Horreur

L’illusion de Maxime Chattam : un retour gagnant ?

La sortie d’un nouveau Maxime Chattam dans le paysage littéraire français est toujours un événement. Nombreux sont les lecteurs à attendre le mois d’octobre avec grande impatience pour découvrir le nouveau cru d’un des maîtres du thriller.

Je ne pensais pas faire partie de celles et ceux qui allaient le lire aussi rapidement, car il faut dire que je me place dans une frange de lecteurs assez peu représentée, celle des frustrés, celle de ceux qui ne retrouvent plus le charme d’antan. Il faut dire que les précédentes sorties m’ont fait l’effet d’une douche froide. Si Un(e)secte avait réussi à me charmer davantage, Le Signal, quant à lui, me reste encore en travers de la gorge.

Autant le dire de suite, l’annonce de ce nouveau roman m’a beaucoup fait peur. Entre la 4eme de couverture et la couverture elle-même qui rappellent fortement Shining de Stephen King, la crainte de retomber sur un roman sans saveur était présente…

L’illusion de Maxime Chattam, qui vient d’arriver aux Éditions Albin Michel, marque t-il un retour gagnant ? Laissez-moi vous en parler en détail.

La 4eme de couverture

Bienvenue à Val Quarios, petite station de ski familiale qui ferme ses portes l’été.

Ne reste alors qu’une douzaine de saisonniers au milieu de bâtiments déserts. Hugo vient à peine d’arriver, mais, déjà, quelque chose l’inquiète. Ce sentiment d’être épié, ces « visions » qui le hantent, cette disparition soudaine…

Quels secrets terrifiants se cachent derrière ces murs ? Hugo va devoir affronter ses peurs et ses cauchemars jusqu’à douter de sa raison…

Bienvenue à Val Quarios, une « jolie petite station familiale » où la mort rôde avec la gourmandise d’une tempête d’été.

L’illusion : L’atmosphère avant tout

L’illusion, c’est un roman qui va diviser (en vérité, il divise déjà les lecteurs), non pas parce que celui-ci est mauvais, mais simplement car l’oeuvre de Maxime Chattam ne va pas répondre à toutes les attentes. Vous pouvez tout de suite oublier l’idée de découvrir un thriller explosif, car l’auteur nous plonge dans un roman atmosphérique sublime.
Nous sommes pris dès les premiers instants dans une ambiance particulière et on sent d’emblée que ce roman nous immergera dans quelque chose d’irrespirable. L’auteur nous happe et nous embarque avec lui dans la station de Val Quarios qui se vide complètement durant la saison estivale, afin de nous faire vivre une aventure horrifique de qualité. Autant vous dire qu’il se passe quelque chose de particulier avec cette lecture, puisque l’action ne sera pas forcément là, mais nous sommes pris dans la tourmente. Les pages se tournent avec frénésie, on arrive plus à sortir de cette ambiance soignée, sombre, pesante et envoûtante. Si le début peut prêter à sourire, puisqu’il nous faudra un temps d’acclimatation pour se faire au grand air, la suite ne devient que plus troublante… Maxime Chattam joue avec nos peurs enfantines, avec notre imagination qui carbure lorsque nous nous retrouvons seul dans un espace clos ou dans le noir. L’auteur joue avec des illusions, avec son décor qui prend vie sous nos yeux et devient ainsi le prestidigitateur du roman.

L’ambiance sera sublimée par la montagne qui joue un rôle prépondérant dans L’illusion, puisque c’est elle qui va nous faire sentir tout petit et surtout bien seul, perdu au milieu de nul part. Les éléments naturels semblent plus vrais que nature et n’auront pas fini de vous inquiéter. Je ne vous parle même pas de cette station de ski qui s’avère être un véritable labyrinthe. Maxime Chattam s’amuse à nous perdre dans les dédales de couloirs aux multiples portes. Nous ne savons jamais vraiment où nous nous situons, si bien que l’angoisse monte petit à petit.
Voilà le point fort de L’illusion. L’auteur réussit à créer un roman à l’atmosphère noueuse, travaillée et angoissante, si bien que l’ambiance fonctionne en tout point. Chattam joue une symphonie devant nos yeux, tel que Kubrick avait pu nous offrir avec sa vision de Shining. Celui-ci nous endort avec un rythme angoissant et nous réveille par des coups d’éclat, des moments de peurs viscérales où nos pensées s’emballent complètement. Il est indéniable que ce rythme réveille quelques angoisses qui dormaient au fond de vous depuis quelques temps. 

