Littérature

Les Tommyknockers de Stephen King : attention à l’envahisseur

Le confinement, c’est un peu la période idéale pour sortir les petits pavés de sa PAL et c’est aussi le meilleur moment pour découvrir un roman de Stephen King que l’on ne voit pas assez passer. 

Aujourd’hui, je vous parle de son oeuvre Les Tommyknockers publiée aux Éditions Albin Michel mais aussi aux Éditions Le Livre de Poche. 

Attention à l’envahisseur !

La 4eme de couverture 

Au cours d’une promenade en forêt, Bobbi Anderson trébuche sur un morceau de métal qui dépasse du sol. Intriguée, elle commence à creuser pour ne s’arrêter que de nombreuses heures plus tard, ayant travaillé en état de transe. Dégageant progressivement une structure gigantesque, elle se rend compte qu’il s’agit d’un vaisseau extraterrestre. Une fois exposé à l’air, le vaisseau exerce une influence sur la population de la petite ville de Haven, donnant des idées révolutionnaires aux gens, mais les transformant petit à petit en créatures non humaines dénuées de tout sens éthique.

Le poète James Gardener, un ami de Bobbi, arrive à Haven à ce moment-là et est immunisé aux effets du vaisseau grâce à une plaque en métal qu’il a dans la tête suite à un accident. Il se rend compte assez vite que quelque chose ne va pas chez Bobbi et le reste des habitants de Haven et va faire son possible pour arrêter le cours des événements.

Les Tommyknockers : attention à l’envahisseur

Bon, vous connaissez Stephen King. Vous savez que celui-ci aime prendre son temps pour mettre en place son décor et ses pions. Les Tommyknockers ne déroge pas à la règle, puisque avec ses 900 pages, l’auteur va vraiment y aller tranquillement pour nous dévoiler le coeur de son histoire. Le roman se divise en trois parties distinctes qui pourront vous paraître assez inégales, mais le King est fort. Il vous fera tourner les pages avec une obsession qui entre en corrélation avec ce que les personnages vivent dans cette histoire.
La première partie nous plonge dans la découverte que fera Bobbi, alias Roberta Anderson, dans le bois juste derrière sa maison. Celle-ci se prend les pieds dans une drôle de forme en acier qui sort de terre et c’est le début du cauchemar pour les habitants de Haven. Sans le savoir, Bobbi est attrapé par les tommyknockers et nous aussi… On se doute assez rapidement de ce que pourrait bien être cette drôle de forme qui sort de terre, mais ne vous y trompez pas, le King ne va pas nous parler d’une vieille invasion d’extraterrestres que l’on aurait déjà vu, enfin presque…

« Tard, la nuit dernière et celle d’avant
Toc! Toc! à la porte – les Tommyknockers
Les Tommyknockers, les esprits frappeurs…
Je voudrais sortir, mais je n’ose pas
Parce que j’ai trop peur
du Tommyknocker »

Comme je le disais, le King prend son temps et va nous plonger, comme à son habitude, dans le village de Haven et dans la vie de ses habitants qui commencent à être chamboulés par la découverte de Bobbi. Les tommyknockers passent à l’action et semblent prendre possession de l’esprit et des corps des villageois. Stephen King donne de la voix à chacun d’entre eux et c’est à ce moment que le roman pourra en perdre certains. On ne va pas se mentir, mais l’auteur en fait peut-être un peu trop et nous parle d’habitants qui n’apportent pas forcément grand chose à son histoire. Mais, le King joue avec les mots et chacun d’entre eux sera une porte ouverte pour la réflexion et je peux vous garantir que Les Tommyknockers est assez riche en thématique. Qui dit invasion extraterrestre, dit peur de l’inconnu et de l’ennemi. L’auteur va évoquer cette crainte qui sévit parmi la population américaine depuis le début de la Guerre Froide et de la menace communiste. Il y a cette crainte du conflit et encore plus du nucléaire qui aura une part importante dans ce récit. Si l’impact est un peu moindre aujourd’hui, il faut tout de même avouer que le roman de Stephen King a dû faire de l’effet à l’époque. La force de ce récit vient aussi du fait que le maître de l’horreur donne la parole aux classes ouvrières et moyennes des USA et non à sa force armée.
Les Tommyknockers, c’est aussi un travail sur l’obsession qui ronge la nature humaine. Dès la découverte de cet objet sortant de terre, Stephen King s’applique à nous parler de cette caractéristique humaine qui peut nous amener au pire. Bobbi ne semble plus rien contrôler dès lors qu’elle est en contact avec ce vaisseau et ce sera le cas aussi pour les autres. Entre état de conscience et de laisser aller, les habitants de Haven vont donner libre cours à leurs penchants. Ce roman, c’est également une oeuvre où le King parle de lui, de ses problèmes d’alcool, de drogue, de sa descente en enfer, mais surtout de sa rédemption. L’intérêt pour ce vaisseau devient une obsession pour tous, comme une allégorie de l’addiction qui prive les individus de leur personnalité, les change en monstres.

