Il existe certains rituels desquels on ne peut pas passer à côté. C’est le cas avec celui de découvrir le dernier roman de Lisa Gardner dès le début d’une nouvelle année. Celle-ci démarre donc avec la lecture de L’été d’avant publié et disponible depuis le 3 janvier 2024 aux Éditions Albin Michel. Une nouvelle immersion dans la ville de Boston, mais cette fois-ci avec un nouveau personnage. Succès garanti pour ce tout nouveau thriller ? 

La 4eme de couverture 

« Je m’appelle Frankie Elkin et je me suis donné pour mission de retrouver des personnes disparues – en particulier quand elles appartiennent à des minorités. Quand la police a baissé les bras, que les médias ne s’y sont pas intéressés, que tout le monde a oublié, c’est là que j’interviens. »

Frankie, la quarantaine, ancienne alcoolique, est un loup solitaire. Lorsqu’elle apprend qu’une adolescente haïtienne a disparu de Mattapan, quartier chaud de Boston, elle se jure de tout mettre en œuvre pour la retrouver, quitte à risquer sa peau.

L’été d’avant : Succès garanti pour ce tout nouveau thriller ? 

Le moins que l’on puisse dire c’est que L’été d’avant de Lisa Gardner nous emporte par l’intervention de son nouveau personnage, Frankie Elkin. On y découvre avec plaisir une femme têtue, intrépide, qui se cache derrière une auto-dérision et qui a cette faculté de faire parler les gens ou du moins de savoir comment les écouter. Si celle-ci dérange la police locale avec ses méthodes peu conventionnelles, on peut tout de même admettre qu’elle a toujours le chic pour mettre un bon coup de pied dans la fourmilière. Avec L’été d’avant, Lisa Gardner réussit à nous offrir le genre de personnage inoubliable que l’on voudrait retrouver très rapidement dans d’autres histoires. Et cela tombe bien, puisque deux autres romans avec ce personnage sont déjà disponibles outre Atlantique.
Ce sont aussi les fêlures du personnage qui marque le lecteur de manière indélébile. En effet, nous suivons une Frankie Elkin abîmée par la vie, par son passé d’ancienne alcoolique et qui n’a plus aucune attache. Celle-ci voue sa vie à une nouvelle forme de drogue, celle de résoudre des affaires non élucidées et de réussir à trouver quelqu’un de vivant…
La romancière nous immerge dans les pensées de son personnage et nous allons tenter de comprendre et de combattre ses anciens démons. L’alcoolisme n’est jamais trop loin et on pourrait même dire que celui-ci plane au-dessus de nous. La rechute n’est jamais vraiment loin et toutes les situations pourraient pousser notre personnage à sombrer de nouveau. Sauf que Frankie est forte ou du moins, elle se jette dans ces affaires comme une fuite en avant pour éviter de réfléchir et de donner du carburant à ses démons.

Lisa Gardner nous entraîne, une nouvelle fois, dans la ville de Boston. Le décor se plante tranquillement et nous permet de découvrir une nouvelle facette de cette ville. L’été d’avant nous immerge dans les quartiers sensibles où les différents gangs font régner la loi et où la pauvreté économique est forte. Celle-ci donne corps à chaque situation, à chaque coin de rue, si bien que l’on a cette impression d’y être et de tout ressentir. On sent la dureté du quotidien, de la difficulté des gens de s’en sortir, de prouver qu’ils peuvent rester sur le sol américain. On ressent aussi toute la tension qui émane de cette partie de la ville de Boston, de ses différents codes, comme une ville dans une ville. Parfois étouffant, le quartier donne cette impression d’être vivant et nous permet de sentir chaque odeur, d’entendre le bruit de la foule, des coups de feu, des hurlements. Le danger est toujours présent, mais se fait bien plus ressentir dès que la nuit tombe. La tension monte d’un coup et tout peut arriver.
Mais le quartier ne représente pas que la fureur et la violence, c’est aussi toute une communauté qui cherche à aller de l’avant, à s’entraider. C’est une culture qui se partage, qui se vit et où l’on retrouve des personnages incroyables. Entre noirceur de la nuit et journée colorée, L’été d’avant nous saisit par son côté social d’une très grande force.

Si jusque-là je n’ai pas parlé du fond du roman, à savoir l’enquête, c’est qu’il y a une assez bonne raison. Qu’on se le dise, ce n’est pas la partie la plus intéressante du roman et ce n’est vraiment pas celle qui restera gravée dans les mémoires. Avec une construction assez classique, bien que le côté intrépide de Frankie apporte un plus, et des retournements de situation que l’on devine assez facilement, L’été d’avant ressemble à un roman d’Harlan Coben mais avec un très bon personnage. Quelque chose de finalement trop classique pour émerveiller le lecteur rompu à ce style.
On suit donc l’avancée de l’enquête de Frankie pour en savoir plus sur elle et non pour retrouver cette jeune fille. Cruel constat donc d’avoir cette impression de faire partie de cette population qui abandonne toutes recherches après quelques semaines…

En bref, L’été d’avant est un roman où le décor reste plus intéressant que son enquête

Vous l’aurez compris, L’été d’avant de Lisa Gardner n’est pas la réussite escomptée, du moins de mon côté. Si le personnage principal de Frankie est remarquable, le reste l’est beaucoup moins. Mais ça reste assez pour donner envie de découvrir la suite des aventures de cette femme pas comme les autres. Par contre, ce nouveau roman de Lisa Gardner peut être une belle porte d’entrée pour découvrir la sensibilité de l’autrice, ainsi que pour se faire une petite enquête tranquille.