Coup de coeur

Un oeil dans la nuit de Bernard Minier : Quand le thriller emprunte au cinéma horrifique

Quand j’ai su que Bernard Minier allait s’attaquer au genre de l’horreur dans son nouveau roman, Un œil dans la nuit, publié chez XO Éditions, j’étais persuadé qu’il était fait pour moi. Est-ce que j’avais raison ou tort ? Je vous laisse découvrir mon avis. Mais avant cela, je vous invite très fortement à vous procurer cette nouvelle enquête de Servaz et à vous enfermer à double tour après avoir vérifié votre intérieur…

La 4eme de couverture

Dans les montagnes, retiré du monde, un réalisateur de films d’horreur, Morbus Delacroix.
Culte, misanthrope, fou.
Parmi ses fans, une étudiante en cinéma.
Fascinée, intrépide, inconsciente.
À Toulouse, un as des effets spéciaux est retrouvé mort, ligoté sur un lit d’hôpital.
Et si ce meurtre trouvait sa source dans un film maudit ?
Pour le commandant Martin Servaz, peut-être la plus grande énigme de sa carrière…
CET ŒIL DANS LA NUIT N’A PAS FINI DE VOUS FIXER

Un oeil dans la nuit : Quand le thriller emprunte au cinéma horrifique

Scène de nuit dans un centre hospitalier. L’orage gronde. Gros plan sur le visage d’un homme malade. “JE VAIS MOURIR, mon père.” Champ, contrechamp sur le visage du prêtre recevant l’information. On change de scène. Cauchemar autour de ce que Servaz a vu de pire durant ses enquêtes. L’instant est fiévreux, les images s’incrustent dans notre cerveau, la folie nous guette. FIN.
Dès les premiers instants, Bernard Minier entre dans notre esprit malade et joue avec nous comme pourrait le faire un cinéaste de film d’horreur. Dès ces premières lignes, on sent que l’auteur s’est mis dans la peau d’un metteur en scène, qu’il a découpé ses phrases, afin de nous offrir le script parfait. Un œil dans la nuit nous plonge rapidement dans le bain et celui-ci risque bien d’être sanglant, mais aussi et surtout intrigant, malfaisant et surtout dangereux. 

Le romancier a vu plus de 200 films d’horreur pour nous immerger dans l’ambiance de son roman et autant vous dire que le travail est réussi. L’atmosphère mise en place est lourde, lugubre, malsaine et pourra être difficile à supporter selon l’heure à laquelle vous aurez décidé de lire ce roman de Bernard Minier. L’écrivain a saisi ce qui faisait l’essence même d’un bon long-métrage d’épouvante. Il joue avec nous, distille les informations, les petites références à piocher par ci, par là. Il met en place une sensation désagréable qui nous colle à la peau et qui nous fait regarder derrière nous à chaque instant. Lire Un œil dans la nuit, c’est ne plus être tranquille, c’est se sentir épié. 

Outre l’ambiance, le romancier joue avec la thématique du cinéma d’horreur pour nous plonger dans un art de l’extrême et dans un art qui mérite ses lettres de noblesse. Bernard Minier interpelle, évoque des anecdotes, glisse des références un peu partout, offre des personnages insolites, voire maléfiques et que l’on ne voit que dans certains films. Un œil dans la nuit est la friandise parfaite pour les amateurs du genre et pour celles et ceux qui voudraient en savoir plus. Un hommage parfait sous toutes les coutures. 

Une réflexion autour de la liberté

Avec cette utilisation du cinéma d’horreur, Bernard Minier tente une mise en abîme du genre du thriller autour de la liberté de ton et de la folie qu’offre le cinéma horrifique. Qu’on le veuille ou non, les auteurs peuvent se permettre de franchir certaines limites, d’aller au bout de leurs idées malsaines et le romancier sait que le thriller joue également à ce jeu par moment. Un œil dans la nuit est un miroir au monde du thriller et de tous les fantasmes que l’on s’imagine au fur et à mesure de nos lectures. On s’est tous déjà dit que pour écrire ce genre de chose, il ne fallait pas être normal ou encore avoir des idées malsaines. Ici, Minier met en scène ces réflexions en nous offrant un réalisateur presque fou, du moins trop perfectionniste, qui vit reculé de la population, histoire de calmer ses pulsions, ses ardeurs. Vision d’un artiste maudit qui a touché du doigt la plus pure folie et qui n’a pas su redescendre. Dans tous les cas, ces deux arts offrent quelque chose de sale, qui grouille, qui fait mal et qui parle d’une société sombre, inquiétante et dangereuse. 

Bernard Minier n’en oublie pas le thriller pour autant, puisqu’il va plonger Servaz dans une enquête complexe, dangereuse et qui le forcera à prendre la route à certains moments. Un œil dans la nuit est un pur régal pour les amateurs du genre, du style de l’auteur et pour son personnage. Le récit prend un rythme de croisière totalement fou et le romancier n’hésitera pas à aller au bout de ses idées, quitte à jouer sur nos émotions, à rendre le tout très nerveux et à nous faire ressentir une certaine dose de peur. Les fausses pistes sont là, bien exploitées et nous ferons vivre un véritable cauchemar. Qu’on se le dise, on ne ressort pas indemne de cette cuvée 2023 et ce n’est pas les dernières phrases du roman qui pourront nous faire dormir sur nos deux oreilles…

En bref, Un oeil dans la nuit est une pure réussite

Vous l’aurez compris, Bernard Minier m’a attrapé dans ses filets dès les premières lignes et ne m’a relâché qu’à la toute fin. Un œil dans la nuit est une friandise pour les amateurs de cinéma horrifique et de thriller. Le romancier manie les genres avec brio et nous plonge dans une atmosphère glaçante, nerveuse et dangereuse, si bien que l’on passe par toutes les émotions durant cette enquête. Je n’ai qu’un conseil à vous donner et c’est celui de vous rendre au plus vite chez votre libraire pour vous le procurer, pour frissonner et pour ressentir les mêmes émotions que moi durant cette lecture


Pour vous procurer Un oeil dans la nuit, vous pouvez cliquer sur ce lien. 

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