Littérature

L’homme aux murmures de Alex North: Sublime

Est-on conscient d’être influencé ? Par les chroniques des uns, par les posts des autres. Par les photos de l’on voit et les textes que l’on lit. Tout ça baigne dans notre subconscient, qui fait que l’on y pense inconsciemment lorsque l’on se rend en librairie. « et si j’allais trouver le livre qu’un tel a aimé ? », « j’ai déjà vu cette couverture dans un post, je me souviens que ça lui a beaucoup plu. »

Nos lectures ne sont-elles pas plus belles lorsqu’elles ne proviennent d’aucuns conseils, lorsqu’on a l’intense satisfaction d’être une des premières personnes à vibrer sur les mots lus, à tourner les pages avec frénésie, lorsque la couverture nous tape à l’œil sans que le livre ait eu une quelconque, ou minime, présence sur la blogosphère, Instagram compris ?

Je pense que ces lectures là, lorsqu’elles sont bonnes, défient toutes les autres. Lorsqu’il nous était encore possible d’aller en librairie dans des conditions semi-libre, masque vissé sur la tête et gel hydro-alcoolique à se foutre sur les mains à l’entrée, après le premier confinement, en Juin 2020, j’ai pu mettre la main sur plusieurs ouvrages qui me faisaient envie. Certains influencés, d’autres non. Et c’est un de ces derniers dont je vais agréablement vous parler aujourd’hui, le premier roman d’Alex North, L’homme aux murmures, une claque plaisante et majestueuse, tant dans l’atmosphère que dans l’écriture.

Alex North nous plonge dans un thriller bien sombre et mystérieux. Tom est un écrivain récemment veuf qui doit gérer son fils unique. La réalité est telle qu’il a du mal à combler le gouffre qui le sépare de lui, qui lui ressemble pourtant tant, selon les dires de son épouse. Comment se gérer soi-même ? Que faut-il faire ? Être subitement propulsé à gérer son enfant seul et accepter la perte, pour le conjoint d’un côté, et le fils de l’autre, c’est compliqué et très bien ressenti dans la lecture. Tom souffre. Il souffre de cette situation, manque de repères et de certitudes. Il souffre également de voir son fils malheureux, s’inventer une amie. Un personnage que seul son fils voit, à qui il parle à voix haute. Des délires que Tom a du mal à supporter. Alors, avec Jake, ils de décident à quitter la maison où la mère/femme est décédée, pour aller à Featherbank, charmante petite ville habituellement, mais tristement secouée récemment. 20 ans après qu’un serial killer ait kidnappé et tués cinq mômes, dont le cinquième n’a d’ailleurs jamais été retrouvé, voilà qu’un nouvel enfant disparaît. L’homme aux murmures avait-il un complice ? S’agit-il d’un imitateur ? Tant de questions qui se posent vite. D’autant plus que Jake, fraîchement installé dans sa nouvelle maison avec son père, entend des murmures près de sa fenêtre, puis plus tard à la porte de sa maison.

Jake n’est pas fou, et son père non plus. Quelqu’un était vraiment là, présent.

Nous suivons plusieurs personnages dans ce roman. L’alternance des points de vue nous propose chacun une facette appréciée de l’histoire, sans perdre en rythme, en gagnant quelques miettes d’un mystère bien construit et fort bien développé. L’ambiance est sombre, presque paranoïaque, comme peut le proposer Stephen King. On suffoque, on tourne les pages avec hâte. On s’arrête un temps, pour reprendre sa respiration. Certains passages sont malsains, comme les échanges en prison entre l’homme aux murmures, le véritable meurtrier des enfants vingt ans plus tôt, et le commissaire de police en charge de l’affaire dans le passé et toujours présent sur les lieux maintenant. Des visites qu’il lui rend en espérant avoir des réponses. D’autant que ce dernier en sait beaucoup, beaucoup trop. Et se permet même de lui donner quelques pistes tout en énigme qui nous font plus cogiter.

C’est un roman tortueux. Qui ne laisse pas du tout indifférent.

Tant dans l’écriture, où Alex North nous livre un roman incisif, où chaque détail a son importance, où le mystère qui plane autour comme un brouillard épais qui nous gangrène, nous attaque et nous gratte d’inconfort.

Tant dans les personnages, leurs rapports les uns aux autres, où nous avons parfois l’impression d’être de trop dans des situations, où nous voudrions les laisser se parler, mais nous sommes là, comme si nous nous cachons derrière une porte, un mur ou que sais-je, pour les surprendre en train de se parler. L’intimité n’a plus sa place, le voile se baisse et nous sommes spectateur discret mais brisant la glace de ces échanges brefs et déstabilisants.

Tant dans l’intrigue et les révélations qui nous prennent au dépourvu. Certaines choses que je n’avais pas vu venir et d’autres où, au fil de réflexions intenses, j’ai pu démêler le vrai du faux et deviner certains pans de l’histoire. Certains passages sont macabres, sans plonger dans la surdose et le gore. Mais sans être non plus superficiel. L’auteur joue avec nos nerfs avec brio et nous captive.

Ce roman, en lecture commune avec Alexandra (blog, Insta), nous l’avons dévoré. En quatre jours d’une lecture commune satisfaisante à tout point de vue, partageant sans cesse nos doutes et appréciant de plus en plus l’ampleur du roman et la qualité de la lecture. Ce livre est très vite monté dans notre estime au point que chacun de nous l’y hisse comme un coup de cœur inévitable. La forme, le fond, la couverture et ces papillons, nous avons adhérés et nous nous sommes repais. Jusqu’à la fin, parfaite, touchante, troublante, angoissante et terrifiante, qui nous a laissé sans voix.

Je recommande bien évidemment ce livre à tous. Facile d’accès, pas de fioritures. On plonge dans un très bon thriller !

C.Pleack

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