Coup de coeur

La Meute d’Olivier Bal : le thriller comme un outil d’analyse

couverture roman La meute d'Olivier Bal

Il y a des auteurs que l’on suit depuis peu ou que l’on a rejoints en cours de route et il y a aussi ceux que l’on suit depuis le tout début. C’est le cas pour moi avec Olivier Bal que j’avais découvert à la sortie de ce roman Les Limbes et qui ne me quitte plus depuis. La Meute, publié chez XO éditions et disponible depuis le 25 avril 2024 en librairie, est son septième roman et autant vous dire qu’il place encore la barre bien haute en termes de qualité et de maîtrise. 

La 4eme de couverture

Il y aura toujours des diables, des dieux et des hommes au milieu.

Février 2024.  » L’Ange noir  » a encore frappé. Chaque fois, sa victime est enterrée vivante et meurt étouffée. à la sous-direction de l’antiterrorisme, Sofia Giordano cherche à mettre la main sur ce tueur qui s’en prend à des notables partout en France. Elle est bientôt rejointe par le lieutenant Gabriel Geller qui, de son côté, enquête sur l’assassinat, à Paris, de réfugiés aux corps affreusement lacérés.

Deux affaires en apparence distinctes. En apparence, seulement. Car, bientôt, Sofia et Gabriel vont devoir infiltrer la Meute. Franchir des épreuves initiatiques terrifiantes. Gagner la confiance de l’étrange famille Mirval qui règne en maître dans le château de Noirval. Ils devront frayer avec les loups. Pour éviter le grand cauchemar.

La meute d’Olivier Bal : le thriller comme un outil d’analyse

Depuis sa création, le roman policier et ses dérivés ont toujours eu cette faculté à nous offrir une lecture du monde qui nous entoure. Chaque époque ayant ses troubles, ses problèmes et ses peurs, les auteurs ont eu à cœur de nous offrir des récits prenants et des aventures, parfois épiques, avec un contexte politique et social en fond. Olivier Bal entre parfaitement dans cette catégorie avec ce nouveau roman intitulé La Meute. Le romancier nous offre un récit qui tape en plein dans notre actualité et dans les tensions qui se ressentent dans chaque pays depuis de nombreuses années. Vous l’aurez compris, l’auteur s’appuie sur la réalité, sur notre quotidien pour nous plonger en plein cœur des problèmes qui subsistent par chez nous, afin de nous ouvrir les yeux, de nous questionner, de nous remettre aussi en question.

Olivier Bal prend le pouls de notre monde contemporain et nous immerge au cœur de la bête qui semble bien mal en point. La Meute se déroule sur plusieurs temporalités et nous offre la possibilité de suivre l’évolution de plusieurs personnages au sein d’une famille, d’une confrérie particulière et d’une meute dangereuse. Le romancier nous parle d’un pays qui va mal, qui cherche un bouc émissaire et de certaines personnes prêtent à tout pour faire régner leur vérité, quitte à enfreindre les règles. La Meute, c’est le genre de roman qui peut faire froid dans le dos, puisque l’on sent dans chacune des pages que le romancier s’est documenté et qu’il nous permet de voir une réalité dont on essaie de se cacher, de ne pas toujours croire. Olivier Bal nous plonge dans la crainte d’un soulèvement, d’une explosion, d’une impossibilité à revenir en arrière.

La Meute, c’est le récit d’un monde en plein changement. D’un monde où tout va mal, d’un monde où tout le monde se repli sur soi, ne prête plus d’attention aux autres, aux plus démunis. Olivier Bal nous parle d’une société qui se tourne vers une lutte plus radicale, plus dangereuse, plus spectaculaire. Le romancier nous parle de cette jeunesse qui a les crocs, qui n’a plus peur de rien et qui n’écoute plus les longs et beaux discours des politiciens. Dans ce monde contemporain, les militants veulent passer à l’action et sortir de l’ombre.
On retrouve dans ce nouveau roman, des thématiques que le romancier avait déjà pu évoquer par le passé. Cette meute peut-être vue comme une véritable dérive sectaire qui use de son magnétisme pour embrigader les plus faibles, pour les utiliser, pour les tromper. 

