Littérature

Le piège de Jean Hanff Korelitz : un thriller qui manque de tension

Vendu comme “le meilleur thriller de l’année – et de loin !” par The Washington Post, il n’est donc pas insolite de voir que les droits d’adaptation du  dernier roman de Jean Hanff Korelitz ont déjà été achetés par la plateforme Hulu. Il faut dire que la romancière a le vent en poupe depuis la diffusion de The undoing (adaptation de son roman Les premières impressions).

C’est donc avec toute cette aura que Le piège est arrivé au Cherche Midi depuis le 10 février 2022. Le premier constat que l’on peut se faire, c’est que le journaliste du Washington Post n’a pas dû lire énormément de thriller dans sa carrière…

La 4eme de couverture

Jacob Finch Bonner a connu son heure de gloire comme romancier avant de sombrer dans l’anonymat. Il enseigne désormais l’écriture dans une université du Vermont. Un jour, un de ses étudiants, Evan, lui dévoile l’intrigue du livre qu’il ambitionne d’écrire. Une intrigue géniale. Le best-seller assuré.
Quelques années plus tard, Jacob apprend la mort d’Evan, qui n’aura pas eu le temps de concrétiser son projet. Aussi décide-t-il d’utiliser à son profit l’idée fantastique de ce dernier. Et c’est un triomphe. Mais au plus haut de sa gloire, Jacob reçoit un e-mail anonyme, terrifiant : Vous êtes un voleur.
Jacob va alors tout faire pour identifier son interlocuteur avant que quiconque apprenne ce qu’il a fait. Pour cela, il va revenir dans le Vermont, pour enquêter sur la vie et la mort d’Evan. Il ne sait pas encore à quel point le jeu va s’avérer dangereux.

Le piège : un thriller qui manque de tension

Je sais ce que vous êtes en droit de vous dire. Je suis parti avec cette fausse publicité en tête et je savais pertinemment que j’allais ne pas être d’accord avec cette affirmation. On le sait tous, le petit mot d’accroche, souvent donné par un auteur reconnu, est là pour appâter le lecteur. Ici, le paquet a été mis sur la communication puisqu’en plus du mot sur la couverture, on retrouve un court avis de notre bon vieux Stephen King. Que l’on soit clair, je ne fais plus avoir par ce genre de choses. King a peut être un immense talent pour écrire,mais ses goûts sont parfois douteux…

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Pourtant, j’ai décidé de me lancer dans la lecture de ce roman de Jean Hanff Korelitz avec l’intention de faire abstraction de toute cette publicité. Avec Le piège, je découvre donc une nouvelle plume et je dois dire que celle-ci m’a parfois laissé de côté, notamment dans sa première moitié. Je dois dire que la romancière prend son temps pour mettre en place son intrigue et en profite pour nous présenter son personnage principal, Jacob Finch Bonner. Si l’écriture est tantôt assez lourde et répétitive, il faut bien admettre que l’autrice sait comment donner du corps à son roman et à ce qu’il se passe autour de ses personnages. Jacob prend vie petit à petit et nous plongeons dans son désarroi et dans une espèce de spleen qu’il traîne depuis que le succès l’a échappé. On découvre un romancier qui ne réussit plus, qui n’écrit plus et qui est obligé d’aider les autres dans ce processus qu’il ne parvient plus à dépasser. 

Très vite, l’impression d’être face à un personnage pathétique m’a sauté aux yeux. Frustré de son échec, celui-ci va sauter sur une occasion en or pour prendre sa revanche sur la vie. C’est avec une première moitié bien trop longue pour ce qu’elle avait à raconter que Le piège se referme sur nous. Jean Hanff Korelitz déploie son talent au service d’une intrigue, certes assez classique, mais qui fonctionne tout de même. Dès lors, la lecture redevient un véritable plaisir et celle-ci nous fera dire que l’on aurait voulu en avoir plus. La romancière exploite avec précision la thématique du plagiat ou de l’emprunt d’une situation qui n’appartient pas à l’auteur. Ce roman est une plongée dans le monde de l’édition, du poids qui repose sur l’écrivain à succès, sur la difficulté des autres à être publié et sur cette nouvelle génération qui ne s’évertue plus à passer par la case maison d’édition pour sortir leur livre. Jean Hanff Korelitz dépeint un monde foisonnant, complexe et nous fait vivre l’aventure de l’intérieur.
Le piège devient alors peu à peu passionnant à suivre et cela va s’accentuer au moment où la romancière décide de pousser son personnage à enquêter pour découvrir la vérité. Quand la réalité rattrape la fiction, c’est pour mieux nous offrir une virée dans l’Amérique profonde et dans les secrets familiaux. Ce roman aura de quoi surprendre les novices du thriller, bien que Korelitz laisse assez d’indices pour deviner la suite des événements. Il n’empêche que Le piège reste un équilibré dans sa résolution et permet ainsi à l’intrigue de se transformer en un roman noir dramatique qui fonctionnera à merveille dans un format sériel.


S’il on oublie une première partie qui peine à démarrer, Le piège reste un très bon thriller psychologique qui pourra parfois faire penser aux œuvres de Gillian Flynn. Jean Hanff Korelitz déploie son talent avec minutie pour nous emporter dans une enquête où la fiction se mêle à la réalité. Si le roman n’est pas parfait, on retiendra la montée en puissance de son dernier acte et la résolution de cette histoire qui donne tout son sens au titre du roman. 


Pour vous procurer Le piège de Jean Hanff Korelitz, vous pouvez cliquer sur ce lien.


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