Coup de coeur

Body Language de A.K. Turner : une nouvelle héroïne est née

Parfois, nous arrivons à un moment fatidique dans l’année, celle de la pile à lire qui déborde. Entre les romans qui traînent dedans depuis déjà quelques années, les nouveautés de 2022 qui commencent à ne plus réellement en être et ceux qui arrivent chaque semaine, nous pouvons très vite nous sentir débordés. On commence donc à faire certains choix, à privilégier des titres plutôt que d’autres et donc de lire des romans avec un peu de retard. En tout cas, c’est cette sensation que j’ai eu en sortant Body Language de A.K. Turner publié aux Éditions Alibi. L’autre sensation que j’ai eu, c’est celle de m’être dit que j’aurais dû découvrir ce récit plus tôt, tant j’ai pris un plaisir monstre à suivre cette histoire. Je vous le dis, une nouvelle héroïne est née sous la plume de cette romancière. 

La 4eme de couverture

Cassie Raven est technicienne à la morgue de Camden le jour, apprentie taxidermiste le soir. Son job, c’est préparer les corps et assister le médecin légiste. Elle coche toutes les cases du stéréotype de la fille bizarre : un peu gothique, piercée et tatouée de partout. Elle est persuadée que les cadavres peuvent vous donner des indices sur les causes de leur mort, à condition de les « écouter ». Un matin, elle trouve comme première cliente son ancienne prof, Mme E., celle l’a aidée à sortir de la drogue et des squats et qui l’a remise sur les rails quelques années auparavant. Conclusion de l’autopsie : mort accidentelle par noyade. Cassie n’y croit pas. Elle pense qu’elle a été assassinée. Mais comment le prouver ? Pas simple, surtout qu’elle n’a pas vraiment la cote auprès de la police et qu’elle a sur le dos l’inspectrice Phyllida Flyte, coincée et glaciale, qui la suspecte d’avoir volé un cadavre à la morgue…

Body Language : une nouvelle héroïne est née

Si Body Language s’avère être une réelle bonne surprise et surtout un joli coup de cœur pour un personnage, je dois bien admettre que j’ai mis un certain temps avant de découvrir toutes ces qualités. Il faut dire que la sensation d’avoir entre mes mains un récit qui joue sur les clichés m’a quelque peu effrayé. Il faut dire que A.K. Turner expose à la fois le personnage d’une inspectrice froide, au look strict et qui ne dépasse jamais les limites, ainsi qu’une jeune technicienne à la morgue qui a un goût particulier pour la mort, qui est tatouée, piercée et qui, je vous le donne en mille, est gothique. Bref, les premiers chapitres m’ont exaspéré et m’ont même donné envie de tout abandonner.
Cependant, il y a quelque chose dans la narration qui m’a fait rester et qui m’a fait entrer dans cette histoire peu banale au final. La romancière semble à l’aise avec l’écriture d’un scénario qui tient en haleine son lecteur, et ce grâce à de nombreux retournements de situation et jouant sur nos attentes pour nous tendre un véritable piège.

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Body Language est le genre de roman qui mélange parfaitement tous les ingrédients, afin d’obtenir quelque chose d’équilibré et de marquant. Déjà, il faut finalement admettre que les personnages s’éloignent progressivement du cliché habituel. On apprend à les connaître et à plonger corps et âme dans leurs soucis au quotidien. On découvre ainsi, grâce à la plume de A.K. Turner, des personnages plus humains qu’il n’y paraît. On s’attache finalement à eux, du moins à Cassie Raven et à Phyllida Flyte. Les deux formes alors un duo que tout oppose, mais qui trouvera un point d’entente pour aller jusqu’au bout de l’investigation.
De plus, la romancière ancre son récit dans le quartier populaire de Camden et l’on ressent immédiatement toute la diversité et toute la folie qui caractérise cet endroit.
Body Language nous happe par son ambiance si particulière, mais aussi par cette incursion dans le monde, méconnu, de la morgue. L’autrice nous plonge dans cet univers avec puissance et sans aucun ménagement, si bien que l’on découvre un métier et une éthique profondément humaine que l’on oublie bien trop souvent, je pense. 

Vous l’aurez compris, ce qui ressort essentiellement de Body Language, c’est l’aspect humain de ses personnages, mais aussi de certaines thématiques qu’explorent l’autrice. On retrouve ainsi de nombreuses réflexions autour de la mort, de sa beauté et du fait que l’on n’oublie pas une personne à partir de ce moment douloureux. On y retrouve cette idée que nous avons tous le droit à une seconde chance dans la vie et que l’on peut tous rebondir un jour ou l’autre grâce à une rencontre. A.K. Turner évoque aussi avec sensibilité la question du deuil et de la place que celui-ci peut prendre dans notre vie. Cette enquête et cette rencontre entre deux personnages féminins, c’est aussi le parfait moyen pour la romancière d’évoquer la difficulté qu’ont les femmes à se faire une place dans un métier “masculin”. Elle montre que certaines femmes doivent faire leur preuve tous les jours afin qu’elles soient entendues. En bref, Body Language est bien plus qu’un énième polar et ça fait du bien.


Vous l’aurez compris, ce premier tome de A.K. Turner est un régal. Body Language joue à la fois sur son enquête pour nous tenir en haleine, mais également sur le fond pour nous faire réfléchir, mais surtout pour accrocher émotionnellement à ses personnages. Aucun doute, je suivrai cette nouvelle saga avec grand intérêt et je vous invite à en faire de même.


Pour vous procurer Body Language, vous pouvez cliquer ici


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