Littérature

J’aurais aimé te tuer de Pétronille Rostagnat : une réussite narrative

S’il y a bien une chose qui peut être difficile à suivre dans le monde littéraire, c’est bien son rythme de sorties soutenues et qui ne permet donc pas d’être à jour constamment. Certains romans nous font de l’œil, certains attendent sagement leur tour dans notre pal, tandis que d’autres sombre dans l’oubli le plus total. S’il y a bien un titre que vous devez faire remonter au plus vite dans votre liste, c’est bien le dernier roman de Pétronille Rostagnat, J’aurais voulu te tuer publié aux Éditions Marabout dans sa collection Black Lab. 

La 4eme de couverture

Une jeune femme, Laura Turrel, se présente un matin au commissariat de Versailles pour s’accuser du meurtre de Bruno Delaunay, un homme qui aurait tenté de la violer. Le commandant Damien Deguire et son second, Jonathan Pigeon, recueillent ses aveux. Légitime défense ? Crime prémédité ? Le doute s’installe rapidement dans l’esprit des enquêteurs. Sur place, l’homme a disparu, mais la scène de crime ne correspond pas en tout point aux confidences de la jeune femme. Deguire et Pigeon comprennent que l’affaire est beaucoup plus complexe qu’elle n’en avait l’air au départ. Quelles blessures se cachent derrière la froideur et la détermination de cette jeune femme ? Cherche-t-elle à manipuler l’enquête et pourquoi ?

J’aurais aimé te tuer : une réussite narrative

Découverte en mai 2021 avec son roman, Je pensais t’épargner, Pétronille Rostagnat fait un retour fracassant dans ma vie de lecteur avec un nouveau thriller psychologique d’une grande intelligence et à la narration parfaitement maîtrisée. J’aurais voulu te tuer impose à mes yeux l’autrice dans le paysage francophone noir et autant vous dire que je vais suivre ses parutions avec attention.
Le roman s’ouvre d’une manière différente et brise ainsi le côté classique de certains thrillers. En effet, nous allons suivre le parcours d’une jeune femme, ainsi que de ses pensées jusqu’au poste de police, suite à un événement bien particulier. Victime ? Non, celle-ci se présente aux forces de l’ordre comme l’autrice d’un meurtre, avant de se murer dans un silence de plomb. Dès lors, c’est une véritable partie d’échecs, couplée à un puzzle, qui se joue devant nos yeux…

Inutile d’essayer de trouver la solution à cette histoire, Pétronille Rostagnat nous invite à profiter de son récit, à nous immerger dans ce casse-tête et à suivre cet enquêteur obstiné qui n’y voit pas plus clair que nous dans le jeu de cette jeune-femme. J’aurais voulu te tuer se transforme ainsi petit à petit en un véritable page-turner que nous ne pouvons lâcher et qui s’avère être une belle porte d’entrée dans le monde du roman noir pour celles et ceux qui ne sont pas habitués.
La romancière fait preuve d’une maîtrise incroyable de son rythme, de ses changements de ton, de ses révélations. Rien n’est à jeter et tout prend sens une fois que la révélation finale s’offre à nous. Les pistes se croisent, s’entrecroisent et finissent parfois par mourir dans l’œuf, tant Pétronille Rostagnat s’amuse avec son lecteur comme un chat avec une petite souris, tout comme son personnage principal avec cet enquêteur. 

Publicités

Une thématique forte au service de ce casse-tête

L’autre force de J’aurais aimé te tuer  réside dans la thématique principale qu’explore son autrice, ainsi que dans toutes les autres directions que celles-ci prendra par la suite. Outre son aspect page-turner, le roman s’articule autour du mystère, mais surtout autour de la vengeance d’une femme contre une autre personne. Autant vous dire que Pétronille Rostagnat fait dans la dentelle lorsqu’il s’agit de nous plonger dans les pensées de son personnage principal. Tout est là sous nos yeux et c’est à nous, lecteur, de comprendre où cette jeune femme souhaite amener la police et pourquoi celle-ci s’accuse d’un meurtre où le cadavre est inexistant. 

La romancière joue avec nos nerfs, mais c’est pour mieux explorer cette thématique profondément actuelle et qui mérite, encore, que l’on s’y attarde, tant on découvre chaque jour toujours plus d’horreur. L’idée est forte, admirablement exploitée et maîtrisée, si bien qu’on en vient à serrer les poings à chaque avancée.
Impossible pour moi d’aller plus loin dans cette analyse, sous peine de trop vous en dévoiler et ce serait vraiment dommage pour vous. Dans tous les cas, J’aurais aimé te tuer s’articule comme un véritable cri du coeur de la part de la romancière, afin que l’on ouvre les yeux sur la détresse de cette jeune femme. 

En bref, J’aurais aimé te tuer est une très belle surprise

Vous l’aurez compris, Pétronille Rostagnat a réussi à me plonger corps et âme dans un roman à la narration maîtrisée, ainsi que dans un casse-tête qui a rendu l’expérience plus qu’enrichissante. J’aurais aimé te tuer joue dans cours des grands en alliant le côté page-turner avec l’intelligence du propos et des idées de la romancière. En somme, nous sommes bel et bien face à un beau roman noir qui mérite amplement le prix cognac du meilleur roman francophone 2022.

Cliquez ici pour vous procurer le roman.

Si l’article t’a plu, n’hésite pas à l’épingler sur ton Pinterest !

4 réponses »

  1. Une romancière qui porte le même prénom que l’un des personnages principaux de mon premier roman. De plus, vous en dites du bien. Pour ces deux raisons, je vais garder ces références en tête. Bonne semaine à vous!

    Aimé par 1 personne

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s