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L’ogre de Louis de Mauboy : L’art de la violence

Aujourd’hui, je vous parle d’un roman qui a comme une odeur de soufre et qui risque de faire défaillir quelques lecteurs. Aujourd’hui, je vous parle d’un roman d’une telle violence que je l’inscris directement dans mon TOP 5 du genre.

Aujourd’hui, je vous parle de L’ogre de Louis de Mauboy.

La 4eme de couverture

C’est l’été et la cité des toboggans bleus est sur le point de s’enflammer. A l’ombre des bâtiments, Kader et Suleïman jouent au foot à longueur de journée. En revanche, Stéphane, qui a d’autres centres d’intérêt, leur fait découvrir Facebook.

Dévorés par les démons de la puberté, les trois garçons y font la connaissance de Lydia. Ils ne se doutent pas du piège dans lequel ils sont sur le point de tomber.

La jeune fille est-elle vraiment celle qu’elle prétend ?

L’ogre : l’art de la violence

L’auteur, Louis de Mauboy, m’avait prévenu avant de m’aventurer dans l’antre de son ogre, le voyage sera rude. Autant vous dire que cette mise en garde était utile, car L’ogre n’est pas un roman comme les autres. C’est le genre de livre qui laisse des traces, beaucoup de traces. On prend des coups, on souffre psychologiquement et on subit la folie humaine en pleine face. Je ne vais pas y aller par quatre-chemins, mais je n’avais pas lu de récit aussi désespéré et sombre depuis Le vide de Patrick Sénécal ou encore les deux chefs-d’oeuvres de Mattias Köping (Les démoniaques, Le Manufacturier). Je sais qu’en citant ces deux noms, je vais susciter l’intérêt chez certains lecteurs du noir et de violence. Allez-y les yeux fermés. L’ogre ne vous décevra absolument pas.

Je vous mets tout de même en garde. L’ogre n’est pas un roman facile, encore moins lorsque l’on a des enfants (par chance, j’en ai pas). La violence est présente de la première à la dernière page. Elle ne s’arrête jamais. Elle est âpre, lourde, difficile, souvent insoutenable, alors que Louis de Mauboy use d’ellipse pour que notre esprit face le reste. Lire L’ogre, c’est serrer les dents, fermer les yeux et plonger dans la noirceur la plus totale. 
Sévices physiques, psychologiques, viols, contrôle mental sont au programme de ce roman pas comme les autres. La violence n’est pas gratuite, bien au contraire. Celle-ci est au service d’un message fort, d’une mise en garde sur les dangers du net et des réseaux sociaux. Il n’y a rien d’imaginaire dans ce roman. Le romancier nous plonge dans la dure réalité, celle qui fait mal, celle qui existe et qui se passe à chaque instant autour de nous. L’auteur en profite pour tacler le monde d’en haut, régi par les plus riches qui se pensent au-dessus des lois. 

Il y a un petit côté Pascal Laugier (Saint ange, Martyrs, Ghostland, The Secret) dans la façon de mettre en place la brutalité des événements. Il y a comme une certaine beauté dans cet art de mettre en exergue la violence, la noirceur d’un monde et la folie des Hommes. Les deux n’y vont jamais avec le dos de la cuillère. Ils cherchent tous deux à nous choquer, à nous faire ressentir le moindre impact, les coups, les brimades, les sévices. L’ogre est un roman qui se vit, voire qui se subit. Une fois la première page tournée, nous ne sommes plus maître du contrôle et la machine infernale se met en route. 
Impossible de vraiment savoir où l’auteur nous amène et la surprise n’est que plus grande. L’impact est là. L’auteur a réussi son pari. Le roman choc, devient instantanément inoubliable, ne serait-ce que pour la dureté de certaines scènes.

Et l’ogre dans tout ça ? C’est un personnage énigmatique, charismatique, complètement fou, violent. Il va hanter vos rêves avec sa voix, son masque de clown à faire pâlir les coulrophobes et les adorateurs de Pennywise. L’ogre, c’est le genre de type que vous croisez tous les jours au coin d’une rue. C’est le genre de voisin qui vous tient la porte, qui vous prend des nouvelles de votre famille, qui donne aux associations du quartier. Méfiez-vous maintenant.

Mais derrière tout ça, il y a une petite lumière au bout du tunnel. Elle se trouve dans les personnages de Moïse et de Soumyya qui feront tout pour retrouver la trace de ces trois jeunes adolescents qui sont tomber dans la grotte de l’ogre. C’est le récit d’une rédemption, du courage d’affronter ses convictions, ses peurs, mais aussi de se confronter à la réalité et à la vérité qui n’est pas toujours bonne à entendre. Le récit alterne parfaitement bien entre les horreurs subies et le drame qui se joue chez les différentes familles. C’est une lutte de tous les instants que nous offre Louis de Mauboy. Une lutte difficile, une lutte qui semble sans espoir, vouée à l’échec, mais donne envie de se battre jusqu’au bout.
L’auteur frappe fort, l’auteur frappe juste et l’auteur offre un roman d’une grande qualité.


Est-ce que vous devez lire ce livre ? Je ne sais pas. C’est à vous de juger si vous êtes assez fort pour affronter le pire, l’horreur, la noirceur, la folie, l’ogre.
C’est assurément un roman qui vous met un poing américain dans les dents et qui continue par la suite à se ruer sur vous. C’est rude, mais intelligent. C’est inoubliable, mais fou. 

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