Vous avez sans doute remarqué que je prenais de plus en plus goût au format de la bande dessinée, mais aussi des comics. L’idée est de vous en proposer au minimum une par semaine, tout en restant dans mon domaine de prédilection.
En ce moment, je dois bien avouer que je passe beaucoup de temps sur les sites des éditeurs, mais aussi des sites dédiés à cet art qui m’est encore méconnu. Il m’arrive parfois de tomber sur un titre qui me fait de l’oeil et de craquer aussitôt dessus. C’est le cas pour Amazing Grace de Aurélien Ducoudray au scénario, Bruno Bessadi au dessin et Fabien Alquier à la colorimétrie. Mais qu’est-ce qui m’a poussé à craquer sur ce titre ? Tout simplement la mention “recommandé par Mad Movies”, ainsi que le nom de la collection.
Amazing Grace marque l’arrivée en 2019 d’une nouvelle collection au sein de Glénat Comics et celle-ci porte le doux nom de Grindhouse Stories. Voilà, il ne m’en faut pas plus pour rêver d’une histoire proche d’un Mad Max, d’un Tarantino, d’un Robert Rodriguez ou encore d’un doggybags.
Est-ce que j’ai été comblé ? TOTALEMENT et je vais vous dire pourquoi.
Le futur n’est pas pour les enfants sages
USA, 2035. Huit ans après l’apocalypse nucléaire. Personne ne sait qui, pourquoi ou comment les trois quarts des États-Unis ont été ravagés. Seule une bande transversale allant de New York à la Californie a été préservée de l’hiver nucléaire. Dans cette Amérique dévastée, comme des milliers d’autres survivants, John et sa fille Grace errent sur les routes essayant de descendre vers le sud pour y trouver nourriture, travail et un climat plus clément. Sauf que Grace n’est pas une petite fille comme les autres. Elle est ce que l’on appelle une enfant de la bombe : un mutant, un monstre recouvert de poils, muni de crocs et de griffes acérées. Mais un monstre qui aime les poupées, les bonbons et les histoires avant d’aller se coucher…
Amazing Grace : les relations humaines avant tout
Le moins que l’on puisse dire de ce premier tome d’Amazing Grace, c’est qu’Aurélien Ducoudray nous offre un scénario aussi intimiste, qu’intense en termes d’émotions. Loin d’être une œuvre spectaculaire en action ou en gore, alors que l’on pourrait s’y attendre avec l’aspect pulp, limite série B de la couverture, le scénariste nous plonge dans une relation père fille durant une apocalypse nucléaire. L’intérêt ici n’est pas de nous parler des causes de cette catastrophe, mais bien de nous montrer comment les survivants peuvent s’en remettre. C’est donc dans la psychologie des personnages qu’il faut se pencher pour appréhender cette œuvre bouleversante.
Vous vous en doutez, Amazing Grace explore le genre du post-apo avec tout ce qui lui faut pour entrer pleinement dans la catégorie. Entre la survie de ce duo et les autres humains prêts à tout pour prendre le dessus, Aurélien Ducoudray montre pleinement ses connaissances dans le style. On sent que celui-ci s’est gavé de VHS dans sa jeunesse, mais aussi de romans fantastiques, si bien que cette histoire pourrait très bien être adaptée au cinéma.

Si les dessins ne sont pas spectaculaires, ceux-ci se mettent au service du scénario, notamment avec des premières cases permettant de mettre l’accent sur les émotions des personnages et sur leur relation. Bruno Bessadi ne se contente pas de nous montrer une Terre en désolation, il se recentre sur l’humain, sur les relations et sur la survie. On peut tout de même distinguer quelques formes de violence dans son trait, surtout dans les moments d’attaques et ces quelques passages où Grace finit par montrer sa véritable nature, mais on sent que le dessinateur se retient d’envoyer la sauce. L’équilibre entre psychologie et violence est parfait, mais il se pourrait que les deux prochains tomes nous apportent bien plus en termes de gore.
Mais dans tout cela, il ne faut pas oublier les couleurs de Fabien Alquier. Celui-ci permet d’appuyer les différentes ambiances qui jalonnent cette histoire. Le dessinateur joue avec des teintes de pastel pour nous faire ressentir cet aspect série B à la grindhouse que nous sommes venus chercher ici. On ressent alors assez bien la différence entre l’hiver rigoureux, les ambiances nocturnes, mais également les passages plus chauds en Floride. Tout cela contribue à faire d’Amazing Grace une oeuvre cohérente et marquante au niveau esthétique.
Dans cette œuvre post-apo, c’est bien les relations humaines qui sont mises en avant et ce n’est pas le duo de John et de sa fille Grace qui nous fera dire le contraire. Il est indéniable que cette équipe vous touchera dès les premiers instants. Il faut dire que Grace est une petite fille particulière, c’est une enfant de la bombe… Aussi dangereuse pour elle que pour les autres, cette jeune fille doit apprendre à canaliser sa rage pour espérer vivre en paix dans ce monde dévasté. C’est le rôle que s’est donné John, son père. Celui-ci souhaite lui apporter la meilleure éducation qu’il soit, afin que celle-ci puisse comprendre qui elle est vraiment, qu’elle puisse comprendre qu’elle n’est pas un monstre et qu’elle ne doit tuer que pour manger. Pas évident de lui inculquer tout cela quand on voit que Grace peut tuer un animal d’un coup de griffe et que les autres humains sont prêts à toutes les pires atrocités pour un simple cheval… Que vous soyez vous-même parent ou non, Amazing Grace vous touchera à tous les coups ! Je pense qu’Aurélien Ducoudray a avant tout écrit ce scénario pour lui et ses enfants. On ressent à travers cette histoire la peur d’un jeune papa qui souhaite lui offrir le meilleur et une compréhension du monde qui va au-delà de ce qu’on pourrait attendre…
Sous couvert de ce récit Post-Apo, le scénariste en profite pour nous parler de racisme, de xénophobie à travers le personnage de Grace. Celle-ci est différente des autres enfants, celle-ci peut faire peur de par son aspect physique, sa bestialité. Les enfants de la bombe subissent la peur des autres et finissent par être chassés ou tués. C’est dans cet aspect que réside toute la violence de l’univers d’Amazing Grace et je pense que l’on est encore loin de son apothéose… Vivement la suite !
Pour vous procurer le premier tome de Amazing Grace, c’est par ici.
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