Littérature

Les carnets secrets de l’ange de la mort de Raphaël Grangier : de la noirceur en intraveineuse

Il y a certains pans de l’Histoire que l’on aurait préféré ne pas ne voir naître, tant ceux-ci mettent en exergue toute la folie d’un monde, la Shoah en fait partie. Il est impossible de décrire toute l’horreur qui a pu se jouer durant cette période et encore moins de la classifier. Et pourtant, il y a un nom que l’on retiendra tous : Josef Mengele. Véritable avant fou, vouant une haine extrême contre le peuple juif et une fascination morbide pour les jumeaux…

Imaginez deux minutes qu’un tueur en série s’empare de ces notes et qu’ils fassent tout pour continuer, voire surpasser son « oeuvre ». C’est ce que le romancier Raphaël Grangier nous raconte dans son roman intitulé Les carnets de l’ange de la mort paru chez LBS éditions.

La 4eme de couverture

Quand l’armée rouge pénétra dans le Camp d’Auschwitz en janvier 1945, Josef Mengele, auteur de multiples expérimentations meurtrières sur de nombreux détenus, avait déjà disparu. Malgré ses efforts considérables, le Mossad ne pourra jamais l’appréhender.

Un jour, ses notes, sur ce qu’il considérait comme ses travaux, réapparaissent à la surface…

Périgueux, printemps 2019. Une jeune étudiante disparaît devant la cité scolaire Laure Gatet. Dans le même temps, des corps, tous d’origine juive, sont retrouvés en différents points de la Dordogne. Le capitaine Denoeux sera en charge de retrouver la jeune femme. Les enquêteurs vont alors suivre les traces d’un barbare en quête de leur faire revivre les pires expériences du passé : celles inventées par le docteur Josef Mengele, « l’ange de la mort ».

Les carnets secrets de l’ange de la mort : de la noirceur en intraveineuse

Comme tout bon thriller qui se respecte, Les carnets secrets de l’ange de la mort débute de la meilleure des façons et nous harponne d’emblée, afin de nous faire vivre une expérience de lecture à la fois sensorielle et brutale. Attention, tout de même, à réussir à passer outre les premiers chapitres, puisque Raphaël Grangier joue sur une structure faite d’ellipse temporelle et de flashback. La confusion est présente et il est impossible de véritablement comprendre où le romancier souhaite nous emmener et encore moins de saisir les diverses relations se jouant entre tous les personnages. Autant dire que l’on est dans le flou le plus total, sans pour autant que cela entache notre envie d’en savoir plus. Il faut dire que l’auteur distille déjà ce qui fera tout le sel de son histoire. Le malaise est palpable, la violence est présente, sans pour autant entrer dans le voyeurisme, grâce à une écriture sèche, propice à toutes les horreurs. 

Le principal point fort de ce roman, c’est bien sûr l’utilisation d’une partie de l’Histoire que l’on préfère effacer de notre mémoire. Il faut dire que le romancier n’y va pas de main morte et nous entraîne dans le sillage d’un antagoniste cherchant à reproduire, voire à améliorer les expériences de Mengele sur le peuple juif… Tout un programme donc. Mais n’ayez crainte, Raphaël Garnier a du talent à revendre et ne nous offre absolument pas le genre de roman qui part dans une violence gratuite, bien au contraire. Cette envie de bien faire passe par son écriture et par son utilisation des descriptions. Ici, rien de véritablement frontal, mais bel et bien une sensation diffuse qui viendra nous titiller au fur et à mesure du récit. 

Cette impression grimpe en flèche et les incertitudes et les incompréhensions sur la suite du récit s’envolent dès que l’on commence à comprendre le lien entre tout ce “beau monde”. L’enfer sur Terre continue à nous dévorer et Les carnets secrets de l’ange de la mort nous plonge dans une enquête morbide, violente et vraiment préoccupante. Si l’on plonge corps et âme dans cette chasse à l’homme, c’est parce que l’auteur nous parle de barbarie, d’antisémitisme avec justesse. Les actes ignobles se répètent et nous sommes, encore une fois, de simples spectateurs qui ne peuvent enrailler la machine. La force du roman réside dans son utilisation de la barbarie du monstre Mengele en jouant à la fois sur la fiction, tout en s’appuyant sur des textes authentiques.Bref, Raphaël Grangier joue la carte de l’effroi et cela fait des merveilles. 

L’auteur sait y faire pour nous proposer un thriller à la fois brutal, haletant et surtout dramatique. Si l’on pourrait chercher la petite bête en regrettant le manque de vie derrière cette brigade, on se doit tout de même d’admettre que Les carnets secrets de l’ange de la mort nous offre son lot de personnages intéressants et au caractère fort. On sent tout de même cette envie de nous faire entrer dans l’équipe et de vivre cette chasse à l’homme, ainsi que cette course contre la montre de l’intérieur. En jouant sur la corde sensible, celui-ci fait appel à notre empathie qui se met en branle dès les premières minutes de lecture, mais aussi sur notre rage à réagir face à un psychopathe de la pire espèce. L’émotion est là, le stress monte petit à petit, tant nous sommes pris dans cette enquête tortueuse, mais aussi fatigante et ce, jusqu’au tout dernier instant. Le dernier tiers nous amène à une telle tension que l’on pourrait en oublier de respirer.


En étant tatillon, on pourrait trouver quelques défauts à ce roman, mais il est indéniable que Les carnets secrets de l’ange de la mort de Raphaël Grangier a tout du roman coup de poing. En jouant sur les deux cordes, l’auteur nous offre un thriller à la tension dramatique d’une grande richesse. C’est fort, violent, tout en nous rappelant les pires heures de l’Histoire. Qu’on se le dise, l’auteur a de quoi faire sensation avec ce très bon roman noir. 


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