Chucky

[Retour sur Saga] – Child’s Play : La poupée du mal de Lars Klevberg (2019)

30 ans que Chucky tente de hanter nos nuits. 30 ans que l’esprit de Don Mancini règne sur sa poupée tueuse. Bien que la saga soit d’une qualité plus que douteuse au fur et à mesure des sorties et tombant littéralement dans l’oublie du Dtv (La Malédiction de Chucky, Cult Of Chucky). Il est indéniable que la poupée est tout de même entrée dans la légende des boogeymen du cinéma d’horreur aux côtés de Freddy Krueger, Jason Voorhees, Michael Myers ou encore Leatherface pour ne citer qu’eux.
L’ironie d’une saga qui continue à vivre avec un seul homme à la barre, c’est que l’on oublie qu’une société dispose encore des droits du premier épisode. C’est ainsi que la MGM se lance dans un reboot de la saga, et ce, sans demander l’avis du créateur de Chucky. Vous la sentez l’enculade de mouche ? Alors que l’on aurait pu avoir un énième film, mais peut-être de qualité en alliant budget et idées de Mancini, on a eu le lancement de Lars Klevberg, un réalisateur finlandais encore méconnu et pas sûr qu’il le soit après cette tentative…

Karen, une mère célibataire, offre à son fils Andy une poupée, ignorant tout de sa nature sanguinaire et violente.

Qu’on se le dise, l’idée d’un reboot de la franchise Chucky est une excellente idée sur le papier. Une fois le produit servi, on en est beaucoup moins sûr. Alors oui, l’équipe du film ont misé sur une refonte de la mythologie de personnage de Chucky pour apporter une touche plus moderne, que ce soit dans son esthétique et dans son propos, tout en gardant quelques aspects des premiers longs-métrages, histoire de capter un nouveau public, tout en gardant les fans de la première heure. Cette nouveauté se passe par l’aspect esthétique et ce qu’est devenu Chucky. Il y a du bon et du moins bon dans ce choix, mais surtout des aspects qui ont été délaissé. La poupée Buddy surfe sur la vague de la nouvelle technologie, puisque celle-ci se transforme en un objet intelligent qui peut contrôler tous les appareils électroniques de votre maison. Quand on sait que les Google Home et autre Amazon Echo commence à envahir notre intérieur, il y a de quoi se poser des questions pour la suite. Parce que sur le papier, l’idée peut faire peur. Imaginer deux petites minutes qu’une enceinte prenne le contrôle de la totalité de votre intérieur (volet roulant, télévision, four, enceinte, caméra, etc.). C’est bon, vous avez bien le truc en tête ? Et bien maintenant, dites vous qu’il suffit de débrancher l’appareil pour être tranquille…
C’est là que je veux en venir, ce nouveau Chucky ne fait peur que sur le papier, car il suffit de l’éteindre pour être tranquille. Là où le premier Child’s Play créé par Don Mancini et réalisé par Tom Holland fonctionnait, c’est grâce à la part fantastique amenée par le vaudou. Charles Lee Ray, le psychopathe qui prend vie dans la poupée, avait de quoi nous effrayer. Il avait cette haine en lui, cette démesure, ce cynisme propre à l’humain, que le nouveau Chucky n’a pas. Cette nouvelle poupée ne reste qu’une entité technologique froide, sans âme, sans aucune saveur. Ce manque d’intérêt passe aussi par le visuel qui n’est pas à la hauteur de l’ancienne poupée faite en animatronic. Déjà, outre l’aspect esthétique qui ne donne absolument pas envie d’avoir une poupée intelligente comme celle-ci (sérieusement, qui voudrait d’un minikeum sous crack ?), c’est le manque d’animation qui pêche. Celle de Tom Holland avait bien plus de capacité, ce qui apportait un côté humain bien plus dérangeant. Heureusement, il y a Mark Hamill derrière pour apporter une belle nuance de jeu, bien qu’il n’arrive pas à nous faire oublier le rire de Brad Dourif

Si on oublie un peu ce manque d’âme de la part de Chucky, on peut prendre part à cette série B décomplexé qui nous est offert par Lars Klevberg. Child’s play : la poupée du mal est un divertissement honnête et qui nous offre son lot d’humour, d’hémoglobine et de quelques scènes de meurtres réussies, mais bien trop rares. On gardera d’ailleurs en tête ce final apocalyptique et jouissif renvoyant à un Small Soldiers horrifique de qualité. Il n’y a pas à dire, le film de Lars Klevberg est relativement bien emballé, du moins si on est fan de l’esthétique Netflix qui perd déjà de sa saveur. Le soucis vient sans doute de la mise en scène qui est aux abonnés absentes et qui continue à nous faire dire que le long-métrage manque d’une saveur qui faisait la richesse de celui de Tom Holland.
Que reste-t-il alors ? Une vague nostalgie du cinéma horrifique des années 80 qui passe par quelques références, avec l’apparition à la télévision de Massacre à la tronçonneuse 2 de Tobe Hooper (1986) ou encore en évoquant Poltergeist de Tobe Hooper / Steven Spielberg (1982). Le réalisateur essaie aussi de nous apporter une vibe dans sa réalisation, mais les quelques tentatives se terminent par un fiasco, ne réussissant pas à jongler entre son air sérieux et le côté comique de la situation. Du coup, ce Child’s Play : La poupée du mal finit par se reposer sur des jumpscare de mauvais goût…
Le problème, au final, c’est que le produit fini perd de son cynisme et de sa critique de la société de consommation, en surfant sur plusieurs vagues. L’idée de faire un scénario à la Black Mirror explose en plein vol, et ce, devant nos yeux ébahis. Une première, celle du retour tonitruant de Michael Myers dans une suite que l’on attendait plus. Du coup, vu que le monde de l’horreur fonctionne par cycle, les producteurs se sont dit qu’il serait bon de remettre Chucky sur le devant de la scène. Une deuxième, avec ce casting d’adolescent qui donne un aspect aventure à la goonies qui est revenu sur le devant de la scène avec l’engouement pour Stranger Things, mais aussi avec la nouvelle adaptation de Ça par Andy Muschietti (ce sont les mêmes producteurs à la barre).


Bon ou mauvais reboot ? Bonne ou mauvaise saga ? Comme Chucky, je vais devoir trancher… Cette poupée tueuse offerte par Don Mancini restera dans mon esprit uniquement pour son cynisme et son humour noir. Pour le reste, c’est plus compliqué… Vu que j’ai découvert la saga sur le tard (je n’avais vu que le premier volet en commençant cette rétrospective), je ne fais pas partie de cette frange de la population qui a passé son enfance avec cette drôle de poupée. Du coup, la saga reste assez inégale à mes yeux. Je dirais donc qu’il faut découvrir Chucky en ne gardant que le premier et deuxième volet, et si vous insistez, vous pouvez aussi voir La fiancée de Chucky, histoire de voir une nouvelle approche. Pour ce qui est du reboot, vous aurez compris que je ne le porte pas dans mon coeur, sauf si on oublie que c’est un Chucky. 

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