
C’est toujours un plaisir de retrouver son auteur favori quand celui-ci nous immerge dans notre genre préféré. C’est le cas ici avec Stephen King et son roman Holly, publié aux Éditions Albin Michel, qui nous offre un récit policier de grande qualité avec une thématique que l’on ne voit que très rarement. Un roman puissant qui nous plonge dans l’horreur humaine avec brio. Méfiez-vous de vos voisins, de tous vos voisins.
La 4eme de couverture
Êtes-vous prêt à franchir la porte du 93 Ridge Road ?
Dans une jolie maison victorienne d’une petite ville du Midwest, Emily et Rodney Harris, anciens professeurs d’université, mènent une vie de retraités actifs. Malgré leur grand âge, les années semblent n’avoir pas avoir de prise sur eux.
À quelques pas de leur demeure, on a retrouvé le vélo de Bonnie Dahl, récemment disparue. Elle n’est pas la première à se volatiliser dans ce périmètre. Chose étrange : à chaque fois, il s’agit de jeunes gens.
Quels secrets inavouables cachent les murs tapissés de livres des époux Harris ?
Sur l’insistance de la mère de Bonnie, Holly Gibney accepte de reprendre du service. Elle est loin d’imaginer ce qui l’attend : une plongée dans la folie humaine, là où l’épouvante n’a pas de limite.
Holly : une enquête classique dans un tourbillon d’horreur
Si certains détracteurs pouvaient dire que Stephen King avait perdu de sa superbe depuis de nombreuses années (ce qui est totalement faux au passage), l’arrivée d’Holly est une preuve supplémentaire pour les faire taire. Le romancier revient plus en forme que jamais avec une nouvelle enquête policière où l’on va suivre le personnage récurrent d’Holly Gibney qui doit mener des investigations dans un quartier où l’on déplore de nombreuses disparitions depuis quelques années, mais sans pour autant les relier entre elles. Si l’auteur américain avait déjà pu nous prouver par le passé qu’il était aussi fait pour le roman policier (Mr. Mercedes, Carnets noirs, Fin de Ronde, L’Outsider et Si ça saigne), celui-ci continue de nous montrer tout son talent dans cette nouvelle histoire. Si le côté enquête peut sembler assez classique dans son genre, Stephen King n’oublie pas qu’il est reconnu dans le monde entier pour ses ambiances lourdes, parfois cauchemardesque et par la tension qu’il arrive à mettre dans ses récits en seulement quelques pages. Le pari est totalement réussi pour Holly, puisque le romancier nous plonge dans l’horreur humaine avec brio et surtout un petit grain de folie. On suit donc Holly dans ses investigations, dans ses doutes et dans ce mystère où l’on ne retrouve que très peu de preuves. Pourtant, la sensation de tenir quelque chose, de sentir le mal dans ce quartier se ressent fortement et notre héroïne va jouer à l’instinct, quitte à plonger dans l’antre du diable.
Bien évidemment, le King fait du King et nous offre de nombreux passages pour nous décrire la vie du quartier, les pensées de ses occupants et de ses personnages, mais c’est pour mieux nous immerger dans son récit. Comme à l’accoutumé, l’écrivain nous donne toutes les clefs avant que la situation ne dérape, si bien que l’on sait par avance de nombreux détails, sans pour autant que cela gène notre lecture et tout l’effroi que cette histoire nous apporte par son côté insolite et horrible. Méfiez-vous de vos voisins, de tous vos voisins. Holly, c’est typiquement le genre de roman que l’on lit avec plaisir, que l’on dévore avec avidité pour connaître le fin mot de l’histoire, pour côtoyer le mal jusqu’au bout, pour tenter de comprendre les agissements parfois surprenants de l’humain. Stephen King nous hypnotise par son histoire, son idée toute simple qui pourra créer de nouvelles peurs chez son lecteur et par sa capacité à nous emporter dans son univers en un claquement de doigts. Il n’y a pas à dire, Holly est une sacrée réussite.