avis Les Tommyknockers Stephen King

Ce qui m’a vraiment plu dans cette lecture des Tommyknockers, ce sont les différents passages où Stephen King évoque la transformation, la mutation et les évolutions physiques et psychologiques des habitants de Haven. On sent, à travers ces nombreuses scènes, un amour sincère de la part de l’auteur pour le cinéma Bis, la matière organique, pour les effets pratiques et la violence graphique. C’est simple, avec son écriture parfois cinématographique, King réussit à nous faire sentir les odeurs des corps et à ressentir la moindre texture qui change devant nos yeux ébahis. Entre les maux de têtes, la transpiration, les dents qui se déchaussent avec le sang qui va avec, le maître de l’horreur n’est pas avare en détails et je crois que cela faisait bien longtemps que je n’avais pas lu un King aussi cradingue et aussi dérangeant. Stephen King m’a vendu du rêve dans ce roman en réussissant à mélanger l’horreur graphique avec ses petites notes d’humour, qui font que l’on en redemande sans cesse. Vous l’aurez compris, si vous êtes amateur de ce genre de transformation au cinéma, Les Tommyknockers saura allégrement vous satisfaire. On ne peut qu’imaginer ce que deviendrait cette histoire entre les mains d’un Cronenberg ou d’un Carpenter… 


Les Tommyknockers n’est pas un roman coup de coeur pour moi, mais reste une très bonne lecture aux thématiques intéressantes et aux effets horrifiques maîtrisés d’une main de maître par Stephen King. Ce roman n’est pas parfait, notamment avec son rythme inégal, mais je suis sûr que certains pourront y trouver leur compte.

Si vous voulez en savoir plus sur Stephen King et son actualité, je vous invite à consulter le site de Stephen King France, ainsi que le Club Stephen King

10 réponses »

  1. Chouette article ! Je ne les ai pas encore lus les tommyknockers. Mais de ce que tu en décris, j’aime beaucoup le fait de partir d’un tout petit détail fantastique (un bout de métal qui dépasse) à un délire énorme (oh une soucoupe volante !).
    Pour la métaphore filée à propos de l’addiction, Stephen King a confirmé ce point dans sa biographie. 🙂 C’était juste avant sa cure de désintox.

    Aimé par 1 personne

    • Merci beaucoup 🙂 Tu ne prends aucun risque à te lancer dans cette lecture en plus, c’est du King tout craché !
      C’est bien ce qu’il me semblait, merci pour l’éclaircissement sur ce sujet 😉

      J’aime

  2. Oh, je ne m’étais jamais penchée sur le résumé de ce livre, et il me paraît être très intéressant… Enfin, c’est surtout ta critique qui me donne envie de le lire, bien que je ne suis pas certaine de le faire, vu le pavé que c’est ! Ceci dit, ton avis était très pertinent, c’est un joli billet !

    Aimé par 1 personne

    • Merci beaucoup 🙂. Beau petit pavé, mais ça se lit particulièrement bien (il m’aura fallu une petite semaine pour arriver au dernier mot), mais je pense que c’est possible de le diviser, en tout cas le roman était en 3 volumes de 300 pages chacun 😉

      Aimé par 1 personne

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