Cinéma

[Retour Sur Saga] – A Nightmare On Elm Street – Les griffes de la nuit de Wes Craven (1984)

Nancy, une adolescente, fait récemment d’atroces cauchemars dans lesquels intervient un certain Freddy Krueger. Un homme brûlé, affublé d’un gant aux lames tranchantes, qui sévit dans les rêves de ses victimes. Rapidement, Nancy s’aperçoit que plusieurs de ses amis reçoivent la nuit la visite du croquemitaine. Quand l’un d’entre eux est sauvagement assassiné par Freddy, l’étudiante doit se rendre à l’évidence : les cauchemars dans lesquels se cache Krueger ne sont pas des rêves comme les autres. Une seule solution pour lui échapper : rester éveillée…

C’est en 1984 que A Nightmare on Elm Street ou Les Griffes de la nuit de Wes Craven voit le jour et force est de constater que ce long métrage a marqué le cinéma fantastique et horrifique de son empreinte. Bien que le personnage de Freddy Krueger se soit fait engloutir par la Pop Culture depuis quelques années, il est temps de revenir sur sa genèse.Les griffes de la nuit ou A Nightmare on Elm Street est donc une création originale de Wes Craven qui s’était déjà fait remarquer avec deux longs métrages assez violents et qui ont tout autant marqué le cinéma, La dernière maison sur la gauche (1972) et La colline a des yeux (1977). Cependant, le réalisateur avait des difficultés à garder sa carrière au-dessus des flots… C’est alors qu’il tombe sur un fait divers des plus intrigants. En effet, il découvre l’histoire d’un jeune adolescent qui n’avait pas voulu s’endormir de peur que ses cauchemars finissent par le tuer. C’est au petit matin que ses parents l’ont découvert sans vie dans son lit. Ni une, ni deux, Wes Craven profite de ses connaissances en psychologie, de ce fait divers, ainsi que de ses propres peurs enfantines pour créer le croquemitaine ultime, celui qui peut nous attaquer dans nos rêves, Freddy Krueger.

A nightmare on Elm Street ou Les Griffes de la nuit sort dans les salles obscures, alors que la Paramount lançait le quatrième chapitre de la saga Vendredi 13. D’emblée, le film de Wes Craven se démarque des autres slashers, même s’il puise son inspiration de ce sous-genre. En effet, le réalisateur va prendre des acteurs inconnus pour jouer les adolescents, mais il se démarque par ce côté fantastique et notamment dans les mises à morts, puisque celles-ci se déroulent dans les rêves, cauchemars. De plus, Wes Craven s’éloigne de l’archétype de l’héroïne bête et sexy, puisque Heather Langenkamp, jouant le rôle de Nancy, dévoile une adolescente combative et intelligente, alors que les adultes autour d’elle font mine de ne rien comprendre et ne rien voir.
C’est donc en travaillant avec l’imagerie des rêves, mais aussi avec des phénomènes réels, comme la paralysie du sommeil ou encore l’hypnose, que Wes Craven cristallise à lui tout seul tous les cauchemars que nous avons pu faire.

Avec très peu de budget, pour l’époque, Wes Craven réussi à construire un film qui fonctionne encore, même après trente ans. Le réalisateur a su s’entourer d’une équipe technique compétente, afin de mettre en place des systèmes permettant de créer l’angoisse. C’est ainsi que les équipes vont permettre à la créativité de Wes Craven d’exister, comme par exemple avec la scène mythique de la mise à mort de Tina où ils ont créé un cube tournant. Les effets spéciaux seront également mis en valeur par une photographie crépusculaire, ajoutant un côté fantastique à l’ensemble de l’oeuvre.
Wes Craven permet, avec ce film, aux personnages, mais aussi aux spectateurs, une expérience où tout le monde se retrouvent perdus entre la réalité et le rêve. Cette sensation accentue la sensation horrifique de l’omniprésence de Freddy Krueger, alors que celui-ci n’est pas toujours présent (Il apparaît seulement sept minutes sur la durée totale du long métrage). Le côté effrayant vient du fait que, de la même façon qu’il est impossible d’échapper à la mort, il est aussi impossible de ne pas dormir. Wes Craven joue donc sur le fait qu’il sera impossible de lutter contre le sommeil et donc que les personnages finiront par être confrontés à Freddy Krueger. Le réalisateur prend son temps pour travailler les traumatismes du spectateurs et il n’est jamais question de jumpscares. La peur se fait sur la durée et c’est ainsi que Freddy Krueger jailli de l’ombre, instaurant un sentiment de malaise immédiat…

