Le monde du cinéma horrifique possède de nombreuses oeuvres à l’aura culte. Certaines nous tombent dans les mains rapidement et assez facilement comme Les griffes de la nuit de Wes Craven, Halloween de John Carpenter, Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper ou encore comme L’exorciste de William Friedkin ; tandis que d’autres se veulent plus insaisissables, plus volatiles et plus difficile à appréhender. C’est le cas avec Phantasm de Don Coscarelli qui signe ici une saga fantasque sortie tout droit de son imagination débordante. Ne vous y trompez pas, ce long-métrage ne vous plaira peut-être pas, mais il vous marquera tout de même profondément…
Écrit en quelques mois dans une vieille cabane isolée, Don Coscarelli laisse libre court à son imagination pour mettre en scène l’oeuvre de sa vie, pour seulement un budget ridicule de 300 000 $….
Touché par un deuil pénible, un jeune homme découvre des phénomènes et des êtres aussi terrifiants que fantastiques, qui hantent les locaux d’une entreprise de pompes funèbres.

Phantasm de Don Coscarelli, c’est le genre de film qui laisse perplexe au premier visionnage et qu’on ne sait pas vraiment où cataloguer. Le découvrir aujourd’hui sans rien en savoir, c’est prendre le risque de passer à côté de cet O.F.N.I et d’en ressortir complètement chamboulé. Oeuvre de piètre qualité ou génie incompris ? Difficile de trancher lorsque la bobine de ce film nous tombe sous les yeux. Le réalisateur nous offre un long-métrage qui semble décousu, que ce soit en terme de rythme et de montage, notamment avec la multiplicité des ellipses. Phantasm apparaît comme un film bizarre, un film malade qui souffre d’une vision démente de son créateur. Les scènes s’enchaînent sans que l’on sache vraiment pourquoi, les séquences alternent entre des passages niais, voire inintéressants entre deux frères qui ne se comprennent pas, pour ensuite revenir à des scènes où l’horreur y est plus vicieuse, plus psychédélique. La bizarrerie hante ce film et ce n’est pas la scène de la grosse mouche qui fera dire le contraire. Pourtant, le regard ne quitte pas cette bobine des yeux et trouvera de quoi la sustenter avec les apparitions du Tall Man, de nains féroces et d’une boule tueuse. Il faut le dire, Phantasm est un long-métrage particulier, unique en son genre et c’est après une assez longue réflexion que l’on peut revenir sur son cas. Plonger dans ce film, c’est ne pas craindre de découvrir quelque chose d’insondable, de tomber dans une folie incontrôlable et dans une vision unique.

Ce long-métrage reste en tête et finit par devenir une véritable obsession pour quiconque le découvre encore aujourd’hui. Don Coscarelli nous offre un film habité, une oeuvre brumeuse qui navigue entre songe et réalité avec une maîtrise incroyable de ses effets oniriques. Le surréalisme n’est jamais très loin et c’est ce qui déstabilise le plus, selon moi. Le réalisateur apporte un soin particulier aux nombreuses scènes se déroulant dans le funérarium avec un jeu sur les décors de celui-ci. Tout est fait de marbre, d’une symétrie perturbante, si bien que l’on sait jamais où nous sommes dans le funérarium. Notre héros déambule dans ces longs couloirs sans que l’on sache réellement si cet espace existe vraiment. Nous ne savons pas si ces événements sont imaginés par cet adolescent à l’esprit affecté par le décès de ses parents. Et si vous voulez une réponse à cette question, sachez que Don Coscarelli ne vous en donnera pas. Il prendra même un certain plaisir à nous plonger dans une autre dimension où des nains sont esclaves sur une planète bizarroïde… Phantasm est un véritable cauchemar éveillé où l’on marche sur un fil et où l’on est poursuivi par le Tall Man.
Véritable figure mythique de la saga, le Tall Man est interprété par le brillant Angus Scrimm. Celui-ci crève l’écran et nous offre la représentation parfaite de l’archétype qui pourrait vivre dans nos plus gros cauchemars. Le Tall Man est grand, borgne, les cheveux plaqués vers l’arrière, habillé d’un costume trop grand et marchant sans relâche dans son funérarium. On ne sait pas grand-chose de lui, mais on sait qu’il contrôle un univers fantasmagorique propre au monde des rêves. Le personnage du Tall Man n’arrive peut-être pas à la cheville d’un Jason, d’un Freddy ou d’un Myers en terme d’icône, mais il n’en reste pas moins efficace et nébuleux.
C’est dans sa dernière partie que Phantasm continue à nous perdre, tout en nous fascinant. Le réalisateur décide de basculer son récit dans des questions dimensionnelles, mais sans réellement nous apporter de réponses. Don Coscarelli laisse une porte d’entrée, afin de plonger dans un autre univers tout aussi déstabilisant, marquant la rétine pour toujours… Ce long-métrage ne dispose pas d’une maîtrise aussi formelle que peut l’être Halloween ou encore Les griffes de la nuit, mais il sait tout de même apporter des idées et une intensité dans son imaginaire onirique, macabre et surréaliste.

Catégories :Cinéma, Fantastique, Horreur/Epouvante, Phantasm, Retour sur Saga
Vieux souvenir VHS où le Scrimm était presque parfait. Tu donnes envie !
Depuis j’ai retrouvé Elvis à la maison de retraite, penultieme stade avant le funeraire, aux prises avec une momie décavée. Tout aussi bon.
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J’étais passé complètement à côté de cette saga et j’ai l’impression qu’elle n’est pas mise en avant dans le milieu. Ça fait plaisir d’avoir pu te rappeler quelques souvenirs du Tall Man !
Attention à toi quand il faudra te rendre au funérarium…
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C’est un lieu que je préfère éviter, par précaution. 😉
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