Cinéma

[CRITIQUE] : His House de Remi Weekes (2020)

Arrivé en octobre 2020 sur le catalogue du géant Netflix, on peut dire que His House, premier long-métrage de Remi Weekes, est l’une des victimes collatérales de la crise sanitaire. Pourtant, sa sélection dans la catégorie “Midnight” l’an dernier au festival de Sundance lui aurait peut-être donné une chance de briller davantage à l’internationale, que ce soit en forgeant une solide réputation lors de différents festivals de genre ou en bénéficiant d’une belle exploitation dans les salles obscures. Sans pour autant atteindre des sommets en termes d’entrée, comme peut le faire Conjuring 3, His House aurait pu trouver un public de niche. Qu’on se le dise, le film risque de finir noyé dans les multiples sorties et mauvais films disponibles dans la catégorie “horreur”. Preuve en est, puisque nous sommes en juin 2021 et nous n’en avons pas entendu parlé plus que ça, alors que Remi Weekes offre un long-métrage percutant et actuel.

Retour sur un film d’horreur psychologique qui mérite le coup d’œil. 

Un couple de réfugiés soudanais est accueilli en Angleterre et placé dans une maison de la banlieue défavorisée de Londres. Un logement insalubre qui ne tarde pas à devenir le théâtre d’apparitions fantomatiques…

His House est véritablement un film ancré dans notre actualité et percutant par bien des égards. On s’inscrivant dans plusieurs courants du cinéma au sens large, Remi Weekes nous questionne sur les vagues migratoires en direction de l’Europe et plus particulièrement vers l’Angleterre, mais également sur ce que les réfugiés ont eu à vivre pour en arriver ici. Entre misère sociale, racisme et fantômes du passé, His House ne laissera personne indifférent.
Le réalisateur s’inscrit pleinement dans ce long héritage qu’est la métaphore sociale que l’on pouvait déjà retrouver dans les années 70 avec un Massacre à la tronçonneuse, chez les morts-vivants de Romero ou plus récemment dans Get out de Jordan Peele. Sans forcément y voir une filiation, Remi Weekes entre dans ce qu’on peut appeler le “Black Horror”, tout en rappelant le côté social d’un Ken Loach. 

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Véritable histoire universelle d’une personne qui désire changer et qui voit son passé et sa nature refaire surface à chaque détour, His House nous plonge dans une histoire fantastique pour nous faire vivre les tourments de ses personnages. Qu’on se le dise, le long-métrage de Remi Weekes n’est pas exempt de défauts, mais ceux-ci se font vite oublier, tant nous sommes pris dans les réminiscences de ces traumatismes.
Il est indéniable que le peu de budget se fait ressentir tout au long de His House, mais le réalisateur arrive à en faire une force. Il y a un véritable savoir-faire dans le travail horrifique en nous proposant un folklore que nous ne connaissons pas véritablement. Entre inquiétante étrangeté et rite vaudou, le cinéaste nous plonge dans la folie d’un couple dont nous ne pouvons nous échapper. La peur est au rendez-vous sur quelques scènes et celles-ci fonctionnent vraiment bien grâce à un astucieux travaille du hors-champs, d’effets pratiques et surtout avec la présence de Javier Botet ([REC], Conjuring 2, Insidious : la dernière clé ou encore Ça, chapitre 2). 

His House marque le spectateur aussi grâce à son duo de protagonistes interprétés par Wunmi Mosaku (Lovecraft Country) et Sope Dirisu (Gangs Of London). Remi Weekes nous offre un couple qui se délite petit à petit sous nos yeux au sujet de l’intégration dans ce pays hostile. Alors que le mari fait preuve d’obstination pour s’intégrer, quitte à devenir le parfait petit blanc qui vit dans sa banlieue (la scène du centre commercial parle pour elle-même), sa femme, quant à elle, désire garder ses racines, quitte à mettre en péril son intégration. Une seule chose les relie : la peur et la culpabilité.
Et c’est celle-ci qui semble vivre dans les murs de cette nouvelle maison et qui souhaite dévoiler quelques secrets. La métaphore est belle et elle l’est d’autant plus lors de scène métaphorique nous montrant les noyés revenir à la vie pour prendre celle de notre protagoniste. La mise en scène se renouvelle et lorsque l’on croit l’aspect social se fait oublier, His House use d’un twist qui nous frappe comme un uppercut émotionnel qui sera difficile à oublier…

Difficile d’en dire plus sans en dévoiler la substance, Remi Weekes s’avère être un artisan de l’horreur psychologique du même niveau qu’un Mike Flanagan. Il ne reste plus qu’à espérer que son His House face assez d’effet pour que l’on puisse de nouveau voir le cinéaste derrière une caméra et que l’on puisse surtout découvrir le résultat sur grand écran. 

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