Est-ce que le lecteur de thriller est un voyeur ? La question peut se poser lorsque l’on referme le genre de roman qu’est Sentinelle de David Coulon publié aux Éditions Magnus. Peut-on éprouver un plaisir à lire les pires horreurs humaines ? Plongeon dans un roman singulier et fou. 

La 4eme de couverture

« Mon nom ne te dira rien.

Ni mon nom ni mon âge.

Ni aucune description physique.

Je pourrais être n’importe qui. Ton voisin, ton mari, ta femme. Ton amant. Toi. Je pourrais être toi.

Je suis fondu dans la masse, anonyme.

Je suis comme tout le monde, donc je ne suis personne.

Donc, tu me connais.

Je suis comme tout le monde.

Je tue des enfants.

Mais au fond de toi, tu le sais.

Ne t’offusque pas.

Ne sois pas choqué.

Ne sois pas ridicule.

Arrête d’être choqué par tout et n’importe quoi.

Tu sais que tu reprendras ta vie après.

Quelle que soit l’intensité du choc.

Alors, arrête de jouer un rôle.

Ne fais pas celui qui ne sait pas.

Au fond de toi, tu sais.

Tu ne lis pas ceci par hasard.

Je suis heureux de te rencontrer.

Je pourrais être toi, et tu le sais.

Viens prendre ta leçon.

Viens avec moi.

Bienvenue à toi. »

Sentinelle : singulier et fou

Voilà presque un mois que j’ai refermé ce nouveau roman de David Coulon et je ne sais toujours pas encore quoi en penser réellement. Lecture singulière par bien des aspects, Sentinelle est le genre d’oeuvre littéraire qu’on ne verra nulle part ailleurs, le genre à te coller au cerveau, à revenir de temps en temps titiller tes bas instincts et à te foutre les poils, tant le récit de l’auteur est plus que déstabilisant. Parce qu’on ne va pas y aller par quatre chemins, le romancier nous offre une plongée dans le cerveau malade d’un homme, mais également d’une société entière. Aussi violent que particulier, ce Sentinelle n’est pas fait pour les âmes fragiles.  

Dans ce texte, fort heureusement assez court, on retrouve la plume particulière du romancier. L’impression de suivre le fil de pensée d’un homme malade se fait sentir, si bien que le malaise s’installe automatiquement. On ne peut s’empêcher de croire que ce qui se déroule sous nos yeux n’est que le fruit d’une imagination terrible, tant les faits sont horribles. Tout comme pour Biotope, David Coulon nous hypnotise par sa syntaxe particulière, par son jeu sur le rythme, sur les répétitions. Celui-ci nous pousse dans nos retranchements, aussi bien par le fond que par la forme. Nous ne faisons plus qu’un avec cette personne, on ne peut que regarder de face ce qui se déroule sous nos yeux. L’horreur à son paroxysme. OUI, Sentinelle pourra en choquer plus d’un, mais c’est une bénédiction dans ce paysage qui n’ose plus vraiment aller si loin. 

La fièvre s’empare de nous, les scènes s’enchaînent sans réelles liens entre elles. L’impression d’être perdu dans un cauchemar se fait ressentir. On ne peut s’empêcher d’imaginer les scènes de ce roman de façon déformée, comme si on regardait tout dans l’œil d’un judas, accentuant alors cet effet dérangeant. Notre réalité se déforme, se fond dans la psyché déconnante de ce personnage que l’on n’arrive pas à saisir.
Mais le tour de force de David Coulon ne réside pas forcément que dans l’horreur des actes, mais bien sur ce qui se déroule autour. Sentinelle nous pousse dans notre réflexion et nous ouvre les yeux sur un monde où les individus ne s’intéressent plus vraiment aux autres, où nous préférons détourner le regard pour ne pas voir la misère sociale, la folie ou encore la médiocrité. 

En bref, Sentinelle est un roman fiévreux, qui bouscule, qui colle et qui fait bien mal. 

Vous l’aurez compris, David Coulon revient avec un récit pas banal du tout. Le genre de roman que vous ne verrez nulle part ailleurs et que vous ne verrez qu’une fois dans votre existence. Récit malade d’un homme comme les autres basculant dans la folie la plus horrible. Sentinelle bouscule son lecteur, le broie, le mastique, le digère et le vomi. Ne vous y trompez pas, le roman va vous hanter durant de longues semaines. 

Pour vous procurer Sentinelle de David Coulon, vous pouvez cliquer sur ce lien. 

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