Chucky

[Retour sur Saga] – Jeu d’enfant de Tom Holland (1988)

Le cinéma horrifique des années 80 est irrémédiablement marqué par la mode des slashers et par la création d’icônes pour la pop culture. Que ce soit Jason Voorhees dans la saga Vendredi 13 ou encore Michael Myers avec Halloween, les suites et sagas se multiplient pour le meilleur et pour le pire (c’est d’ailleurs encore le cas aujourd’hui). Dans ce lot de slasher, il y a des réalisateurs et des producteurs qui essayent de sortir un peu du lot et de proposer de nouvelles choses. C’est ainsi que l’on verra Wes Craven débarquait avec son Freddy Krueger en 1984, un tueur d’adolescent qui les traque dans le monde du rêve par exemple. Et c’est en 1988, qu’une nouvelle icône du genre va naître sous nos yeux et c’est celle-ci qui nous intéresse aujourd’hui.
Cette nouvelle icône de l’horreur n’est pas un tueur comme les autres. Il est bien muni d’un couteau, mais il est tout petit, vraiment tout petit. Chucky est une poupée à l’allure inoffensive (enfin je n’aurais jamais acheté cette horrible poupée à mon enfant, mais bon…) qui prend vie après qu’un malfrat adepte du vaudou ait placé son esprit dans ce jouet pour enfant… C’est Don Mancini qui a eu cette idée et qui a lancé une nouvelle légende, dont une nouvelle adaptation est arrivée au cinéma en 2019, et qui a écrit toutes les autres suites et réalisé les cinquième (Le fils de Chucky) et sixième opus (La malédiction de Chucky).
Pour ce premier épisode qui pose les bases de la mythologie de ce bad guy, c’est Tom Holland qui s’y colle après avoir réalisé Fright Night.

Charles Lee Ray est un tueur en série psychopathe qui, en tentant d’échapper aux forces de l’ordre, est tué dans un magasin de jouets. Avant de mourir, il utilise la magie vaudou pour placer son esprit dans une poupée. Karen Barclay offre à son jeune fils Andy cette poupée qui imite le physique d’un petit garçon roux en salopette. Il s’agit d’une poupée “Brave Gars”, qui fait fureur auprès des jeunes à cette époque, et qu’Andy souhaitait posséder…

Soyons clairs tout de suite, Jeu d’enfant est loin d’être un chef-d’oeuvre du genre, mais une bonne entrée en matière pour une nouvelle saga qui a un gros potentiel. Ce premier opus est un amuse bouche de toutes les possibilités qu’offrent l’idée de mettre en scène une poupée tueuse avide de vengeance. Tom Holland va prendre son temps pour mettre en place son intrigue, bien que la scène d’intro nous montre l’acte vaudou qui permet au malfrat Charles Lee Ray de transférer sa conscience dans la poupée. Le réalisateur tente de brouiller les pistes en mettant bien plus en avant le jeune garçon du nom d’Andy que Chucky sa poupée. Le doute est là durant quelques scènes, puisque seul Andy semble pouvoir parler avec Chucky et personne ne le croit, ni la baby-sitter, ni sa mère et ni les policiers qui préféreront placer le jeune garçon dans un hôpital, afin de le faire soigner. Tom Holland nous montre qu’il est difficile de croire un enfant à l’imagination débordante, surtout quand celui-ci use de sa caméra de manière subjective, afin que l’on soit dans la peau d’une personne de petite taille. L’effet est garanti et donne vraiment l’impression d’être dans le corps d’un enfant. Le suspense est là, mais il laissera vite sa place à quelque chose de plus dérangeant lorsque l’on comprendra que Chucky est bel et bien vivant… 
Dès lors, Tom Holland ne sait pas vraiment où placer son long métrage puisque celui-ci navigue entre le slasher (avec quelques enjeux supplémentaires) et le banal film de vengeance. Sauf que, tout fonctionne et même que le réalisateur nous offre le long métrage le plus sombre de la saga, puisqu’il ne va pas encore permettre à Chucky d’être la grosse ordure que l’on connaît aujourd’hui. 

Le rythme devient plus intéressant dans sa deuxième partie, lorsque Tom Holland laisse le suspense de côté, afin de laisser libre court à la vengeance de Chucky. Le réalisateur va alors multiplier les courses poursuites entre les humains et cette poupée tueuse pour notre plus grand plaisir, bien que les scènes de mises à mort soient encore un peu timide. Jeu d’enfant, c’est du grand spectacle qui peut, à certains moments, flirter avec le ridicule, mais on s’attache à cette idée et on apprécie. Ce long métrage est également un joli contre-pied quant à la définition que l’on se fait d’un jouet et d’une poupée, qui est censé être rassurant pour l’enfant, quitte à être un objet de substitution. Je ne sais pas si l’intention était véritablement de faire une critique du monde des jouets, mais force est de constater que Tom Holland s’amuse à nous diffuser des spots publicitaires à l’effigie de Chucky, que ce soit à la télévision ou sur les paquets de céréales. C’est d’ailleurs ce premier degrés, accentué par la photographie angoissante de Chicago, qui confère une aura plus sombre, voire plus recherché dans ce premier opus.
Jeu d’enfant fonctionne avant tout grâce à son idée ingénieuse et à la psychologie de cette poupée. Le réalisateur n’y va pas encore à fond, mais on apprend tout de même à connaître Chucky, à le trouver détestable et en même temps fascinant. Ce n’est d’ailleurs pas les suites qui vont nous faire dire le contraire. Tom Holland signe le genre de film un peu bancal, pas forcément raté, mais fortement attachant que l’on aimait tous voir et revoir dans les années 80 et 90. 

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