
Sortie en octobre de l’année 2021 aux Éditions Futuropolis, Le droit du sol : journal d’un vertige d’Étienne Davodeau nous convie à une longue marche allant du Lot à la Meuse pour nous alerter sur ce que l’on va laisser aux générations futures. Une magnifique bande dessinée reportage qui ne laissera personne indifférent.
La 4eme de couverture
En juin 2019, Étienne Davodeau entreprend, à pied et sac au dos, un périple de 800km, entre la grotte de Pech Merle et Bure. Des peintures rupestres, trésors de l’humanité encore protégés aux déchets nucléaires enfouis dans le sous-sol, malheur annoncé pour les espèces vivantes. Étienne Davodeau, sapiens parmi les sapiens, interroge notre rapport au sol. Marcheur-observateur, il lance l’alerte d’un vertige collectif imminent et invite à un voyage dans le temps et dans l’espace.De quelle planète les générations futures…
Journal de bord d’un randonneur pas comme les autres
Aucun doute à avoir, Étienne Davodeau aime marcher et c’est dans une longue randonnée de plus huit cent kilomètres que l’auteur nous convie. En partant de la région du Lot, près de la grotte de Pech Merle où se trouvent de magnifiques fresques pariétales remontant aux premiers hommes, pour arriver dans le village de Bure, dans la Meuse. Qu’est-ce qui relie ces deux endroits ? Tout simplement ce que deux générations différentes ont et vont laisser à nos enfants et aux autres.
Le droit du sol : journal d’un vertige se présente comme le carnet de voyage d’une randonnée qui aura durée quatre semaines durant l’été 2019. On pourrait s’arrêter à cette première trame narrative avec ce randonneur qui nous dévoile avec beaucoup d’humour et d’autodérision le quotidien sur la route, les déboires et les beaux moments de cette communion avec soi-même et la nature. Étienne Davodeau montre avec cette bande dessinée qu’il y a encore de belles choses à voir en France, que ce soit en terme de paysage ou bien des rencontres que celui-ci va faire aux détours de chemins ou de quelques étapes. L’auteur nous parle des conversations qu’il aura eu avec certains villageois qui l’accueilleront bien volontiers pour une nuit ou tout simplement pour lui fournir un peu d’eau alors que le soleil l’attaque depuis de longues heures. Cette BD, c’est une ode à la marche, à la réflexion et à la solitude qui permet de faire une pause le temps de quelques heures. C’est aussi une histoire qui vous donnera envie d’enfiler vos chaussures de randonnée pour vous lancer à l’assaut d’un GR proche de chez vous (vivement qu’on attaque le GR 30 !).
Aux premiers abords, Le droit du sol : journal d’un vertige évoque à la fois les difficultés d’un tel périple, qu’ils soient physiques ou psychologiques, mais aussi tous les bons moments d’un tel acte. Étienne Davodeau nous invite à camper en pleine nature, à se satisfaire des petites choses, comme manger des abricots les pieds dans l’eau, ou encore à contempler la voûte céleste au sommet d’un volcan endormi. Qu’on se le dise, l’auteur nous montre à quel point notre pays est magnifique et que celui-ci regorge de paysages si différents à seulement quelques heures de chez nous. On ressent d’ailleurs ces variations de lieu et de temps grâce aux dessins, parfois simples, de Davodeau. Celui-ci donne alors vraiment l’impression de ressentir les éléments, les odeurs et parfois la chaleur cuisante de cette longue marche.
La solitude pourra nous attaquer à certains moments et nous sembler abyssale, mais le randonneur se fera rejoindre quelques jours par un ami ou par sa compagne, histoire que la communion avec la nature se fasse à plusieurs.
Des peintures rupestres aux déchets nucléaires
Marcher, c’est bien. Seulement, Étienne Davodeau ne se lance pas ce défi juste pour se couper quelques jours du monde qui nous entoure ou pour dénoncer un quotidien au rythme toujours plus rapide (comme pouvait le faire Sylvain Tesson avec Dans les forêts de Sibérie). Le randonneur et auteur part pour réfléchir, pour porter un témoignage aux générations futures, pour nous questionner sur notre rapport à la planète Terre, au sol que nous foulons chaque jour et tout ce que celui-ci nous apporte au quotidien depuis des millénaires. La simple randonnée se transforme alors en une oeuvre militante sur l’écologie et sur l’évolution technique et morale de notre espèce. En effet, les hommes des cavernes nous ont laissé de magnifiques peintures rupestres, alors que notre génération va enfouir des déchets nucléaires dans notre sol. Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour qu’on en arrive là ? Pour qu’une génération bien plus évoluée se permettent un tel massacre de notre planète Terre ?
Le droit du sol : journal d’un vertige porte alors admirablement son nom, tant cette sensation va nous tenir tout au long de cette lecture. Étienne Davodeau invite alors de nombreux spécialistes à parler de l’évolution de notre espèce, aussi bien en termes technique ou technologique, pour tenter de comprendre pourquoi nous en sommes arrivés jusque-là. La beauté de cette marche devient alors de plus en plus amer à mesure que l’on s’approche des terres de Bure. On prend la pleine puissance de cette détresse et de ce besoin de se battre pour notre planète, alors que certains défenseurs sont aujourd’hui considérés comme des terroristes dans notre propre pays.
Étienne Davodeau donne la parole aux plus petits, à ceux qui savent, à ceux qui se battent pour transmettre un message, faisant alors de cette bande dessinée un véritable reportage de journaliste. Le vertige est là, mais on se rend compte qu’il y a encore de l’espoir qui persiste sur nos terres.

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