En 2020, j’ai décidé de sortir un peu de ma zone de confort faite de thriller, de roman noir et d’horreur. J’ai envie d’y aller en douceur, de découvrir d’autres aspects de la littérature, d’aller des contrées qui vont me demander plus d’investissement.
J’ai eu de la chance de recevoir Quand on parle du Diable de Joseph Denize publié aux éditions Julliard en avant-première et je crois que ce roman ne pouvait pas mieux tomber. Véritable fantasmagorie sur papier, Quand on parle du Diable m’a transporté dans un entre-deux assez particulier…
La 4eme de couverture
Dans le Paris de 1917, tandis que la Grande Guerre s’éternise, démons et sorciers se livrent une lutte sans merci pour s’emparer d’un tableau aux pouvoirs terrifiants. Embarqué malgré lui dans cette bataille, le jeune Aimé Grandin n’a que son ingéniosité et sa bravoure pour contrer un déchaînement de forces maléfiques.
Quand on parle du diable : Fantasmagorie sur papier
En voilà une oeuvre singulière qu’est Quand on parle du Diable de Joseph Denize… Mélange des genres et oeuvre dantesque, ce roman est difficilement abordable pour moi car je n’ai pas du tout l’habitude de lire ce genre de roman. Je dois dire que je commence bien l’année en sortant de ma zone de confort. Joseph Denize arrive avec un premier roman riche et dense de par son approche du début du XXeme, par ses thématiques et ses personnages. On gravite dans un entre-deux, entre le monde réel et celui du paranormal, des fantômes et l’ésotérisme.
Joseph Denize nous plonge directement dans cette période de la première guerre mondiale, dans une niche d’artiste et d’intellectuelle. Quand on parle du Diable donne l’impression d’être dans cette époque, de lire un des premiers romans d’horreur gothique. On s’imprègne de l’atmosphère à la fois légère du quotidien des personnages, mais aussi de la lourdeur des événements qui détruisent une bonne partie de l’Europe. Le conflit fait rage, les superstitions aussi. Nous ne sommes pas face à un roman classique, Joseph Denize nous offre une véritable fantasmagorie qui se décline sur le papier. Tous nos sens sont en ébullition dès les premières pages, alors que rien ne nous paraît suspect… On suit les déambulations du jeune Aimé Grandin, héro malgré lui, qui vient de perdre son oncle dans les rues de Paris. On ne se rend compte de rien et puis il y a quelques petits détails qui éveillent notre curiosité, mais sans plus. Il faudra attendre une centaine de pages avant que le roman de Joseph Denize prenne toute son ampleur et nous plonge dans un drôle d’univers. On est parfois déstabilisé par les choix de l’auteur, mais on s’imprègne de tout ce qui entoure cette histoire. Nos sens et notre raison se retrouve sur une corde raide. L’auteur brouille les pistes en utilisant des personnages qui ont réellement existé au début du siècle dernier. On fait la connaissance d’Alex Crowley bien connu des amateurs d’occultisme qui campe ici un être sans pitié, rusé et malin, à l’image du Diable. On ne sait plus vraiment ce qu’il faut croire et on plonge dans un monde qui nous est inconnu. Un monde fait de diables, de fantômes, d’âmes en peine et en déroute sur ce terrible conflit.

Quand on parle du Diable est un récit d’aventure savoureux qui sait prendre son temps, dangereux par moment, mais aussi assez drôle, notamment grâce à de nombreux personnages qui gravitent autour d’Aimé. Joseph Denize n’a pas son pareil pour nous faire vivre des moments de bravoure, mais également pour nous faire vivre l’enfer des tranchées avec de nombreux chapitres où la mort rodera autour de vous. On ne peut s’empêcher d’avoir les images de ce conflit en tête, du bruit des obus, de l’odeur de cadavre, de pourriture et de terre qui s’insinue dans nos narines.
Au final, Quand on parle du Diable est un combat de tous les instants entre les forces du mal et d’autres défenseurs du bien, mis en parallèle avec ce conflit mondial qui met en exergue toute la folie des Hommes. On s’attache facilement au personnage d’Aimé, car il se retrouve pris dans ce conflit malgré lui et on peut s’identifier à lui, puisque l’on se retrouve dans le même cas. On prend part à ses interrogations, à ses doutes quant aux événements, mais aussi à son courage face aux choses étranges qui vont se dérouler devant ses yeux.
Joseph Denize profite de cette situation pour mettre en avant le retour en grâce dans certains salons, chez les intellectuels et dans les sociétés secrètes de l’ésotérisme et des sciences occultes. En mélangeant la réalité et le fantasme, l’auteur réussit le tour de force de nous offrir un roman puissant sur cette période trouble de notre Histoire.
Difficile de dire si j’ai aimé ou non cette aventure que m’a offert Joseph Denize. Le roman m’a sorti de ma zone de confort, m’a perturbé de par son mélange des genres, par son histoire en tant que telle et ce jusqu’à l’épilogue. Je referme ce roman avec une drôle de sensation, celle d’avoir cru vivre cette aventure et d’avoir eu une espèce d’illusion d’optique. Le doute plane encore dans mon esprit. Je pense que c’est là qu’est toute la force de ce roman. Quand on parle du Diable est une oeuvre qui ne laissera personne indifférent je pense, mais qu’il faudra savoir dompter pour en ressortir toute sa force.
Catégories :Contemporain, Historique, Littérature
Voilà une chronique diaboliquement alléchante sur un livre qui mêle grande guerre et occultisme à la sauce Crowley. De plus j’aime beaucoup le titre.
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Un roman que je te conseille car en brouillant les pistes, l’auteur offre quelque chose de troublant 🙂
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Je note. Merci. 👍
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Avec grand plaisir 🙂. J’espère que l’aventure sera savoureuse 😉
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