Comme je le disais précédemment, Wes Craven met en scène une jeune héroïne qui se bat seule face à Freddy Krueger, puisque les adultes semblent ne rien voir. C’est ainsi que le réalisateur met en place une thématique qui reviendra assez souvent dans ses prochains films, celle de la cellule familiale fragilisée et dysfonctionnelle. C’est ainsi que Wes Craven montre qu’il est un véritable auteur dans ce monde de l’horreur. Avec cette histoire, le réalisateur nous offre une héroïne qui va devoir s’affranchir de sa famille, afin de survivre au monde extérieur. Ici, Nancy va devoir se dégager d’un père flic qui l’utilisera comme appât, mais aussi d’une mère alcoolique, n’hésitant pas à la droguer, afin de la forcer à s’endormir… Wes Craven dresse ainsi le portrait de parents en plein déni de la réalité, mais aussi en plein refus d’affronter un passé qui devient dangereux pour les générations futures.

Difficile de parler de ce film sans véritablement évoquer le personnage de Freddy Krueger, interprété par Robert Englund. Les Griffes de la nuit ne serait rien sans ce tueur devenu iconique instantanément. Sorti de l’imagination de Wes Craven, Freddy Krueger est reconnaissable à son corps brûlé, son chapeau, son pull rouge et vert, ainsi qu’à ses griffes. Cependant, le croquemitaine se démarque de ses concurrents, puisqu’il parle, contrairement à Jason Voorhees, Leatherface ou encore Michael Myers. Il parle d’une voix qui nous glace le sang, tout en enchaînant des punchlines d’un cynisme froid et blasphématoires. Freddy Krueger entre directement dans les esprits en étant malsain, en s’automutilant, mais surtout en étant fun. Le croquemitaine enchaîne les allusions sexuelles et les blagues, tout en restant créatif dans ses différentes mises à mort.

Wes Craven a offert un film qui marquera à tout jamais le cinéma, notamment avec sa figure du croquemitaine. L’auteur et réalisateur a su se démarquer des autres productions horrifiques des années 80 tout en étant référentiel (Evil Dead ou encore Vendredi 13). Les Griffes de la nuit ou A Nightmare on Elm Street a immédiatement marqué les spectateurs et c’est ainsi que la New Line a pu exister. Une saga est donc aussitôt mise en route pour nous offrir six suites, un crossover, ainsi qu’un remake que je vais tâcher de vous évoquer dans les prochains articles.


11 réponses »

  1. 1, 2, Freddy te coupera en deux… Comment oublier cette berceuse fatale, celle qui vous rend insomniaque à jamais. Comme tu l’as très bien dit dans ton texte, la mort comme le sommeil sont inéluctables, ainsi le film touche-t-il aux fondements même de la peur à travers ce spectacle d’horreur psychique (Clive Barker le rejoindra bientôt dans ces limbes avec son formidable Hellraiser). Il travaille également le refoulé d’une nation toute entière, en faisant de Freddy une sorte de M le Maudit de l’épouvante (on peut penser aussi à Fury, le premier Fritz Lang américain). Le cauchemar de ces ados est laissé en héritage par un pays coupable. N’oublions pas que sur Elm Street, à Dallas, on a fait sautera cervelle d’un président.

    Aimé par 1 personne

    • Les rêves et cauchemars m’ont tellement fasciné quand j’étais petit que ce film m’a marqué pour toujours… Hellraiser 1 et 2, à voir comme un seul et même film, est un chef d’œuvre du genre ❤️. Deux fabriquants de l’horreur comme on en fait plus !
      Je vais jeter un œil aux deux références que tu cites, je ne connais que de nom pour le moment !
      J’aimerais écrire aussi bien que toi 😍

      Aimé par 1 personne

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