Coup de coeur

La cour des mirages de Benjamin Dierstein : cauchemar intégral

Il existe des livres qui attendent sagement d’être lu, qui impressionnent par leur taille, par leur histoire. Le genre de roman que l’on regarde de loin avec cette furieuse envie de trouver LE bon moment pour l’ouvrir. Il m’aura fallu quelques mois pour ouvrir les premières pages de La cour des mirages de Benjamin Dierstein publié en début d’année 2022 aux éditions Les arènes. Autant vous le dire tout de suite, il n’y a aucun bon moment pour plonger dans cette œuvre tentaculaire, dans ce cauchemar intégral. La cour des mirages prend largement la première place cette année de par son histoire, sa plume et la violence qu’il inflige. Accrochez-vous, Dierstein va vous exploser. 

La 4eme de couverture

Juin 2012. Triomphe politique pour la gauche et gueule de bois pour la droite. Les têtes tombent. Les purges anti-sarkozystes au sein du ministère de l’Intérieur commencent. La commandante Laurence Verhaeghen quitte la DCRI et rallie la Brigade criminelle de Paris. Elle est rapidement rejointe par son ancien collègue Gabriel Prigent, hanté par la disparition de sa fille six ans plus tôt.
Pour leur retour au 36, les deux flics écopent d’une scène de crime sauvage : un ancien cadre politique a tué sa femme et son fils avant de se suicider. L’enquête débouche sur la découverte de réseaux puissants, à mi-chemin entre l’organisation pédocriminelle, la prostitution de luxe et l’évasion fiscale. Désabusés par leurs erreurs et leurs doutes, tourmentés par leurs obsessions,
Verhaeghen et Prigent vont partir pour un voyage sans retour vers la barbarie moderne.

La cour des mirages : cauchemar intégral

La cour des mirages, c’est un prologue qui décape, qui annonce la couleur, qui fait dans la violence psychologique, sans pour autant glisser une seule goutte de sang. Trois petites pages et la sensation d’avoir un auteur qui sait jouer avec son lecteur, mais surtout avec sa plume. Qu’on se le dise, Benjamin Dierstein nous prépare pour la suite et ça ne sera pas si facile…
Les 850 pages de ce mastodonte sont intimidantes, mais vous vous rendrez vite compte que le roman se lit tout seul, à condition d’avoir le cœur bien accroché. Autant être honnête avec vous, il m’aura fallu deux belles semaines pour en venir à bout. Non pas que le contenu soit ennuyant, bien au contraire, mais il fallu que j’opère des pauses, tant le romancier nous plonge dans l’horreur la plus pure. Les sensations sont multiples avec ce récit : désespoir, rage, violence. L’envie de vomir fait parfois son entrée. Vous êtes prévenu, La cour des mirages n’est pas fait pour tout le monde. Benjamin Dierstein écrit pour un public averti, pour un public qui n’a pas froid aux yeux et qui n’a pas peur de se frotter à la vérité de notre monde pourri.

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Ce roman, c’est une descente en enfer qui se fait progressivement. On découvre un premier tas d’immondices, on respire, on digère. Puis, l’auteur en rajoute une couche. Impossible d’avoir la moindre chose à laquelle se rattacher, tant Dierstein nous propose des personnages fracassés, détruits physiquement et psychologiquement par ce job qu’ils aiment tant. On s’attache tout de même à eux et on finit même par comprendre pourquoi ils sont dans cet état. L’enquête autour de cette cour des mirages a de quoi rendre fou. Fou de violence, fou de vengeance. Fou à finir à l’asile, fou à tout détruire. Benjamin Dierstein joue, tel un équilibriste, entre la fiction et la réalité, puisqu’il insère des discours politiques lorsque les personnages allument la TV, la radio ou lisent les journaux. La fiction est sans doute présente dans la création des personnages, mais en aucun cas dans les faits qui sont rapportés dans cette histoire. 

La cour des mirages est donc un roman pour public averti. Benjamin Dierstein nous plonge dans une enquête en lien avec l’enfance. Je n’en dirais pas plus. Si le sujet est trop sensible pour vous, passez votre chemin. Sinon, allez-y. Je ne vous garantis pas votre état mental après certains passages du roman. Cette enquête va vous obséder. Vous allez y penser chaque instant, vous allez regarder les gens dans la rue différemment. La peur va vous envahir, la rage aussi.
Mais du coup, il faut être maso ou un très gros malade pour tenir les 850 pages ? Peut-être bien. Cependant, c’est sans compter sur l’écriture de Benjamin Dierstein qui transforme ce polar en une œuvre d’art. La plume est enivrante, vivante. On sent que l’auteur nous décrit un monde qu’il déteste, qu’il vomit sa rage à coup de longues phrases ou au contraire de moments très courts. Entre phrase assassine comme des coups dans la tronche et des moments de flottement où l’on pourrait apercevoir un peu de lumière au fond du tunnel. La plume évolue en même temps que l’enquête, en même temps que l’état mental de ses personnages. L’écriture finira alors par perdre pied, à nous donner l’impression qu’elle est tombée dans une folie pure et tout cela est compréhensible après tout ce qu’on aura vécu dans La cour des mirages


Vous l’aurez compris, Benjamin Dierstein m’a littéralement détruit avec son roman, si bien que tout me paraît fade depuis. C’est un roman que je ne pourrais pas conseiller à tout le monde, tant la thématique est difficile à digérer. L’auteur montre une très triste réalité que certains d’entre nous ne sont pas encore prêts à découvrir. Cependant, si vous trouvez que le roman noir tourne un peu en rond ces derniers temps, que vous voulez repousser vos limites, alors La cour des mirages vous attend. Bon courage pour ce cauchemar qui vous tiendra en haleine et qui va vous accompagner, même une fois refermé. 


Pour vous procurer La cour des mirages de Benjamin Dierstein, vous pouvez cliquer ici. 


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