Publicités

« On ne pourra pas dire que l’on ne savait pas, que l’on ne l’a pas vu venir. L’indifférence , le pire de tous les maux. On oublie, on efface de nos mémoires ce qui nous arrange. Ces harangueurs de haine qui hurlent devant des drapeaux. Ces pays qui, mois après mois, tombent sous le joug de tyrans en costume-cravate. La haine attend, rampante. Dans les cités comme dans les beaux quartiers. L’histoire se répète. C’est déjà arrivé, et ça arrivera encore. Pourtant, on se convainc du contraire…
Nous vivons au temps des loups. Chacun replié dans sa meute, son clan. On montre les crocs, on hurle face à cet autre qui incarne, croyons-nous, les pires maux. C’est eux contre nous. On s’aboie dessus, prêts à se dévorer la gueule. Dans cette société folle, qui va trop vite, qui court à sa perte, peut-être, on aimerait que nos problèmes aient une origine. Un mal commun. On rêve d’un coupable. Alors on fait confiance à ceux qui prétendent connaître, ceux qui pointent du doigt. Pourtant, c’est d’eux dont il faut se méfier, toujours. Les hurleurs, les aboyeurs… Les semeurs de haine. »

La meute : émotions fortes et suspense au programme

Si le romancier prend le pouls de notre société contemporaine avec force et précision, Olivier Bal n’en n’oublie pas pour autant qu’il est là pour divertir son lectorat. Et autant vous dire que l’auteur réussit son travail haut la main avec La Meute. Nous sommes ici d’un thriller d’une incroyable maîtrise en termes de narration, mais aussi de développement psychologique de ses personnages et au niveau des émotions que le récit réussit à nous transmettre. La Meute, c’est le genre de roman que l’on peut lire sans pouvoir s’arrêter, comme pris d’une fièvre. Le romancier nous offre de nombreuses temporalités, afin d’essayer de faire le lien entre tous les meurtres qui s’accumulent autour de nous, mais aussi pour faire entrer plusieurs personnages dans la balance. Olivier Bal joue, encore une fois, avec différents genres, puisque l’on passe aisément du roman policier, au thriller psychologique, mais aussi au drame social et humain. Il n’y a pas à dire, l’auteur est à l’aise dans tout ce qu’il touche. 

La Meute se dévore, mais il faudra également réussir à le digérer, tant le romancier nous offre un récit d’une grande puissance émotionnelle. Notre empathie sera mise à rude épreuve dans cette histoire, si bien qu’Olivier Bal réussit à nous faire ressentir des choses pour des personnages faisant des actes horribles. Vous l’aurez compris, on passe par toutes les émotions dans cette histoire. On côtoie la haine, la crainte, la peur, l’adrénaline, la tristesse tout au long de ce roman, si bien que l’on ne sait plus vraiment où se situer lorsque le romancier nous offre un final explosif aux multiples possibilités. C’est simple, Olivier Bal fait preuve d’une maestria impressionnante avec cette nouvelle partition. Le romancier prouve, encore une fois, qu’il a sa place dans le paysage du thriller français et qu’il pourrait largement taquiner les grands noms du genre. 

La Meute nous plonge au cœur d’un enfer, d’une folie et d’un engrenage que l’on ne peut plus arrêter une fois que l’on est dedans. Lire ce roman, c’est pareil. On ne peut plus faire machine arrière. On lit, on analyse chaque phrase, on ressent chaque action au plus profond de nos tripes. On dévore le roman avec une peur sourde, une sensation oppressante qui ne nous quitte jamais. On termine cette lecture dans un état cotonneux, K.O avec tout ce que l’on a pu ingurgiter. La Meute, c’est une poussée d’adrénaline constante qui restera gravée dans nos mémoires.


En bref, La Meute d’Olivier Bal est une réussite totale

Vous l’aurez compris, La Meute d’Olivier Bal est le genre de roman qui nous pousse dans nos retranchements, qui nous plonge dans la folie des Hommes et dans cette peur qui ronge notre société. On découvre ici un roman d’une grande justesse, d’une maîtrise incroyable, jouant sur de nombreuses thématiques et sur l’émotion pour mieux nous attraper. L’auteur signe, encore une fois, un très bon divertissement, mais surtout un excellent roman noir qui prend le pouls de notre monde moderne.

Rejoignez les 2 379 autres abonnés

4 réponses »

  1. Moi aussi, je suis cet écrivain presque depuis son début. Mais là, j’ai peur du côté très, très ⚫️ . Je crois que je vais passer , car la situation présente m’inquiète tellement que je ne peux en rajouter ! En tout cas, merci beaucoup pour ce beau retour !

    J’aime

  2. Rhoo j’en salive 😍Heureusement que j’ai mes bouées. J’ai offert « Roches de sang » à mon frère qui s’est régalé comme moi, vais tâcher de me le procurer. Merci à toi pour la chronique 🙏 😘

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire