Aujourd’hui, c’est chronique d’un lecteur pas content sur un roman qui évoque de méchants nazis !
Je vous parle du roman de Maud Tabachnik, La mémoire du bourreau publié aux Éditions Le Masque.
La 4eme de couverture
Anton Strübell, ancien commandant de camp SS vit paisiblement comme un riche aristocrate sous la protection du gouvernement syrien. Son fils Gerhardt vient recueillir ses abominables souvenirs afin de les diffuser sur Internet. Anton Strübell raconte … Son idéal, son combat, ses espoirs mais aussi sa vie d’homme, sa femme et ses enfants. Mais au fil des entretiens, Gerhardt supporte de plus en plus mal le passé de son père, empreint de mort, de violence et de cruauté.
La mémoire du bourreau : méchant nazi, méchant !
L’idée de base, proposée dans La mémoire du bourreau, est intéressante, puisque l’autrice nous permet de voir les atrocités de la Seconde Guerre mondiale du point de vue d’un ancien officier SS qui était en faction dans un des camps de concentration. Tout part de l’envie d’un fils de faire connaître au monde entier les souvenirs de son père, afin de faire perdurer les idées d’Hitler à travers les âges. Le début du roman est à la fois fascinant et déstabilisant, tant la froideur du personnage nous saute au visage. L’homme déroule le récit de sa vie et se remémore certains passages bien précis que nous avons pu voir dans des reportages à la télévision. La plume de Maud Tabachnik permet immédiatement de pouvoir se projeter, à la fois dans ce face-à-face entre un père et un fils, mais également dans cette période trouble de notre histoire. L’autrice déroule son histoire avec une facilité déconcertante, si bien que le roman est lu en seulement quelques heures, même s’il faudra faire quelques pauses pour endurer la difficulté de certaines scènes.
Maud Tabachnik n’a pas froid aux yeux, puisque ce roman explore le passé d’un ancien SS qui croit encore au bien-fondé des actes du troisième Reich. C’est assez déroutant de découvrir un pan de notre histoire avec le point de vue de l’ennemi et donc de comprendre comment de tels actes pouvaient être perçus par les autres, mais également par les allemands eux-mêmes. Le récit de cette histoire est à glacer le sang et permet de se rendre compte que tout n’était pas rose et qu’il y a eu une belle dose de révisionnisme dans nos livres d’Histoire du collège et du lycée. L’homme nous parle de ses quelques années en France où il a pu rencontrer certaines stars du showbiz et certains auteurs qui partageaient les idées nauséabondes d’Adolf Hitler. Certains passages sont difficiles et douloureux à admettre, tant les pays en guerre contre l’Allemagne ont longtemps fermé les yeux…

Malheureusement, La mémoire du bourreau tourne rapidement au vinaigre quand on se rend compte que la psychologie du personnage ne dépasse pas le pilier du comptoir… Le vieux nazi s’avère être un méchant nazi et il n’y a rien d’autres à ajouter. Alors oui, l’autrice nous montre un homme endoctriné ou qui, du moins, croit dur comme fer à la nécessité de tous les actes commis durant cette triste de période. L’homme explique qu’en bon toutou soldat, il a seulement répondu aux ordres et qu’il n’a pas réfléchi aux conséquences de leurs actes. Il a obéi, il a exécuté et c’est tout. La question du bon et du mauvais nazi est légitime, mais ce n’est pas ce que vous aurez vraiment ici, puisque le roman de Maud Tabachnik dispose d’une bonne dose de manichéisme crasseux… La toute fin viendra enfoncer le clou de la médiocrité avec un final que l’on a que trop vu au cinéma ou dans la littérature.
On peut tout de même sauver le personnage du fils qui prend conscience des horreurs commises par son père, avec plus de 40 ans de retard, et qui va mettre en place tout un stratagème pour se venger de son père. Ce n’est pas transcendant, mais c’est assez jubilatoire.
Vous l’aurez compris, mais si La mémoire du bourreau démarre de la meilleure des façons avec un récit noir, fascinant et glaçant, le roman perd très vite de son éclat… La promesse n’est pas tenue et on se retrouve devant un personnage bien trop commun que l’on a pu voir dans une bonne flopée d’oeuvres mettant en scène des méchants nazis… À lire tout de même si vous souhaitez avoir un nouvel éclairage sur la politique de l’époque, mais vous n’aurez rien de plus. Dommage.
Catégories :Littérature
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