant. On s’attache tout de même à eux et on finit même par comprendre pourquoi ils sont dans cet état. L’enquête autour de cette cour des mirages a de quoi rendre fou. Fou de violence, fou de vengeance. Fou à finir à l’asile, fou à tout détruire. Benjamin Dierstein joue, tel un équilibriste, entre la fiction et la réalité, puisqu’il insère des discours politiques lorsque les personnages allument la TV, la radio ou lisent les journaux. La fiction est sans doute présente dans la création des personnages, mais en aucun cas dans les faits qui sont rapportés dans cette histoire.”

La mécanique du néant – Delphine Muse (Éditions des Lacs)

La mécanique du néant est clairement le genre de roman qu’il faut lire la nuit tombée, à la lueur de sa lampe torche, histoire d’entrer pleinement dans l’atmosphère de Datura. Delphine Muse joue sur nos peurs enfantines comme jamais dans ce roman. La peur de l’obscurité finit par nous rattraper, chaque bruit de parquet, chaque branche qui craque sera une torture pour notre esprit et cette sensation de ne plus être seul dans la pièce va entrer en scène. Une véritable angoisse s’empare de nous en lisant ce roman, si bien que certains passages vont rester gravés en nous et finiront même par nous torturer…”

Celle qui criait au loup – Delphine Saada (Éditions Plon)

Celle qui criait au loup est le genre de roman à la thématique si forte que l’on finit par en perdre son latin. Les mots, les impressions et les sensations se bousculent dans mon esprit depuis que je l’ai refermé.
En partant d’un sujet tabou, celui du désamour d’un parent envers son enfant, la romancière construit un récit d’un réalisme abyssal qui emporte tout sur son passage. C’est une atmosphère lourde, glaciale, parfois malsaine et qui tend à nous faire comprendre que le drame pourra arriver à n’importe quel moment de notre lecture. Celle qui criait au loup est typiquement le genre de roman qui se vit, qui se ressent, quitte parfois à avoir très mal. Entre K.O technique, colère et incompréhension, Delphine Saada nous malmène dans un sujet qu’elle semble si bien connaître.”

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Ordinaire – Audrey Najar (Éditions du Masque)

Ordinaire nous plonge alors dans les regrets d’un homme, dans ses rancœurs, dans son silence, dans sa paranoïa et dans les drames qui ont jalonnés sa vie. Audrey Najar surprend par sa subtilité et par la puissance de ses mots et de ses actions. Le roman nous happe, nous chamboule et nous envoie directement vers le drame. On le sait, celui-ci va arriver, mais on ne pourra rien faire, spectateur que nous sommes.
Si ce roman bouscule autant, c’est bien parce que sa romancière semble avoir capté l’essence même de la solitude et d’un personnage qui n’a jamais véritablement appris à communiquer et à partager ses sentiments. Hervé est une bombe à retardement que la vie a décidé de malmener jusqu’aux derniers instants. On termine ce roman avec cette sensation que nous allons passer par ce stade et que nous avons vécu un drame humain teinté de folie et de désespoir. Ordinaire est le genre de roman qui ne paye pas de mine et qui secoue comme il faut.”

30 secondes – Xavier Massé (Éditions Taurnada)

Le romancier nous offre un véritable tourbillon qui nous propulse aussitôt dans un récit qui nous dépasse. Si l’intention première était de nous mettre dans la peau de son personnage principal, alors c’est complètement réussi. Tout comme lui, notre mémoire nous joue des tours et nous nous prenons un véritable mur en pleine face. Quelques instants de plus et c’est une première révélation qui nous tombe dessus. Qu’on se le dise, 30 secondes nous apporte notre dose d’adrénaline. Dès lors, Xavier Massé nous a eu dans ses filets et nous sommes piégés jusqu’à la dernière ligne, voire plus. Le romancier fera ce qu’il veut de nous et de son récit, tant il donne l’impression d’avoir une maîtrise complète de ce qu’il souhaite.”

America[s] – Ludovic Manchette et Christian Niemiec (Le cherche midi éditeur)

L’aventure que nous conte les deux auteurs semble idyllique, mais il ne faut pas oublier que nous sommes face à un récit initiatique et que les désillusions de la vie nous rattrapent toujours afin que l’on puisse prendre le recul nécessaire. America[s] n’échappe donc pas à ce sentiment et je peux vous garantir que celui-ci va vous toucher en plein cœur. Ludovic Manchette et Christian Niemiec réussissent à nous chambouler avec ce récit condensé et c’est sans aucun doute dans cet aspect que ceux-ci se démarquent des autres romans de ce genre.”

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Dans les brumes de Capelans – Olivier Norek (Éditions Michel Lafon)

Olivier Norek fait preuve ici d’une maîtrise sans faille et détruit nos doutes en seulement quelques pages. Un prologue parfait, une mise sous tension rapide et cette féroce impression de retrouver le romancier d’antan. Sauf que celui-ci en a sous le capot et il va vite prouver qu’il sait jouer avec tous les registres de la littérature. Pour faire simple, Dans les brumes de Capelans est un parfait mélange de ce que l’auteur sait faire depuis le tout début. Celui-ci joue avec les genres en nous offrant à la fois un parfait thriller psychologique, un drame poignant, un roman atmosphérique, le tout avec une intelligence dans ce qu’il évoque et dans ses recherches.
Olivier Norek est littéralement au sommet de son art avec ce nouveau roman et autant vous dire que cela fait plaisir à voir. Tout est une question d’équilibre ici et le romancier dose tout cela à la perfection.”