Holly : vieillesse et maladie
Que serait un roman de Stephen King sans toutes ses thématiques sur la vie quotidienne, sur les troubles de l’humain, sur nos doutes et nos peurs ? Holly n’est pas qu’une simple enquête, c’est un moyen également pour l’auteur de nous parler de la vieillesse et de tout ce que cela implique. On y découvre des personnages qui plongent dans la démence, qui vivent avec des rhumatismes de plus en plus persistant, qui se rendent compte que la perte de mémoire n’est pas loin, qui vivent avec des maladies graves, parfois incurables, qui côtoient la mort au quotidien. On pourrait penser que le King nous parle de lui, de ses problèmes de santé, de ses prochaines années, de sa peur de vieillir encore plus, le tout en nous parlant de la puissance de l’écriture, de la beauté d’être écrivain. Vous l’aurez compris, Stephen King vit avec son temps et continue à nous parler de ses obsessions. Tout ce que l’on peut espérer, c’est que le romancier ne s’est pas lancé dans la même entreprise que dans cette histoire…
Autour de cette vieillesse qui nous rattrape et qui ne nous fait pas de cadeau, Holly nous parle du mal qui nous a touchés au cours de l’années 2020 avec l’épidémie de Covid. Stephen King en profite, sous couvert des pensées de son personnage, pour nous parler de la gestion de cette crise par son pays, par la méfiance de certains vis-à-vis des vaccins, des gestes barrières, de la peur du contrôle et de toutes les théories du complot qui ont pu circuler. Le romancier rend des comptes à certains politiques, évoque les problèmes que le pays à connu, des hôpitaux qui n’arrivaient pas à s’en sortir, des populations qui ne pouvaient pas se soigner correctement et encore une fois de la mort que de nombreuses familles ont connu durant cette période. Vous l’aurez compris et vous le comprendrez davantage en lisant Holly, mais nous ne sommes pas sur un roman très lumineux en soit, bien que la lumière surgisse d’une certaine jeunesse.
En bref, Holly est une pure réussite
Je ne vais pas vous en dire davantage, Holly est un très bon roman policier où Stephen King continue de déverser ses obsessions et ses pensées, afin d’enrichir le récit en lui-même. Cette histoire pourra plaire à de nombreux lecteurs, tant le King en fait pour tout le monde. Vous allez être horrifié par l’idée principale de ce roman, vous allez mener l’enquête avec Holly, tant celle-ci nous semble urgente. Vous allez plonger dans la tanière du loup, vous faire avoir par certains tours du romancier et vous allez trembler lors de l’évocation des corps et des esprits vieillissants. Une réussite, je vous dis. Il ne reste plus qu’à vous procurer Holly de Stephen King chez votre libraire et vous enfermez quelques jours pour le savourer. Bonne lecture.
Une belle maîtrise du King, effectivement ;-). Ton enthousiasme fait plaisir à lire
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Merci beaucoup d’être passé me lire 🙂. On va dire que c’est rare de mon côté de ne pas être enthousiaste sur une nouvelle sortie du King… Mais Holly a ce petit grain de folie qui m’a beaucoup plu 🙂
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ce n’est pas le King pour rien, 😉
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Holly Gibney ❤️, héroïne si attachante. J’avoue que j’attendais ta chronique avec impatience. Merci à toi 🙏 😘
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Entièrement d’accord ! Elle fait partie des incontournables maintenant ❤️
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Et c’est surtout Holly ❤️
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j’ai très envie de le lire, car à la fois le synopsis et cette couverture (magnifique notamment en édition anglaise) me tentent. Mais je n’ai pas lu les précédents livres où le personnage principal, Holly, apparaît. Est-ce que c’est problématique ?
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À part louper le développement psychologique d’Holly, il n’y a rien qui empêche de commencer par Holly 😊
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merciii
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Ah celui-là, je l’ai pré-commandé ! Je sens qu’il va être incroyable, ta chronique confirme ! Je sens qu’Yvan ira dans le même sens 😊
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J’espère vraiment que tu passera un bon moment avec Holly 😁
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Elle fait partie de la famille, de la mienne chez Stephen King. C’est comme un pote qu’on aime malgré la distance, et que l’on retrouve avec grand plaisir.
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Ça donne très très envie ♥️
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