Danzai Lock T.1 de Yasuko Kobayashi : une dystopie carcérale qui nous questionne

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Danzai Lock est la nouvelle série disponible chez les Éditions Doki-Doki depuis ce mois d’avril 2024. Ce manga, lancé au Japon en 2022 sur le site Comics Days des éditions Kōdansha, jouit d’une petite réputation et cela est sans doute dû par le fait que ce soit la scénariste Yasuko Kobayashi qui soit derrière le projet. Si ce nom ne vous dit rien au premier abord, sachez que c’est elle qui est derrière le script de l’anime de L’Attaque des Titans et de plusieurs arcs de JoJo’s Bizarre Adventure. Un gage de qualité pour cette nouvelle série qui pourrait bien plaire à de nombreux amateurs. 

Ça parle de quoi Danzai Lock ?

Fort d’un pitch très intéressant, Danzai Lock se déroule au Japon dans un futur plus ou moins proche où toutes les personnes âgées de plus 15 ans et causant le décès de quelqu’un sont systématiquement condamnées à mort, quelle que soit la nature du crime (meurtre avec préméditation, accident de la route ou accident domestique, homicide involontaire, légitime défense, etc.). Ces condamnés à mort sont alors envoyés dans le 6eme District Carcéral, une prison coupée du reste de la population et à ciel ouvert. Le tableau ne semble pas si noir pour nos personnages, mais c’est sans compter sur le machiavélisme de Yasuko Kobayashi. Celle-ci met en place un élément supplémentaire pour pimenter l’histoire, puisque les prisonniers vont être équipés d’un bracelet leur indiquant le temps qu’il leur reste à vivre avant qu’une pulsation électrique se déclenche via un collier… Cependant, les condamnés à mort peuvent obtenir un peu de temps de vie supplémentaire par divers moyens (en travaillant, en jouant à des jeux, en le volant aux autres). En bref, Danzai Lock met en place un univers très riche et aux possibilités infinies en un seul volume. 

Si cet univers riche vous fait un peu peur, n’ayez crainte puisque la scénariste réussit à tout nous expliquer de manière limpide avec un dialogue entre un jeune condamné à mort et Yûshin, un moine se rendant dans le 6eme District, ou bien encore avec les décors qui dévoilent de nombreuses choses. Mention spéciale pour le dessin de Masaki Nonoya qui réussit à faire vivre cet univers avec précision et sans entrer dans la violence extrême. C’est sombre, parfois brutal, mais sans jamais partir dans l’exagération. On arrive d’ailleurs à ressentir les diverses émotions qui peuvent traverser les différents personnages. Vous l’aurez compris, tout est maîtrisé dans ce Danzai Lock

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On ressent également ce savoir-faire au niveau de la caractérisation de nos personnages principaux. D’un côté, nous avons donc Yûchin, ce moine venu répandre la bonne parole avant les mises à mort, mais qui cache une mission bien précise et surtout une profonde haine viscérale contreles meurtriers. Bien évidemment, on sent que tout cela cache quelque chose de plus grave, de plus intense et provenant d’une histoire personnelle tragique, que l’on découvrira plus tard dans cette histoire. De l’autre, nous retrouvons le personnage de Kunoji, qui occupe le rôle de bourreau au sein du district. Cependant, on découvre assez vite que celui-ci se montre particulièrement empathique envers les criminelles et qu’il s’occupe d’une petite fille de huit ans. Le mystère est total, les questions fusent dans notre esprit et Yasuko Kobayashi nous a pris dans ses filets en seulement quelques cases. 

Danzai Lock : une oeuvre qui nous questionne

Vous l’aurez compris, Danzai Lock n’utilise pas ce milieu carcéral et ce côté dystopique uniquement pour nous divertir. Derrière tout cela, il y a une volonté claire de nous interroger, de nous bousculer et nous ouvrir les yeux sur le rapport à la justice et à la mort de notre société. Dans un premier temps, on essaie de comprendre comment un pays comme le Japon a pu basculer dans cet extrême et surtout si on peut toujours y voir une forme de justice ici. D’ailleurs, on se laisse prendre à ce questionnement et on s’imagine quelques instants dans ce milieu carcéral. Est-ce que l’on essaierait de vivre le plus longtemps possible ou est-ce que l’on se laisserait mourir ? À quoi bon de toute façon quand le destin est scellé…
Yasuko Kobayashi tiraille notre conscience en jouant avec ses deux personnages aux visions opposées. D’un côté, nous avons la clémence et de l’autre cette envie de voir chaque prisonnier mourir à la fin de leur peine. Deux visions extrêmes qui vont pourtant se mélanger et je l’espère à l’avenir, montrer toutes les limites et les injustices d’un système comme celui-ci. 

Vous l’aurez compris, ce premier tome de Danzai Lock nous offre de nombreuses choses et nous promet encore beaucoup d’autres. S’il est encore trop tôt pour réellement se prononcer à la fin de cette longue introduction, force est de constater que Yasuko Kobayashi semble avoir pensé à tout et qu’elle aura encore de belles choses à nous raconter dans les prochains tomes. En attendant, Danzai Lock mérite réellement d’avoir un développement à la hauteur de la richesse de son environnement et de son concept dystopique. Pas besoin de vous faire un dessin, c’est un beau oui de mon côté et j’ai hâte d’avoir la suite (le 5 juin prochain).

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Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. Avatar de laplumedelulu laplumedelulu dit :

    c’est pas ma came, mais merci beaucoup pour la chronique 🙏 😘

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