
On le sait, on attend chaque fin d’année avec impatience pour découvrir la dernière œuvre de Maxime Chattam. 2024 ne déroge pas à la règle, puisque le romancier est revenu le 31 octobre avec Prime Time, un thriller haletant publié aux Éditions Albin Michel.
La 4eme de couverture
Pendant que des millions de téléspectateurs regardent le journal télévisé de 20 h sur la première chaîne nationale, un homme masqué, à la voix déformée, prend en otage le présentateur vedette.
Si le direct est coupé, il le tue. Alors que le GIGN, le procureur, les politiciens et la direction de la chaîne s’agitent en régie, un jeu de manipulation démarre entre le négociateur et le preneur d’otage.
Prime Time : un thriller haletant
Ouvrir Prime Time de Maxime Chattam, c’est prendre le risque de ne plus pouvoir le refermer avant de l’avoir terminé. Il faut dire que le romancier met tout en place pour nous maintenir captifs de son récit très resserré. Pourtant, tout commence de manière assez simple avec quelques scènes du quotidien mettant en place trois de nos personnages. Le présentateur vedette du plus grand JT national, voire européen, profitant de ses derniers instants de calme dans sa maison secondaire. Une jeune journaliste qui semble avoir chaque jour le même rituel avant de se rendre à son travail, dont on découvre un passé plus sombre, ainsi qu’un membre du GIGN revenant d’une mission et prenant en pleine face la possible rupture avec sa compagne. Trois personnages, trois destins qui, on le sait, vont s’entrechoquer par la suite. Une ouverture assez calme, comparé à ce que Maxime Chattam nous avait habitué.
Par la suite, on plonge dans l’effervescence de la préparation du JT de 20 heures. On découvre ainsi les coulisses d’un monde que l’on voit chaque jour et qui pourtant nous reste partiellement inconnu. Le romancier nous offre une immersion complète dans cette fourmilière qui s’active avant l’heure fatidique. Et puis, le drame arrive. Le JT ne se déroule pas comme prévu. Un homme masqué fait irruption, prend en otage le présentateur devant des millions de téléspectateurs. Armé, voix déformée, le peuple a ses pieds. Maxime Chattam nous cloue sur place et on ne peut que lire Prime Time en apnée après cet événement. Tout prend alors une tournure totalement différente et on ne peut plus réellement savoir où l’auteur va nous emmener. On lit, on regarde, on subit la prise d’otage. On reste éveillé comme on l’aurait fait si cela s’était produit et on se souvient de notre nuit, de nos jours passés devant notre poste de télévision suite aux attentats du 11 septembre, mais aussi devant ceux du 13 novembre 2015…
Prime Time se transforme alors très rapidement en un thriller implacable. Jouant sur une tension constante et sur la possibilité d’un retournement de situation qui peut arriver à n’importe quel moment. Maxime Chattam nous immerge alors dans la cellule de crise mise en place par l’équipe du GIGN. On découvre un métier de l’ombre, une force de frappe et de stratégie. On plonge en plein cœur d’une organisation qui met tout en place pour trouver une solution, pour réussir à trouver une porte de sortie non violente, en manipulant la personne en face. Le roman devient alors plus psychologique, nous permettant d’interagir directement avec l’individu preneur d’otages. On lit en apnée la conversation qui se tient entre cet homme inconnu de tous et cette journaliste qui n’a rien demandé. On découvre cette partie d’échecs qui peut nous permettre de déceler des failles psychologiques, des portes d’entrées pour aller plus loin. On redoute alors n’importe quel événement, n’importe quelle saute d’humeur. La tension est constante, elle ne chute jamais, mais elle peut exploser à tout moment. Prime Time est le genre de roman qui se vit, qui fatigue et qui transforme son lecteur au fur et à mesure des pages.
Prime Time : observation de l’humain
Prime Time c’est aussi une critique du monde de l’information qui a énormément évolué en peu de temps. Un univers qui s’est vite transformé en un spectacle constant, jouant sur les news en continu et sur les mauvaises nouvelles pour nous maintenir devant nos écrans. On découvre un monde où l’argent fait bouger les choses, où elle est le moteur de la façon dont l’information est traitée et envoyée vers le consommateur. C’est un univers impitoyable, avide de sensation, de pouvoir et d’audimat, se rapprochant, parfois, de la télé-réalité. Maxime Chattam nous renvoie à notre propre condition et à notre besoin de ralentir lorsqu’un événement tragique se joue devant nos yeux. Comme je l’ai évoqué plus haut, difficile lors de notre lecture de Prime Time de ne pas se dire que l’on aurait été scotché à notre écran durant toute la nuit pour suivre cette prise d’otage, découvrir le dénouement, quitte à voir l’horreur face à nous.
Dans ce roman, l’auteur évoque d’autres thématiques tout aussi intéressantes. Il parle de notre monde économique qui s’écroule, qui laisse des personnes sur le carreau et dont on ne s’occupe plus. Il nous parle d’une société qui ne fait plus union, qui laisse les choses se faire sans intervenir, qui regarde la politique tout détruire. Mais aussi d’une société patriarcale qui a bien profité de la situation durant de nombreuses années et qui sent le vent tourner. Des constats qui peuvent paraître simples, mais qui prennent un tout autre écho durant ce Prime Time. Nous sommes happés par notre lecture et l’on déguste chaque mot et l’on prend surtout le discours qui nous parle le plus. Tel le preneur d’otage, Maxime Chattam tente de faire bouger les consciences.
Mais malgré ce constat alarmiste, mais réel de notre société contemporaine, Prime Time se tourne vers l’autre, semble moins vouloir aller vers la noirceur. Au contraire, notre empathie est mise à contribution durant les différentes prises de paroles entre le preneur d’otage et cette jeune journaliste qui s’ouvre à lui. On découvre des personnages marqués par la vie, qui tentent le tout pour le tout pour se faire entendre, pour se sentir vivant, pour se mettre à l’abri. Bien sûr, la tension est présente, mais on en vient à vouloir que tout se termine bien, que chacun puisse récupérer ce qu’il souhaite…
En bref, Prime Time de Maxime Chattam est le thriller parfait de cette fin d’année
Vous l’aurez compris, j’ai été conquis par ce retour au thriller de Maxime Chattam. Le romancier nous immerge en plein cœur d’une prise d’otages et joue sur une tension constante pour nous maintenir dans son récit. On le dévore en apnée, on subit les événements et pourtant, on fait le choix de rester devant, d’espérer des choses, d’avoir cette sombre pensée de vouloir du divertissement malgré l’horreur qui se joue devant nos yeux. Prime Time est un thriller plus intelligent qu’il n’y paraît et pourrait bien vous pousser dans vos retranchements et dans vos réflexions. Une très belle réussite !
Ça fait plaisir de te lire et te voir que tu es enfin de retour. Merci à toi pour la chronique 🙏 😘
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Et moi de te savoir toujours au rendez-vous 😁
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😊
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Attends, ça fait combien de pages ? Je ne lis plus Chattam à cause du syndrome du pavé…
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On est sur du 550 pages 🙂
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Seigneur Djizeuss ! Je ne peux pas. Il n’y a que Stephen King qui puisse m’inciter à rentrer dans un tel pavé…
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J’en sors et j’ai adoré. Du divertissement, certes, mais qui fait diablement réfléchir !
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Je me demandais justement ce que valait ce nouveau Chattam. J’ai bien envie de le lire à mon tour ^^
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