Karmas – Pierre-Olivier Lacroix (Éditions Le mot et le reste)

On sent que derrière les mots de Pierre-Olivier Lacroix, il y a cette volonté de nous offrir à la fois un roman divertissant, proche de l’efficacité d’un scénario, et un récit plus complexe, permettant d’entrer pleinement dans la psyché de ses personnages principaux. D’ailleurs, vous vous rendrez vite compte que vous aurez envie de suivre, mais surtout de retrouver les deux inspecteurs principaux dans une autre enquête. Il faut dire que l’écrivain réussit à nous les rendre sympathiques, malgré les quelques fêlures chez l’un et l’autre. On suit ainsi avec délectation les pérégrinations de cette stagiaire à la recherche de l’approbation de ses pairs, mais également de cet inspecteur énigmatique, un poil cynique et prêt à tout pour faire la lumière sur ces tristes événements. Il n’y a pas à dire, le romancier met l’humain au centre du récit et c’est peut-être aussi cela qui fait la différence.”

Le silence des repentis – Kimi Cunningham Grant (Éditions Buchet-Chastel)

“Au-delà du postulat de base, c’est bien le jeu sur les émotions et sur la dramaturgie de la situation qui nous agrippe le cœur. Il est tout bonnement impossible de ne rien ressentir face au sacrifice de ce père en déroute pour sauver sa petite fille suite à un fâcheux accident. Cette relation fusionnelle entre les deux est magnifique, même avec la rébellion qui se réveille chez Finch, qui n’a rien connu d’autres que la forêt, les animaux et les recueils de poésie disponibles dans la cabane.
Le silence des repentis reste tout de même assez éloigné d’une noirceur que l’on aurait pu attendre d’un roman comme celui-ci et ce n’est pas plus mal finalement. Kimi Cunningham Grant joue avec notre affect comme personne et nous offre tout de même quelques belles séquences au suspense intenable dans cette forêt. On ressent la peur et la paranoïa de ce père, ainsi que l’envie irrépressible de cette petite fille d’en savoir plus sur le monde qui l’entoure. Nous sommes pris dans le tiraillement psychologique de ce père qui veut le meilleur pour sa petite fille, quitte à s’approcher du sacrifice…”

Sursis – Darren Bryte (IGB Éditions)

D’une puissance folle, Sursis joue également avec nos émotions, tant le romancier parle avec son coeur dans ce roman à la croisée des genres. Si Angry et sa suite évoqué la thématique de la maltraitance animale, de la folie de l’humanité qui court à sa perte et du clivage entre une vision misanthrope et humaniste du monde, Sursis quant à lui nous parle de la mémoire, du deuil, de vengeance et de l’amour. Ce nouveau roman est loin d’être une promenade de santé, que ce soit pour nous ou pour son auteur, tant on sent que ce récit est libérateur pour lui. La maladie évoquée, pourra en parler à plus d’un, voire créer de nouvelles phobies pour d’autres, mais il est impossible de ne pas ressentir toute la tristesse de Darren Bryte derrière ces mots.”

Billy Summers – Stephen King (Éditions Albin Michel)

Billy Summers est un roman qui se joue en plusieurs couches et à plusieurs vitesses. King prend son temps, comme à son habitude, pour planter son décor, ses personnages et ses enjeux. Tout est fluide, passionnant et ça l’est d’autant plus que le romancier réussit à nous immerger entièrement dans cette histoire. Stephen King nous offre une multitude de scènes, se transformant en un merveilleux tableau d’une vie chamboulée par la violence, la guerre, mais aussi par différentes rencontres. Qu’on se le dise, le roman émerveille le lecteur, le secoue par moment et joue avec ses émotions jusqu’au tout dernier moment.”

Il était une fois la guerre – Estelle Tharreau (Éditions Taurnada)

“Qu’on se le dise, Estelle Tharreau nous immerge dans la folie d’un soldat qui s’enfonce dans un syndrome de stress post-traumatique qui le dépasse complètement. On ne fait ainsi plus qu’un avec lui. On partage les visions de cet enfer, les désillusions de la vie, certaines peurs, certaines rancœurs et surtout cette haine qui monte petit à petit.
On ne peut pas dire que la romancière y aille avec le dos de la cuillère, tant celle-ci nous offre des descriptions à en faire pâlir plus d’un. Être en guerre ce n’est pas joli et ça l’est encore moins dans de telles conditions. Les quatre voyages en Afrique auront chacun une atmosphère différente, un niveau de dangerosité qui changera, mais ces passages nous marqueront au fer rouge…”


Et voilà, ce TOP LITTÉRATURE 2022 touche à sa fin ! J’espère que celui-ci vous a plu et qu’il vous a donné quelques nouvelles idées de lecture. En attendant, n’hésitez pas à me partager votre top de l’année dans les commentaires !


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4 réponses »

  1. La cour des mirages, j’en ai encore la nausée. 30 secondes, ça tabasse, Billy Summer est dans ma liseuse. J’attends la sortie en poche du Silence des repentis et Americas( s). Merci pour ton top 2022. 👍

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  2. Des titres que je ne connaissais pas et que j’anime notés. C’est drôle, ton numéro 1 est un roman « politique ». Dans mon classement aussi, mais ce n’est pas le même. J’ai commencé le Dierstein et effectivement faut respirer. Psychologiquement, je le trouve très dur !

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