On le sait, la recette d’un thriller est souvent la même. On retrouve un prologue relativement court, assez énigmatique pour nous donner envie de passer au chapitre suivant et des cas particuliers qui donnent du fil à retordre aux enquêteurs. Tout cela peut, à force, ennuyer le lecteur, mais ce ne sera pas le cas ici, tant Jussi Adler-Olsen maîtrise ses effets de bout en bout dans son nouvel opus, Sel, publié aux Éditions Albin Michel.
La 4eme de couverture
En replongeant dans une affaire non résolue datant des années 1980, Carl Mørk et l’équipe du Département V découvrent avec stupeur que depuis trente ans, un tueur particulièrement rusé choisit avec une régularité effrayante une victime et l’élimine en déguisant ce meurtre en accident ou en suicide. À chaque fois, sur le lieu du crime, un petit tas de sel. Sur fond de restrictions sanitaires dues au Covid-19, Mørk et ses acolytes se lancent dans une enquête dont ils n’imaginent pas l’ampleur.
Sel : recette parfaite
En lisant cette quatrième de couverture, difficile de ne pas passer par plusieurs états. Il y a, à la fois l’excitation autour de ce mystère qui semble insoluble, mais également cette crainte de voir ressurgir l’épidémie de COVID à toutes les pages. Heureusement pour le lecteur, Jussi Adler-Olsen est assez malin pour réussir à jouer sur les deux niveaux sans créer de débordement. Sel nous plonge, une nouvelle fois, dans une enquête du département V et autant vous dire que celle-ci sera assez délicate. Comme toujours, le romancier nous entraîne dans un cold-case qui se voit rattraper par une enquête plus récente. Le point commun entre tous les cas : un tas de sel aux abords de la scène de crime. On le sent, la résolution de cette affaire risque d’être compliquée et c’est pour cela que ce nouveau roman se démarque un tant soit peu des autres thrillers de ces derniers mois. On sent que nos personnages fétiches rament sur les différents cas, sur le peu d’indices qu’ils ont et sur le rapport qu’il y a entre tous ses meurtres maquillés en suicide.
Jussi Adler-Olsen continue à nous plonger au coeur de son équipe et bien que je ne vous ferais pas l’affront de vous dire de lire toute la série du département V avant, il est tout de même préférable de connaître les protagonistes. Parce que le romancier nous fait bien sentir que nous sommes de retour à la maison et que les temps sont difficiles pour eux.
En effet, Sel prend place en pleine épidémie de COVID et l’auteur va utiliser cet aspect pour rendre l’enquête encore plus compliquée. Couvre-feu qui empêche d’avoir des témoins, port du masque qui ne permet pas d’identifier correctement un suspect, équipe réduite par le nombre de cas positifs et le confinement qui entre dans la partie, ce qui n’aide pas les équipes à se retrouver pour discuter de l’enquête. Vous l’aurez compris, on piétine et ce n’est pas la sous-intrigue qui va aider la cellule du département V a se sentir à l’aise pour la suite.
Jussi Adler-Olsen offre ainsi l’avant-dernière enquête de sa série et autant vous dire que cela se sent. Le département est en perdition, les coups bas pleuvent et le danger est proche, telle une épée de damoclès. On le sait, on se prépare comme il faut, mais le romancier est là pour nous enfoncer un couteau dans le coeur, tant on saisit que celui-ci part vers le drame intimiste qui risque de laisser plus d’un lecteur sur le carreau.

Sinon, pour en revenir à l’intrigue de Sel, Jussi Adler-Olsen fait du classique, mais il le fait bien. On retrouve tous les ingrédients qui font que l’enquête reste palpitante, malgré l’effet de piétinement. On suit les pérégrinations du tueur, tout en essayant de comprendre où celui-ci veut en venir. Le romancier joue sur la folie d’un monde en perdition pour nous parler de la folie d’un personnage, persuadé de faire le bien pour son pays.
L’écrivain réussit à jouer sur l’ambiguïté de son personnage et de sa cause pour nous pousser dans nos retranchements et dans notre réflexion, signe que celui-ci nous offre un antagoniste de grande qualité. Jussi Adler-Olsen signe ici un opus de grande qualité, qui restera à coup sûr dans les mémoires des lecteurs.
En bref, Sel est un roman plus que réussi selon moi. Jussi Adler-Olsen offre une avant-dernière enquête de grande qualité qui a su jouer à la fois sur les codes classiques du genre pour les intégrer à une actualité internationale brûlante. Le romancier nous plonge au sein de son équipe pour réussir à déceler le moindre indice. On piétine, on fait souvent fausse route, mais on prend un malin plaisir à suivre l’avancée de ce cold-case. S’il ne vous faut qu’un seul thriller pour passer l’été, alors n’hésitez plus !
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Catégories :Littérature, Thriller/Polar