Il y a des auteurs qui font une entrée fracassante dans notre vie, que ce soit avec un seul roman qui nous retourne ou par toute une série qui nous happe et qui nous suit durant de nombreuses nuits. Le romancier Vincent Villa fait clairement partie de la première catégorie. Je me souviens encore comme si c’était hier de ma découverte de son roman #Je suis Lilly paru en 2021 aux Éditions du 123. Celui-ci revient, cette fois-ci en tant qu’ auto-édité, pour nous proposer une suite avec Le cimetière des enfants perdus. Une plongée dans les crimes à caractère sexuelles et pédophiles. Tout un programme…

La 4eme de couverture

Les habitants de Toulouse sont saisis par l’angoisse et la stupéfaction. Quatre élèves de CM2 appartenant à autant d’écoles différentes disparaissent le même jour, happés par le néant, peut-être devenus les jouets d’un réseau pédocriminel. Responsable de la brigade de protection de la famille, Stéphanie Wang s’engage dans une enquête qui confine à un jeu de piste aussi diabolique que déroutant. Dans le même temps, un juge d’instruction de la ville rose, Paul Raynaud, est assassiné avec un sadisme outrancier évoquant une punition pour crimes sexuels sur mineurs. Chargé des investigations, le commandant Paolo Costa, policier écorché vif dans #JE SUIS LILLY, s’aperçoit vite que ce dossier va s’incruster au plus profond de sa chair, agiter ses tourments les plus intimes et lui proposer un voyage sordide au cœur du Mal.

Le cimetière des enfants perdus : un roman noir, très noir

On ne va pas y aller par quatre chemins, je ne vais pas vous faire miroiter la conclusion trop longtemps. Le cimetière des enfants perdus est mon coup de cœur de ce dernier trimestre. Tout est là pour ravir l’amateur de roman très très noir, de sensations fortes et d’enquêtes aussi complexes que perturbantes. Voilà, c’est dit et je rajouterai que je ne comprends pas pourquoi Vincent Villa n’ait pas trouvé d’éditeur pour ce roman, surtout lorsque l’on voit tout ce qui peut bien sortir depuis ces dernières années. Bref, là n’est pas la question. Avec ce roman, l’auteur nous plonge directement dans le bain avec l’enlèvement de plusieurs enfants en pleine rue et surtout en plein jour, ainsi qu’avec le meurtre sordide d’un juge d’instruction qui semble avoir eu quelques facilités à relâcher un pédocriminel. Quel est le lien entre ces deux affaires, dont l’une devient plus urgente que l’autre ? Le romancier nous happe avec une facilité déconcertante dans cette course contre la montre et dans ce mystère qui ne fera que s’épaissir au fil des pages. 

Qu’on se le dise, Vincent Villa maîtrise sa thématique, ses effets et le pouvoir de l’imagination. Si je parle d’un roman noir qui pourra heurter quelques sensibilités, ce n’est pas par ses scènes choquantes. Au contraire, Le cimetière des enfants perdus ne fait pas dans la gratuité, ni dans le sensationnel. Le romancier nous parle de violences sexuelles à caractère pédophile sans pour autant entrer dans les détails. C’est notre imagination qui fait tout le travail et autant vous dire que certains passages seront particulièrement difficiles à digérer. On sent qu’à travers le divertissement, Vincent Villa veut mettre en garde face à une réalité que l’on voudrait ne pas voir. Le romancier joue avec la véracité de certains faits, use de faits divers réels pour appuyer son propos et pour nous plonger dans un roman qui pourrait avoir des allures de vérité…

Déroutant, troublant, Le cimetière des enfants perdus ne laissera personne sur le côté, puisque l’enquête ne nous laisse aucune minute de répit dans cette histoire. On plonge corps et âme dans cette quête de vérité et l’on voudrait bien mettre à jour ce réseau qui sévit dans la région de Toulouse. Sauf que ce n’est pas aussi simple que cela et Vincent Villa joue avec les fausses pistes et les personnages pour nous induire en erreur, pour nous faire plonger dans le moindre piège et surtout pour troubler nos sensations, nos émotions et notre empathie. Autant dire que l’on ne ressort pas indemne de ce roman noir. 

Tout sera exacerbé dans cette histoire et notre envie de donner un grand coup dans la fourmilière se fera grande. La loi du Talion est là dans un coin de notre tête et Vincent Villa le sait. On lit ce roman avec les tripes au bord des lèvres, les poings serrés et cette furieuse envie de tout casser. Sauf que tout n’est pas noir dans ce monde pourri et il existe encore des personnes avec un coeur et une envie de faire les choses bien, de mettre en lumière les agissements de certaines personnes, peu importe le milieu social dont ils appartiennent. Mais le thème de vengeance est au centre de cette histoire et sans entrer dans les détails, c’est ce sentiment qui nous tient, qui nous fait résister à toutes les horreurs que l’on imagine et que l’on comprend au fil des pages. Du coup, comment ne pas suivre la voie d’un système qui se venge plutôt qu’un système qui semble gangrené de l’intérieur ? Vous aurez les réponses en lisant Le cimetière des enfants perdus de Vincent villa

En bref, Le cimetière des enfants perdus de Vincent Villa est une réussite totale

Vous l’aurez compris, cette lecture m’aura marqué de bien des façons. Que ce soit par l’écriture quasi-chirurgicale du romancier, par ses thématiques complexes, terribles et pourtant si réelles ou tout simplement par cette sensation primale de vouloir mettre en place une certaine violence pour en arrêter une autre. Vincent Villa nous malmène dans son cinquième roman et on en redemande ! Le cimetière des enfants perdus est le genre de roman que l’on ne peut oublier si facilement et il rentre avec une facilité déconcertante dans mes meilleures lectures de cette année 2024. Je ne sais pas ce qu’il vous faut de plus.