Le polar nordique s’est emparé des étales des librairies depuis de nombreuses années et à juste titre, tant celui-ci nous plonge à chaque fois dans un dépaysement total. Dix âmes, pas plus, le nouveau roman de Ragnar Jónasson, publié aux Éditions de la Martinière, ne déroge pas à la règle avec cette ambiance glaçante.
Êtes-vous prêts à vous plonger dans ce village de dix habitants ?
La 4eme de couverture
« Recherche professeur au bout du monde ». Lorsqu’elle voit passer cette annonce pour un poste d’enseignant dans le minuscule village de Skálar, Una, qui ne parvient pas à trouver un emploi stable à Reykjavík, croit saisir une chance d’échapper à la morosité de son quotidien. Mais une fois sur place, la jeune femme se rend compte que rien dans sa vie passée ne l’a préparée à ce changement radical. Skálar n’est pas seulement l’un des villages les plus isolés d’Islande, il ne compte que dix habitants.
Les seuls élèves dont Una a la charge sont deux petites filles de sept et neuf ans. Les villageois sont hostiles. Le temps maussade. Et, depuis la chambre grinçante du grenier de la vieille maison où elle vit, Una est convaincue d’entendre le son fantomatique d’une berceuse. Est-elle en train de perdre la tête ? Quand survient un événement terrifiant : juste avant noël, une jeune fille du village est retrouvée assassinée.
Il ne reste désormais plus que neuf habitants. Parmi lesquels, fatalement, le meurtrier.
Dix âmes, pas plus : un roman noir à l’ambiance glaçante
Avec Dix âmes, pas plus, l’auteur islandais Ragnar Jónasson s’essaye au roman d’ambiance et autant dire que celui-ci s’en sort très bien. Ne vous attendez donc pas à retrouver un polar nordique avec cette nouvelle sortie, au risque d’en ressortir déçu. Le romancier nous embarque dans une œuvre à lire au coin du feu ou bien sous un bon plaid par un soir d’hiver, afin de s’imprégner de cette atmosphère si particulière que celui-ci tente de nous offrir. On ne peut pas dire que l’entrée dans ce nouveau roman soit difficile, bien au contraire. L’écrivain joue sur ce qui a fait son succès en nous plongeant dans un petit village et en nous offrant un dépaysement total. Les pages se tournent sans réel problème, alors que l’action tarde à arriver. On s’imprègne de l’ambiance, on ressent ce petit frisson lié à la découverte, on ressent la moindre brise, le moindre craquement de bois, le moindre bruit.
Dix âmes, pas plus nous place réellement dans la peau de son personnage principal, Una. Comme elle, nous vivons cette arrivée avec une certaine joie. La nouveauté est enivrante, la vie loin de tout promet de belles choses, un moyen d’évoluer, de se reconstruire. Cependant, la carte postale se transforme peu à peu en cauchemar, tant les villageois ne semblent pas tous prêts à accueillir une étrangère. La paranoïa s’immisce peu à peu en nous, d’autant plus que Ragnar Jónasson ne se prive pas pour nous faire ressentir le fait que l’on soit de trop parmi ces quelques personnes. On ressent les regards s’appesantir et les messes basses à des kilomètres, si bien que l’on sent que quelque chose ne tourne pas rond dans cette minuscule bourgade.

La paranoïa s’installe donc aisément grâce à la facilité qu’à Ragnar Jónasson à nous plonger dans son ambiance assez pesante et par moment réellement dramatique. Le village de Skalar, qui est le plus reculé d’Islande, semble cacher bien des secrets, tout comme l’auteur d’ailleurs. En effet, Dix âmes, pas plus est un roman qui prend son temps pour mettre en place son intrigue, si bien que l’on en vient à se demander à mi-parcours où le romancier islandais souhaite nous emmener. Il faudra attendre un événement dramatique pour que toute la situation “explose” et que cette impression de paranoïa éclate en plein vol. Le mystère restera intact jusqu’au toute dernière page, tant l’écrivain réussit à brouiller les pistes jusqu’au bout (alors que la solution est sous notre nez depuis le début).
J’aime à croire que Dix âmes, pas plus est bien plus qu’un roman noir jouant sur son atmosphère. Ragnar Jónasson nous parle de son pays, de ses coutumes et de ces villages reculés de tout. Cette histoire nous rappelle que l’on peut se sentir étranger dans son propre pays, tant tout peut sembler nous séparer. Le romancier évoque cette peur de l’étranger, cette difficulté à donner sa confiance ou encore à s’intégrer dans un nouveau groupe social. Mais ce roman évoque aussi avec justesse la vie et parfois de façon dramatique ce que certaines personnes doivent mener loin de tout. Qu’on se le dise cette nouvelle cuvée Jónasson est bien plus riche qu’on ne le pense et cela prouve, encore une fois, tout le talent de cet écrivain qui n’a pas fini de conquérir le monde.
Vous l’aurez compris, Dix âmes, pas plus se place comme un roman noir d’atmosphère qui réussit parfaitement à nous immerger dans son ambiance paranoïaque, grâce à la plume envoûtante de son écrivain. Ragnar Jónasson semble en grande forme avec ce roman qui a bien plus à apporter lorsque l’on prend le temps de se pencher sur ce qu’il raconte. L’Islande est, encore une fois, aussi belle que dangereuse et aussi froide qu’énigmatique.
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Catégories :Littérature, roman noir
Une voix particulière dans le polar mondial, ici sans flic ni enquête ! Et pourtant…
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C’est bien le seul qui réussit à capter mon attention alors qu’il ne se passe pas grand chose. C’est doux, souvent mélancolique et dévasté, mais qu’est-ce c’est dépaysant.
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