Plongeons dans une affaire judiciaire britannique avec la bande dessinée Mary Bell, l’enfance meurtrière de Théa Rojzman au scénario et Vanessa Belardo au dessin publiée aux Éditions Glénat. L’occasion pour moi de vous parler de LA bd de ce début d’année 2025 et surtout de la bd RTL de février en partenariat avec Cultura
Le résumé :
Dans les histoires policières, il y a le qui, le comment et le pourquoi d’un crime. Gitta Sereny, journaliste spécialisée dans les enquêtes sur les racines du mal au sein des rangs nazis, aborde le cas Mary Bell par cette dernière question. Mary Bell est cette petite fille de 10 ans, qualifiée de psychopathe par la presse, et condamnée à la prison à perpétuité pour le meurtre de Martin Brown, 4 ans et de Brian Howe, 3 ans, par étranglement. Le procès est expéditif et personne n’interroge alors les raisons de ces actes monstrueux qui font scandale dans la Grande Bretagne en 1968. Gitta est bouleversée par ce qu’elle découvre …Vingt-sept ans après les faits, décidée à comprendre ce drame, elle demande à Mary Bell, finalement libérée et mère d’une petite fille, de révéler toute sa vérité. Elles plongent alors ensemble dans les souvenirs de Mary, en quête de révélations douloureuses mais aussi de réparations.
Mary Bell, l’enfance meurtrière : Une bande dessinée troublante
Tout part d’une envie de participer à un recueil chez Fluide Glacial traitant avec humour noir des tueurs en série et autres psychopathes. Sauf que Théa Rojzman ne trouve, dans un premier temps, aucun cas intéressant du côté de la gente féminine et c’est ainsi qu’elle va pousser ses recherches et tomber sur le cas de cette jeune fille accusée du meurtre de deux jeunes garçons de son quartier. Ni une, ni deux, la scénariste décide de travailler sur son cas en prenant appui sur le roman de Gitta Sereny, Une si jolie petite fille : Les Crimes de Mary Bell. Il ne sera cependant pas question de traiter de ce cas judiciaire avec une approche humoristique, bien au contraire, mais de nous offrir une plongée dans la psychologie de l’enfance et dans ce qui a poussé cette petite fille à commettre l’irréparable.
Vous l’aurez compris, Mary Bell, l’enfance meurtrière est un très beau travail d’investigation judiciaire et de mise en lumière d’un cas qui avait défrayé la chronique à l’époque. Théa Rojzman nous livre ici une œuvre poignante, sombre et au dénouement aussi triste que glauque, faisant de cette bande dessinée un récit à ne pas mettre entre toutes les mains. À la fois travail d’enquête de la part d’une journaliste et travail psychanalytique pour découvrir la vérité, la scénariste nous immerge dans les souvenirs, les pensées et les cauchemars d’une petite fille.
110 pages d’une bande dessinée qui nous attrape par le col et qui nous immerge dans l’horreur du quotidien, dans ce qui peut tout faire basculer et surtout dans une vie qui pourrait être celle de notre voisinage. La scénariste nous questionne tout au long de cette œuvre et nous pousse dans nos retranchements. Est-on responsable de nos actes en étant si jeune ? Naît-on mauvais ou le devient-on par la force des choses ?
Mary Bell, l’enfance meurtrière nous enfonce petit à petit dans l’horreur, dans la noirceur humaine, si bien qu’il est difficile de remonter à la surface. Théa Rojzman nous montre à quel point la vindicte populaire, les journalistes et la justice se sont précipités pour jeter en pâture cette jeune fille. On sent que l’enquête n’a pas été aussi loin, alors que tout était là pour atténuer la peine. On découvre ainsi l’environnement familial de Mary Bell avec un père alcoolique, une mère prostituée et droguée qui ne l’aimait pas et surtout une révélation glaçante qui arrive après un long combat de la part de cette jeune fille pour remonter un traumatisme à la surface. Le dessin disparaît pour laisser place à deux pages noires à l’écriture blanche. La vérité nous éclate à la tronche et on termine cette bande dessinée avec l’estomac au bord des lèvres face au manquement de notre société et de certains services…
Pour ce qui est du dessin, Vanessa Belardo nous offre un travail d’une très grande qualité et mettant en scène avec précision cette histoire à la noirceur difficile. On alterne entre le passé, le présent et les pensées de Mary Bell sans s’y perdre une seule seconde. La dessinatrice joue avec les couleurs pour nous plonger dans les différentes époques et dans les cauchemars de cette jeune fille avec une force incroyable. On reste scotché face à ce travail qui met en lumière les traumatismes de cette affaire et de la vérité qui était restée enfouie dans l’esprit torturé de Mary Bell.
En bref, Mary Bell, l’enfance meurtrière de Théa Rojzman et Vanessa Belardo est une oeuvre essentielle
Vous l’aurez compris, j’ai eu un énorme coup de cœur pour cette bande dessinée aussi sombre que percutante. Mary Bell, l’enfance meurtrière est le genre d’œuvre à ne pas mettre entre toutes les mains, tant la révélation est glaçante. Cependant, Théa Rojzman et Vanessa Belardo nous offrent un récit incroyablement beau, dur et surtout essentiel. C’est pour moi LA bd de ce début d’année et celle-ci pourra plaire aux amateurs de true crime, de psychologie et de journalisme.
SCENARISTE : THÉA ROJZMAN
DESSINATEUR : VANESSA BELARDO
Date sortie : 26 février 2025
Pagination : 128 PAGES
EAN : 9782344046272
Prix : 22,50 €





Chronique très réussie et qui donne envie. Merci à toi 🙏 😘
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