Littérature

Jours parfaits de Raphael Montes : huis-clos malsain

Parfois lire tel ou tel roman sonne comme une évidence. La rencontre classique entre le livre et le lecteur se passe généralement en librairie. On flâne, on soulève les exemplaires, on découvre une couverture, une quatrième ou on écoute les conseils du libraire. Aujourd’hui, il faut aussi prendre en compte l’avis sur les réseaux sociaux et plus particulièrement sur Instagram. Il suffit d’un beau cliché et d’une courte chronique au rythme ciselé pour que l’on craque.

Mais il y a aussi les autres rencontres. Jours parfaits de Raphael Montes (créateur de la série Bom Dia, Verônica pour Netflix) m’est apparu au détour d’une pause en terrasse. Le roman était là, posé sur l’une des pierres de la cathédrale Saint-Sauveur d’Aix-en-Provence. Un regard, une main qui cache le bas de ce visage et puis la découverte de la quatrième de couverture… Une évidence.

Aujourd’hui, je vous parle de ce huis-clos malsain disponible en poche aux éditions 10/18.

La 4eme de couverture

Téo, étudiant en médecine légale, passe le plus clair de son temps au laboratoire de la faculté à disséquer des cadavres. Il sort peu et ne s’intéresse pas aux femmes, jusqu’au soir où il rencontre Clarisse. Ils n’ont qu’un bref échange, mais la jeune femme l’obsède et Téo commence à la suivre. Lorsqu’il apprend qu’elle s’ apprête à partir plusieurs mois, il ne voit qu’une solution pour éviter la séparation : la kidnapper, la droguer et la séquestrer loin de tout. Une fois à sa merci, il aura le temps de lui prouver qu’ils sont faits l’un pour l’autre. Et il s’assurera que rien ni personne ne vienne entraver leurs jours parfaits.

Jours parfaits : huis-clos malsain

Qu’on se le dise, Raphael Montes sait y faire pour instaurer un climat malsain en seulement quelques lignes et ce, malgré son jeune âge ( 25 ans au moment de l’écriture). Jours parfaits nous permet de faire la connaissance du jeune Téo, étudiant en médecine légale, et l’on comprend assez rapidement qu’il se passe des choses bizarres avec lui. En effet, celui-ci nous parle de sa seule amie qui se prénomme Gertrudres, sauf que c’est un cadavre… On entre d’abord dans une profonde empathie pour lui, notamment lorsque l’on comprend sa condition familiale. Un père mort dans un accident de la route, une mère paraplégique depuis lors. La vie du jeune homme bascule et la nôtre par la même occasion lors d’un barbecue organisé dans le quartier. La rencontre est rapide, intense pourrait-on dire et Téo tombe follement amoureux.

Il n’y a rien à faire, le malaise est déjà présent. Téo n’est pas très à l’aise avec l’amour, les conventions sociales et s’avère être rapidement assez dangereux. Entre voyeurisme et déformation de la réalité, le jeune homme kidnappe la jeune femme, non pas pour lui faire du mal, mais bien pour la “forcer” à l’aimer autant que lui l’aime. S’ensuit alors, un huis-clos qui pourrait vous faire penser au maître étalon Misery de Stephen King, tant la relation entre les deux personnages va être ambiguë et que la violence morale ou physique ne sera jamais vraiment très loin. Jours parfaits se transforme alors en un rouleau compresseur qui n’aura de cesse de faire monter la pression et surtout le malaise à son paroxysme. Il sera dès lors impossible de ressentir une once d’empathie pour Téo, tant celui-ci s’avère être un pervers narcissique de la pire espèce, voire même un réel sociopathe.

Raphael Montes joue sur plusieurs étiquettes du genre pour nous faire vivre un huis-clos exaltant et cela passe par son écriture, bien que traduite. Celle-ci est fluide et vous permettra de lire ce roman en seulement quelques heures, tant les différentes scènes seront courtes, intenses et vous enverra dans les cordes. Jamais redondant dans ses actions, Jours parfaits joue sur la psychologie des personnages, sur la violence des mots, de la séquestration et sur les décisions horribles que prendra Téo. Je passe les détails pour que vous ayez la surprise, mais quand une personne est dos au mur et n’est plus maître de ce qu’il a entrepris, celui-ci est prêt à tout…
Ce roman, c’est également une plongée dans un pays que nous ne connaissons que très peu. On pourra se dire que tout cela semble bien trop facile pour Téo, que les ennuis sont assez minimes et que la police semble aveugle et en retard sur tout, mais il ne faut pas oublier que la corruption fait rage au Brésil. Raphael Montes ne se prive pas de jouer sur cet aspect avec quelques moments bien sentis, faisant monter une pression sans nom.


Jours parfaits est le genre de roman court qui marque tout de même son lecteur, tant l’auteur s’amuse avec ses personnages, ses différents événements et joue sur la carte du malsain jusqu’à la dernière ligne. C’est sa mère qui a voulu une histoire d’amour et je pense qu’elle n’a pas dû être déçue du voyage… Je pense que vous aurez compris qu’il faut vraiment jeter un œil à ce huis-clos qui, si n’a pas le mérite de renouveler ce sous-genre, aura quand même cette envie de jouer avec son lecteur et les codes de ce style jusqu’au bout de la nuit. 

Pour vous procurer Jours parfaits de Raphael Montes, vous pouvez cliquer sur ce lien.

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