En ce moment vous êtes à la recherche du grand bol d’air, d’un voyage extraordinaire et d’une quête intérieure intense ? Ne cherchez plus et découvrez l’adaptation en bande dessinée de « Dans les forêts de Sibérie » de Virgile Dureuil d’après l’ouvrage de Sylvain Tesson.
C’est disponible aux Éditions Casterman et je peux vous assurer que vous allez passer un moment riche en émotions.
Un pas de côté.
Je m’étais promis avant mes quarante ans de vivre en ermite au fond des bois.
Je me suis installé pendant six mois dans une cabane sibérienne sur les rives du lac Baïkal, à la pointe du cap des Cèdres du Nord. Un village à cent vingt kilomètres, pas de voisins, pas de route d’accès, parfois une visite. L’hiver des températures de -30°C, l’été des ours sur les berges. Bref, le paradis.
J’y ai emporté des livres, des cigares et de la vodka. Le reste – l’espace, le silence et la solitude – était déjà là. Dans ce désert, je me suis inventé une vie sobre et belle, j’ai vécu une existence resserrée autour de gestes simples. J’ai regardé les jours passer, face au lac et à la forêt. J’ai coupé du bois, pêché mon dîner, beaucoup lu, marché dans les montagnes et bu de la vodka, à la fenêtre. La cabane était un poste d’observation idéal pour capter les tressaillements de la nature.
J’ai connu l’hiver et le printemps, le bonheur, le désespoir et, finalement la paix.
Au fond de la taïga, je me suis métamorphosé.
L’immobilité m’a apporté ce que le voyage ne me procurait plus. Le génie du lieu m’a aidé à apprivoiser le temps. Mon ermitage est devenu le laboratoire de ces transformations.
Tous les jours j’ai consigné mes pensées dans un cahier.
Ce journal d’ermitage, vous le tenez dans les mains.
Telle la neige vierge de toute trace, je dois vous avouer que je ne connaissais pas le récit de Sylvain Tesson et je dois même dire que je n’ai jamais lu un de ses ouvrages. Je me suis donc lancé en terre inconnue et c’est peut-être la meilleure chose que j’ai pu faire ces derniers mois.
Le romancier et aventurier est parti vivre six mois dans la nature, loin de notre société de consommation, de notre hyper-connexion aux objets connectés, à internet, des centres commerciaux, de l’individu qui grouille. Tandis que moi, je me suis déconnecté du quotidien pendant quelques dizaines de minutes avec cette sublime bande dessinée.
Dans les forêts de Sibérie est avant tout une œuvre mettant la nature en avant. On s’immerge aussitôt dans cette immensité blanche, dans ce froid qui semble nous atteindre et nous glacer le sang, on plonge dans un état second qui nous coupe de toutes distractions. Le seul bruit qui nous accompagne, c’est celui des pages qui se tournent. Notre rythme se calle sur le calme ambiant de cette région isolée du monde et on finit par profiter de ce temps qui semble s’étirer au fil des minutes. Sylvain Tesson et Virgile Dureuil nous poussent dans nos retranchements, dans nos réflexions et l’on en vient à se demander depuis combien de temps nous n’avons pas levé les yeux au ciel pour l’observer. Depuis combien de temps ne nous sommes-nous pas déconnectés d’internet pour nous reconnecter avec nous-mêmes, avec la nature ?
« Quinze sortes de Ketchup. A cause de choses pareilles, j’ai eu envie de quitter ce monde. »
Il est évident qu’il ne faut pas vous attendre à beaucoup de rebondissements et d’actions dans cette bande dessinée. Les journées finissent par se ressembler, on suit Sylvain Tesson dans ses tâches quotidiennes (la coupe du bois, la pêche dans la glace, les quelques randonnées). Tout ceci nous plonge dans un état de contemplation et permet d’accueillir comme il se doit le peu de visite humaine. On se réchauffe au contact de nos congénères, mais aussi et surtout de la vodka.
Virgile Dureuil permet pleinement de profiter des paysages, puisque celui-ci nous offre une bande dessinée très lumineuse, contemplative, mettant en avant la blancheur de la nature et ses dangers. Le scénariste et dessinateur donne vie au quotidien du romancier aventurier et nous fait sentir toutes les odeurs, nous fait ressentir le moindre bruissement. L’écriture quant à elle est aussi pure que la neige de la taïga et retranscrit sans doute à la perfection la façon d’être du romancier.

Ce retour au grand air, à la nature et ses dangers nous donnent matière à réflexion sur notre modèle de société actuel. Sylvain Tesson nous dresse un portrait âpre, mais bel et bien réel de ce que l’on fait endurer à notre planète (surconsommation, dérives en tout genre). Cependant, ce n’est pas tout. L’aventurier nous pousse à reprendre goût à la vie, la vraie, à retrouver de la force dans l’adversité, à prendre les bons choix, que ce soit pour nous ou pour la planète, à donner un sens à notre vie. Dans les forêts de Sibérie est une œuvre qui se vit, qui se ressent. C’est une oeuvre qui nous suivra toute notre vie.
« Je veux m’enraciner, devenir de la terre après avoir été du vent. »
Pour vous procurer cette bande dessinée, c’est par ici.
Catégories :BD/Comics, Littérature
Tesson « into the wild » sibérien en BD, ça me tente bien. Et la dernière phrase que tu cites est très forte.
Ce bouquin sur Carpenter sur ton étagère aussi à l’air sympa ! 😉
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L’histoire se termine mieux, heureusement d’ailleurs.
Pour le Carpenter, c’est un livre ultra-complet que je te recommande chaudement 🙂
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Je mets mon masque et je pars à sa recherche 😉
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C’est une BD qui devrait me plaire, en prenant le soin de choisir le bon moment pour la lire.
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Une journée d’automne ou d’hiver, c’est le meilleur choix 🙂
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Un auteur que j’ai décidé de découvrir cette année, je me suis procurée déjà quelques livres et j’ai effectivement acheté cette BD qui me faisait envie. Je trouve l’auteur fascinant.
Merci pour ton retour qui me donne également envie de découvrir le livre
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Je crois que je vais prendre la même décision que toi ! J’ai pu voir quelques itw et je l’ai trouvé incroyable 🙂 J’espère que la bande dessinée te plaira 🙂
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