L’illusion : un retour gagnant ? 

L’illusion marque le retour de Maxime Chattam à quelque chose qui semble bien plus personnel. Si la peur d’avoir une resucée de Shining était là, l’auteur la balaye assez rapidement tout en s’en amusant. Les références sont présentes mais expédiées assez rapidement afin que le roman prenne vie devant nos yeux.
La réussite d’un roman ne passe pas que par son ambiance, mais aussi par ses personnages. Difficile de s’imprégner de quelque chose si l’auteur nous place à distance et ce ne sera pas du tout le cas ici. Le romancier nous entraîne dans le sillage d’Hugo, un jeune auteur sans réel talent, qui vient de se faire larguer et qui cherche un sens à sa vie. Anti-héros par excellence, Hugo n’en reste pas moins un personnage profondément humain, proche de ce que l’on pourrait être dans une situation personnelle comme la sienne. Le moral en berne et une estime de soi au plus bas, voilà le cocktail explosif idéal pour jouer avec nos nerfs. Romancier dans l’âme, l’imagination d’Hugo carbure autant que la nôtre dans cette station labyrinthique et autant vous dire que les moments de peur seront bien présents…

Pourquoi est-ce que nous nous attachons à ce personnage ? Et bien tout simplement parce que celui-ci est dévoré par une curiosité envers cette station de Val Quarios et surtout envers un personnage très mystérieux, Lucien Strafa. Ancien prestidigitateur de renom qui a renoncé à toute vie publique depuis des années. Qui est-il vraiment ? Que fait-il dans cette station ? Pourquoi il y a des disparitions, des suicides ? La curiosité est un vilain défaut qui va nous faire vriller dans une paranoïa contagieuse…

Mais alors, retour gagnant ? Presque, parce que L’illusion n’est pas exempt de défaut, notamment au niveau de l’écriture des personnages et des lignes de dialogues. Certains protagonistes sont assez survolés au niveau psychologique, tandis que d’autres sont complètement oubliés au fil des pages. Parfois caricaturaux, certains passages frisent la facilité et cassent ainsi le travail atmosphérique de l’ensemble… Bon, on a vu pire que cela niveau critique et c’est tout ce que je pourrais reprocher à ce nouveau roman de Maxime Chattam.
Laissez vous guider dans cette station. Le rythme de la symphonie va vous envoûter et va complètement exploser dans une fin abrupte, violente, sans concession et surtout inoubliable.


Je crois que ça faisait un moment que je n’avais pas écrit quelque chose d’aussi élogieux pour un roman de Maxime Chattam. Il faut dire que celui-ci frappe fort avec une œuvre qui me correspond plus, qui joue sur les illusions pour nous duper, pour nous faire plonger dans une atmosphère étouffante. L’illusion est un roman de grande qualité qui saura trouver son public, comme les précédents d’ailleurs.

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16 réponses »

  1. Je lis une parenté avec shining, mais évoques-tu kubrick ou le roman de king fort différent du film?..
    longtemps que je n’ai pas lu de chattam et j’ai dans ma pal « signal » aarrghh

    Aimé par 1 personne

    • J’évoque les deux, bien que différent. J’évoque le Shining de Kubrick dans la façon qu’à Chattam de mettre en place son rythme et j’évoque le Shining du King de par son ambiance oppressante.
      Bon courage avec Le Signal qui est trop proche de la copie sans vie d’un King 😬

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