Claire Favan fait partie de cette catégorie d’auteur et d’autrice qui ont marqué le monde du polar et du thriller avec un roman hors du commun et qui fait toujours figure de classique bien des années après. Pourtant, je n’ai jamais pris le pli. Je n’ai jamais suivi ses sorties de près, si bien que j’achète de temps en temps un format poche pour le faire dormir dans ma PAL. C’est le cas ici de Miettes de sang publié aux Éditions du Toucan et en format poche chez Pocket. Quelle erreur de laisser traîner ce genre de roman à l’atmosphère dépressive. Un régal !

La 4eme de couverture

Poplar Bluff, petite ville du Missouri. Aux yeux de ses habitants, Dany Myers est un raté, un faible, indigne du souvenir qu’a laissé son père, ancien et bien-aimé capitaine de la police locale. Poussé par sa mère à rejoindre à son tour les forces de l’ordre, il y exécute sans broncher les tâches subalternes, encaisse les vexations et fuit tout conflit. Jusqu’à ce qu’une étrange vague de meurtres, suivie de suicides, endeuille la communauté.
Cette affaire, que tous souhaitent étouffer, sera son affaire. Pour la première fois de sa vie, Dany brisera le silence – à ses risques et périls…

Miettes de sang : un roman policier à l’atmosphère particulière

On ne va pas y aller par quatre chemins, Miettes de sang de Claire Favan est un très bon roman policier. Le genre qui se dévore en quelques heures, tant l’intrigue s’avère aussi simple qu’intrigante. On plonge tête baissé dans cette série de meurtres qui secoue les autorités locales et qui les mets potentiellement en danger. Enfin ça, c’est le personnage de Danny qui le déduit. Le reste de l’équipe n’y croit pas, ferme les yeux et subissent l’escalade des meurtres. Mais si le roman s’avère aussi bon, c’est grâce au travail de sa romancière. Claire Favan nous offre une enquête maîtrisée d’une main de maître et qui ne laisse rien au hasard. On s’immerge dans cette affaire avec une facilité déconcertante, d’autant plus que celle-ci y ajoute une atmosphère particulière. On pourrait parler d’une histoire austère, au ton dépressif et ce n’est pas l’évolution que prendra cette histoire qui nous fera changer d’avis.

N’ayant pas lu la totalité de l’oeuvre de la romancière Claire Favan, il serait difficile d’affirmer que Miettes de sang tient une place à part dans sa création. Cependant, celui-ci se démarque tout de même aisément des autres que j’ai pu découvrir. On laisse de côté les histoires de tueurs en séries ou d’individu prenant le chemin du mal. Ici, on suit un personnage unique, que l’on pourrait presque identifier comme un anti-héros, mais qui ne fait pas dans la violence, bien au contraire. Danny est un jeune homme au quotidien assez compliqué, puisqu’il est le souffre douleur de son unité au sein de la police. Malgré le fait qu’il soit le fils de l’ancien chef, l’équipe ne compte pas lui cirer les bottes et l’envoie faire les basses besognes, alors qu’il a toutes les qualités requises pour faire un très bon inspecteur. Ce n’est pas tout rose non plus à la maison, puisque celui-ci habite toujours chez sa petite maman qui le méprise au plus haut point. Une vie misérable qui s’offre à nous et qui ne joue pas pour autant sur notre pitié, bien au contraire. On se surprend à aimer Danny, son côté humain, son côté perspicace et surtout lorsque celui-ci commence à remuer la merde dans sa petite ville et dans son entourage.

« Dans cette ville, son image de fils à maman indigne du souvenir que son père a laissé lui colle à la peau. Chaque fois qu’il croise quelqu’un, son regard reflète sa médiocrité et lui renvoie son statut de raté. »

Comme à son habitude, Claire Favan nous offre la possibilité de plonger dans l’horreur humaine, sans pour autant s’appesantir sur les détails gores. Dans Miettes de sang, l’horreur se veut psychologique. Le genre qui te retourne un homme, qui te percute et qui détruit ta vie à tout jamais. C’est le personnage qui en fera les frais en donnant un grand coup de botte dans la fourmilière. En suivant son réveil et sa crise d’identité, le lecteur découvre avec stupeur le passé d’une équipe qui n’était pas toute rose. Alors que tout le monde le mettait en garde, Danny fonce tête baissée dans l’horreur d’un passé que l’on voulait oublier, faire disparaître. Personne n’était prêt à voir ce genre d’histoire réapparaître, tant est si bien que la folie n’est jamais très loin. Avec son écriture simple et nerveuse, Claire Favan nous embarque dans cette quête de vérité qui nous explose à la tronche. L’aspect dépressif prend de l’ampleur au fil des pages et se termine en apothéose, si bien que Miettes de sang marque son lecteur de façon durable.

En bref, Miettes de sang de Claire Favan est un roman policier marquant

Vous l’aurez compris, Claire Favan nous offre un roman policier qui marque son lecteur comme il faut. En jouant sur son atmosphère particulière et sur ce personnage qui se réveille, prend l’ascendant et remue la merde, Miettes de sang nous apparaît comme un récit plein de force dans cette descente en enfer. C’est fort, on s’attache au personnage de Danny et on s’immerge totalement dans ce passé trouble qui fera tout exploser. Plus je découvre les oeuvres de cette autrice et plus je comprends sa place dans la sphère du thriller et du roman policier français. Si j’ai un dernier conseil à vous donner, c’est de vous jeter sur ce roman, de prévoir deux jours tranquille et de le dévorer d’une traite.