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Mort aux cons de Corbeyran et Saint-Georges : entre farce et polar

Dans cette adaptation du roman Mort aux cons au format bande dessinée, Éric Corbeyran et Alexis Saint-Georges continuent à explorer la connerie qui explose dans notre société moderne. Entre farce et polar, les deux compères n’ont pas fini de nous questionner et de nous glacer le sang. 

La 4eme de couverture 

« Contrairement à l’idée répandue, les cons ne sont pas réformables. Une seule chose peut les amener non pas à changer, mais du moins à se tenir tranquilles : la peur. Je veux qu’ils sachent que le temps de l’impunité est révolu.
Je compte à mon actif cent quarante meurtres de cons. Afin qu’ils ne soient pas morts pour rien, je vous enjoins de lire ce manifeste. Il explique le sens véritable de mon combat. »
Qui n’a jamais rêvé de tuer son voisin le dimanche matin quand il vous réveille à coups de perceuse ? Ou d’envoyer dans le décor l’automobiliste qui vous serre de trop près ?
Mais passé les premiers meurtres d’humeur qui le débarrassent des cons de son entourage, le héros prend peu à peu conscience de l’ampleur de sa mission.

Mort aux cons : entre farce et polar

Avouez, vous en avez eu envie, un jour, de tuer un con ! C’est ce que nous propose Éric Corbeyran en adaptant le roman, Mort aux cons, de Carl Aderhold. Ici, nous suivons un homme d’une trentaine d’années qui se laisse vivre et qui se rend compte que, faire disparaître un con permet à son quartier de mieux vivre. L’entraide est de retour, les voisins se parlent, s’inquiètent. C’est décidé, il va tuer tous les cons qu’il croisera. Avec un postulat aussi loufoque, on aurait pu craindre de tomber dans la farce totale. Cependant, le scénariste a su faire preuve d’un équilibre total pour rendre cette histoire aussi drôle que dramatique en jouant sur la noirceur de sa thématique. 

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Véritable réflexion sur notre société, Mort aux cons nous pousse à nous questionner sur ce sujet épineux. Comment reconnaître un con quand on en croise un ? Bien sûr, notre personnage trouvera de nombreuses caractéristiques (méchanceté, racisme, abus de pouvoir, harcèlement au travail, etc.), mais il faudra ici trouver une description parfaite pour ne pas faire d’erreur. Bien évidemment, le con est partout et nous sommes tous le con de quelqu’un d’autre. La partie se gâte et Éric Corbeyran fait en sorte de nous faire participer à cette quête de longue haleine. On ne va pas se mentir, le con est une espèce endémique. Il se reproduit plus vite qu’il ne disparaît. Il suffit de voir ce que l’on voit dans nos rues ou à la télévision pour s’en laisser convaincre. Notre société moderne, serait-elle un terreau adéquat pour voir la connerie exploser ? 

C’est toujours sur un ton de légèreté que Mort aux cons nous permet de suivre cette croisade doublée d’une enquête policière. Sous son aspect de farce, la bande dessinée nous entraîne dans une montée en tension constante, puisque l’entreprise risquée de notre anti-héros semble impossible à notre époque actuelle. C’est là que tout le travail du scénariste et du dessinateur Alexis Saint-Georges fonctionne à merveille, puisqu’ils ont réussi à nous faire entrer en empathie avec ce personnage que l’on aurait dû détester. Les dessins jouent avec le ton général de l’œuvre, puisque nous allons retrouver un certain réalisme dans les décors, tandis que Saint-Georges n’hésite pas à user de la caricature pour accentuer la farce, voire parfois la tension qui émane d’une scène. 

Mort aux cons : portrait d’un tueur en série

Si Mort aux cons est une belle farce mise en œuvre par Éric Corbeyran, c’est aussi un troublant portrait d’un tueur en série. Derrière l’amusement, il y a ce qu’il se passe en fond et l’horrible trajectoire d’un homme qui plonge dans une névrose psychotique. Les premières cases auraient dû nous alerter, puisque notre anti-héros jettera un jeune chat depuis son balcon. Aucune honte, aucun remords, la vie continue de son côté. Si la réflexion se base sur la reconnaissance du con, elle passe aussi par une vision assez sombre de notre société et sur cette violence qui continue à entrer dans notre quotidien. Cette bande dessinée nous offre le portrait d’un homme qui perd pied dans son quotidien, qui se trouve des excuses pour continuer à ne rien faire et qui voit sa réalité se déformer au fil des jours.

Derrière la farce, Mort aux cons glace le sang et nous emporte dans le sillage d’un homme qu’on ne peut lâcher en route. Si Dexter Morgan avait pu nous séduire avec son envie d’éliminer les criminels de Miami, ici Éric Corbeyran nous pousse dans nos retranchements et réveille cette sensation au fond de notre cerveau. Et si nous lâchions nos nerfs sur le prochain con ?
Pourtant la farce nous accompagne jusqu’au bout et c’est à ce moment précis que l’on se rend compte que le dessin d’Alexis Saint-George a tout fait pour nous faire entrer dans la réalité déformée du personnage. Les scènes de meurtres sont peu visibles, peu graphiques et donnent l’impression de nous passer au-dessus. On les voit et on ne réagit pas. Les multiples meurtres ne nous atteignent pas, l’empathie n’entre même plus en nous. C’est terminé, nous sommes définitivement con…

Mort aux cons d’Éric Corbeyran et Alexis Saint-Georges est disponible aux Éditions Jungle depuis le 20 janvier 2022. 


Pour vous procurer Mort aux cons, vous pouvez cliquer sur ce lien.


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