Si je serais grande d’Angelina Delcroix : un polar terrifiant

Quoi de mieux que choisir un roman traitant de sévices sur des enfants et sur une secte pour se reposer pendant les vacances ? Bon d’accord, j’ai des idées bizarres. Pour être tout à fait honnête, je ne savais pas que le roman Si je serais grande d’Angelina Delcroix, publié aux éditions Hugo & Cie, traiterait de ce sujet complexe et terrifiant. En attendant, je ressors de cette lecture avec le cœur au bord des lèvres et je vais vous dire pourquoi. 

La 4eme de couverture

2006. Deux petites filles disparaissent le même jour, sans laisser de traces. Elles sont voisines, mais n’étaient pas ensemble au moment de leur enlèvement.
Eleanor, bientôt six ans, vit dans la crainte de déplaire à ses parents. La tête pleine d’images et de souvenirs, est-elle la menteuse que décrit sa mère ?
Des cadavres d’enfants viennent d’être découverts. Au milieu des corps, une survivante. Enceinte de quatre mois et toujours profondément marquée par sa précédente enquête, l’adjudante Joy Morel se retrouve à la tête d’une enquête éprouvante qui va l’entraîner aux frontières de l’inimaginable…

Si je serais grande : un polar terrifiant

Nous sommes ici face à un roman d’une très grande force, mais également d’une très grande maîtrise en termes de narration et d’accroche. Il faut dire qu’Angelina Delcroix semble savoir où elle va dans son récit et où elle veut nous emmener. Cela se ressent dès les premières pages, puisqu’elle nous offre un petit amuse-bouche qui marquera le lecteur et qui va le pousser à vouloir découvrir la suite très rapidement. Vous l’aurez compris, il suffit de quelques lignes pour que Si je serais grande se transforme en un piège incontrôlable, en un poison qui coule lentement de nos veines et qui nous détruira à petit feu.
Le genre de roman qui prend son lecteur par le col et qui le plonge dans l’horreur humaine et dans la folie. Le genre d’œuvre qui marque son lectorat, qui le transforme à tout jamais et qui lui ouvre les yeux sur une certaine réalité…

Vous allez croire que j’en fais un peu trop et pourtant, Angelina Delcroix manie les mots et sa narration pour nous faire entrer dans son polar de la meilleure des façons. Celle-ci ne fait pas dans la surenchère, ne joue pas sur la violence gratuite, mais fait monter la tension au fil des pages et des événements qui s’offrent à nous. On plonge dans différentes temporalités jouant à la fois sur son enquête et sur le passé trouble d’une jeune fille qui semble perdue au sein de sa propre famille. Si je serais grande joue sur son mystère pour nous agripper et nous faire trembler, si bien que l’on s’immerge davantage dans cette affaire complexe et humainement difficile. 

Si dans d’autres polars, nous avons la possibilité, en tant que lecteur, d’avoir une petite longueur d’avance sur les enquêteurs, cette fois-ci Angelina Delcroix nous laisse dans le flou. On a des noms, des métiers évoqués, mais il est impossible pour nous de comprendre les implications et les enjeux qui se jouent sous nos yeux. On a cette impression de se faire balader par l’autrice, de tomber dans ses pièges. On s’imagine des tas de choses, on pense avoir découvert la solution et pourtant, les coups de théâtre nous rattrape et nous font dire que nous ne pouvons vraiment faire confiance à personne.
Si je serais grande, c’est le genre d’enquête qui rapproche une équipe, mais qui l’a détruit sans que l’on s’en rende compte. L’aspect humain va en prendre un coup, les enquêteurs vont vivre un enfer au fur et à mesure qu’ils vont prendre conscience de l’ampleur de la chose. En bref, c’est l’horreur pour tout le monde et le danger semble être partout. La paranoïa commence et elle n’est pas prête de disparaître…

Si je serais grande : une autrice qui joue avec nos peurs

Si cette paranoïa ne disparaît pas pour nos personnages et pour cette cellule d’enquête, c’est aussi le cas de notre côté, tant Angelina Delcroix joue avec son lecteur. On pourrait pourtant croire que l’autrice alimente notre penchant pour certaines théories du complot en jouant sur un divertissement cauchemardesque. Pourtant, il y a une part sombre en nous qui nous crie d’y croire, de faire attention à nous, à nos proches et surtout à notre famille. Si je serais grande fait clairement partie de ces récits à ne pas lire quand on devient parent. La peur s’insinue en nous, on soupçonne tout le monde et on finit par céder à celle-ci… Une lecture qui se fait avec la boule au ventre, avec le cœur au bord des lèvres, tant la romancière n’hésite pas à enfoncer le clou avec quelques scènes percutantes et surtout perturbantes. 

Si je serais grande est le genre de roman qui fait mal, qui nous met un uppercut en pleine tête, qui nous coupe le souffle et qui devient une référence en la matière. Cette lecture m’a renvoyé à mon choc de ces dernières années avec le roman La cour des mirages de Benjamin Dierstein. Angelina Delcroix offre un paysage qui fait froid dans le dos, dans le sens où toutes les strates de la population entrent dans le système et que celui-ci est dirigé par les plus grands. On a cette impression que le monde est une cellule cancéreuse qui prend de plus en plus d’ampleur. Comme je le disais, la sensation de ne jamais se sentir en sécurité ne nous lâche à aucune seconde. On pourrait également évoquer la série de romans L’ogre de Louis de Mauboy. Ces trois récits traitent de l’enlèvement de jeunes enfants, de tortures physiques et psychologiques, de sévices sexuels, etc, et font surtout très froid dans le dos. 

En bref, Si je serais grande d’Angélina Delcroix marque son lecteur au fer rouge

Vous l’aurez compris, Si je serais grande d’Angelina Delcroix n’est pas le genre de roman à mettre entre toutes les mains. Celui-ci nous entraîne dans un cauchemar entre réalisme et conspiration, jouant sur des sujets complexes, difficiles à encaisser et qui en mettront plus d’un sur le carreau. La romancière choc son lecteur sans pour autant jouer sur la surenchère de scènes explicites. Tout se joue sur l’imagination et sur les personnes qui gravitent autour de cette horreur. Si jamais vous voulez tenter l’expérience, allez-y. Mais c’est à vos risques et périls !

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6 commentaires Ajouter un commentaire

  1. J’en garde toujours un excellent souvenir, mais j’ai encore plus aimé « l’île des damnés » de la même auteure.

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    1. Avatar de tomabooks tomabooks dit :

      Ce sera l’un de mes prochains 🥰

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  2. Avatar de laplumedelulu laplumedelulu dit :

    Arggg 😍. C’est fou quand même, quand on devient parents, on voit les choses autrement. Merci à toi pour la chronique 🙏 😘.

    J’avais adoré la cours des mirages.

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    1. Avatar de tomabooks tomabooks dit :

      J’avais peur de ne plus pouvoir supporter ce genre d’histoire, mais ça va. Ça pique un peu plus et on partage la peine des personnages 😅

      Aimé par 1 personne

      1. Avatar de laplumedelulu laplumedelulu dit :

        Il est tombé dans mes bras hier. 😊😇

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