Littérature

L’Archipel des oubliés de Nicolas Beuglet : un rendez-vous raté

Qu’on se le dise, Nicolas Beuglet fait bel et bien parti du paysage noir français. Il suffit de voir la quantité astronomique de son dernier roman dans certaines librairies et le battage médiatique autour de cette “nouvelle coqueluche” du thriller francophone pour s’en rendre compte. Le romancier revient ainsi avec la conclusion de ces deux séries de romans avec L’Archipel des oubliés publié chez XO Éditions et autant vous dire que c’est un rendez-vous raté de mon côté…

La 4eme de couverture

Cette histoire vous fera douter de tout…
Les inspectrices Grace Campbell et Sarah Geringën le savent. Malgré leurs caractères opposés, elles doivent unir leurs forces pour neutraliser l' » homme sans visage « , l’architecte du plan diabolique qui mènera l’humanité à sa perte.
Seule piste : un manoir égaré dans les brumes d’Écosse. Derrière les volets clos de la demeure, l’ombre d’une jeune veuve austère, en apparence innocente. Mais cette femme est-elle vraiment ce qu’elle prétend être ? Ce que les deux inspectrices découvrent dépasse leurs pires hypothèses.
Dans une course qui les entraîne du loch Ness à la Norvège, Grace et Sarah vont devoir repousser les frontières de la peur pour rejoindre l’énigmatique archipel des Oubliés – l’ultime rempart au chaos du monde.
Un thriller glaçant. Et perturbant. Car ce qui se joue sur ces terres mystérieuses pourrait bien ressembler au choix de civilisation qui se dresse devant nous…. même de vous…

L’Archipel des oubliés : un rendez-vous raté

Nicolas Beuglet fait le choix de reprendre exactement à l’endroit où il nous avait laissé dans le tome précédent, si bien qu’il faudra bien prendre son souffle pour supporter les 250 premières pages. Le romancier mène son histoire à un rythme effréné, les actions s’enchaînent sans que l’on ne s’en rende compte, les pages se tournent à une vitesse folle et L’Archipel des oubliés finit par nous engloutir dans une atmosphère assez particulière, jouant à la fois sur l’action de son roman et sur l’ambiance que le récit dégage, si bien que l’on finit par comprendre qu’une catastrophe va finir par arriver. Nicolas Beuglet joue ainsi avec nos nerfs pendant un long moment et prend même le loisir de créer une sorte de pause dans un manoir lugubre où l’épouvante fera son apparition.

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S’il y a bien une bonne idée à retenir de ce nouveau roman, c’est celle de faire se rencontrer les deux héroïnes de ces séries : Grace Campbell l’Écossaise et Sarah Geringën la Norvégienne. Le romancier réussit à la perfection à rendre la confrontation entre les deux enquêtrices naturelle et surtout utile à la suite des événements. Autant vous dire que c’est un réel plaisir de voir les deux personnages apprendre à se connaître, à s’épauler dans les bons comme dans les mauvais moments et à partager leur force et leur faiblesse pour réussir à contrecarrer les plans de ce mystérieux Passager sans visage.
Vous l’aurez compris, si Nicolas Beuglet rassemble ses deux héroïnes dans L’Archipel des oubliés, c’est parce que les deux séries sont liées par la même quête. Il faudra donc avoir lu les sorties du romancier dans l’ordre de parution pour y voir plus clair (Le cri, Complot, L’île du diable / Le dernier message et Le passager sans visage).

Malheureusement, tout s’écroule comme un château de cartes dans son dernier tiers… L’action, parfois trop intense, laisse place alors à une longue exposition du pourquoi du comment, qui casse complètement le rythme. L’Archipel des oubliés se transforme alors en une drôle de synthèse autour des nouvelles technologies, de l’utilisation que l’on en fait depuis quelques années et à quel point celle-ci détruit le peu de raisonnement qu’il nous restait. Qu’on se le dise, le thriller peut, quand c’est bien utilisé, instruire, voire mettre en garde face à un sujet. Le problème ici, c’est que l’on part assez rapidement vers des pensées qui se rapprochent du conspirationnisme, voire du complotisme et que celles-ci semblent fortement reflétées celle de l’auteur. D’ailleurs, les œuvres citées en exemple à la toute fin accentuent ce sentiment de malaise…
Outre le fait que cet exposé casse la dynamique du roman à la manière des grands méchants d’un James Bond énonçant leur plan, on est en droit de se demander si tout ceci avait bien sa place dans un tel roman. Est-ce que Nicolas Beuglet n’aurait pas mieux fait de s’effacer quelque peu derrière les propos et de les proposer dans une autre œuvre tout simplement ? 


Vous l’aurez compris, Nicolas Beuglet casse quelque peu la forme de son thriller pour faire passer ses propres idées au détriment d’un certain divertissement. Autant dire que ça ne prend pas de mon côté, alors que la première partie était tout bonnement de qualité. Que dire de plus ? Peut-être de vous faire votre propre avis ou bien de passer outre certaines idées, afin de profiter au mieux de ce grand spectacle.
Attention, je ne dis pas que le romancier à tort sur toute la ligne. Il y a certaines choses que je partage également, mais il est vraiment dommage d’avoir abandonné la narration au profit des idéaux…


11 réponses »

    • Incompréhensible aussi de mon côté… Après avoir lu ta chronique, je repense forcément à Impact et à sa facilité de rester dans le divertissement tout en abordant des sujets importants pour l’auteur. Ici le mélange ne se fait pas et ça donne l’impression d’avoir deux livres différents…

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