Chronique CD

JINJER – MACRO (2019)

Un jour, en m’égarant sur le net et plus particulièrement sur YouTube, je suis tombé sur un Live Session d’un groupe dont je ne connaissais pas encore l’existence. Je ne savais pas encore que ce groupe allait avoir un gros impact sur moi. Ce jour remonte à mars 2017 et je venais de tomber sur le morceau Pisces des ukrainiens de Jinjer. L’impact puissant et émotionnel de cette chanson m’a saisi dès la première écoute.
Il est aujourd’hui difficile de passer à côté du phénomène Jinjer, tant le groupe est en pleine ascension depuis la sortie du précédent album King Of Everything. C’est simple, le groupe enchaîne les concerts, ainsi que les festivals s’approchant de plus en plus de la tête d’affiche. Malgré ce succès toujours grandissant, Jinjer est le genre de groupe qui instaure un débat au sein de la scène Metal, mais je vais y revenir par la suite.

Jinjer – Macro

Jinjer revient donc en cette année 2019 avec un nouvel album du nom de Macro qui fait suite à l’excellent EP Micro. Le groupe semble prendre une nouvelle direction avec toujours plus de force, plus d’efficacité et encore plus d’envie de prouver au monde du metal qu’ils sont bien là pour briser quelques barrières.
Que dire de cette nouvelle cuvée Jinjer ? Les Ukrainiens nous livrent ici un condensé de 41 minutes de riff puissants qui ne laissera personne indifférent. Macro est indéniablement un album riche qui pourra en dérouter certain, tant le groupe mélange les genres avec brio tout au long de cet album, voire même au sein d’une même chanson. Jinjer est le genre de groupe indomptable, parfois indéfinissable, tant ils vont puiser dans de nombreux genres pour nous offrir quelque chose d’unique, à l’image des premiers albums de Mastodon par exemple. On peut tout de même dire que Jinjer fait partie de cette nouvelle catégorie qu’est le Metal Moderne, bien qu’il ne soit pas très sain d’enfer un groupe dans une case. Le groupe s’apparente avant tout au Djent, tant les compositions du groupe sont lourdes, parfois écrasantes, mais toujours mélodique, le tout avec une basse très présente. Jinjer, c’est un condensé de polyrythmies efficaces, tranchantes et parfaites pour la scène.
Mais, Jinjer glisse vers quelque chose de bien plus progressif avec Macro, puisque les membres du groupe prennent le temps de rallonger les compositions, afin d’apporter quelque chose de plus aérien et de plus impactant. On ne s’y trompe pas, Macro résulte d’un gros travail d’écriture de la part de Jinjer et ce n’est pas la qualité de l’enregistrement qui va nous faire dire le contraire.

Je ne sais pas vraiment comment aborder cette analyse, car comme je vous l’ai dit plus haut Jinjer est insaisissable. Macro perturbe les sens, tant le quatuor est partout à la fois. Les titres puissants se complètent avec des morceaux bien plus calmes et aérés pour notre plus grand bonheur. Macro, à l’image de Jinjer, est un petit diamant brut qui ne demande qu’à être taillé pour que l’on puisse entendre toute sa véritable puissance. Jinjer arrive, joue et ne s’inquiète pas réellement de ce que pourrait penser les auditeurs. Les musiciens font ce qu’ils veulent, s’amusent avec les genres et cela se ressent. Comme je vous le disais, Jinjer brise des barrières.
L’album s’ouvre sur le titre assez classique qu’est On The Top, mais qui dispose tout de même d’une belle montée progressive du refrain, afin d’amener un final en apothéose. Véritable usine à riff qui laissera pas mal de monde sur le carreau dans les pit du monde entier. Classique, c’est certain, mais On The Top n’en reste pas moins un morceau plus qu’efficace qui ouvre l’album de la meilleure des façons. Jinjer est encore timide, il t’invite tranquillement dans son univers. C’est sans aucune transition que le groupe continue avec Pit Of Consciouness et sa polyrythmie qui mettra tout le monde d’accord sur la puissance de ce morceau. Véritable déferlante de lourdeur de la part du duo rythmique, mais également de douceur avec la dualité qui vit dans la voix de Tatiana Shmaylyuk.

C’est véritablement avec le morceau Judgment (& Punishment) que Jinjer met en place son rouleau compresseur et sa capacité à ingurgiter de nombreux genres, puisque le morceau s’ouvre sur une rythmique reggae, avec Tatiana Shmaylyuk qui nous offre un timbre soul, proche d’une Amy Winehouse, pour repartir sur un growl d’une puissance effrayante par moment. La tempête se termine, le calme revient avec l’intro aérienne de Retrospection et son chant en langue ukrainienne. Le groupe interpelle en quelques secondes pour mieux rebondir sur sa lourdeur, lors des couplets. Jinjer joue parfaitement la carte de la dualité avec cette merveille de riff, de calme et de rage puissante.
Le duo rythmique composé de Eugene Abdiukhanov à la basse et de Vladislav Ulasevich à la batterie, se remet en marche pour nous offrir, ce qui s’apparente à la meilleure montée en puissance de l’année avec les quatre morceaux Pausing Death, Noah, Home Back et Prophecy. Le batteur passe au Blast beat sur ce premier morceau, afin d’apporter une sensation d’empressement indéniable. Les riffs de Roman Ibramkhalilov toujours intéressants à analyser, restent en tête dès la première écoute. Jinjer continue à tromper son monde avec ce passage très jazzy sur Home Back. L’album se termine avec l’incroyable Prophecy qui combine la rage du groupe, mais également sa légèreté avec ce final tout en douceur. Le morceau enchaîne avec LainnereP qui termine de façon magistrale cet album. Tout est fait avec douceur entre la pop et le prog, pour nous apporter une aura presque épique à l’ensemble de cet album.

Que retenir de Macro ? Tout, absolument tout. L’album est la définition de la maîtrise, de l’efficacité et du travail sur la production. Jamais le groupe n’aura jamais aussi bien sonné. Tous les musiciens ressortent du mix, notamment le bassiste Eugene Abdiukhanov qui nous offre des lignes de basses incroyables. Bref, Macro est une pierre de plus à l’édifice de Jinjer et j’espère que celui-ci ouvrira encore plus de porte au groupe.
Jinjer montre avec cette nouvelle cuvée, qu’il continue sur sa lancée et qu’il ne monte pas les échelons à grande vitesse seulement par le buzz que le groupe suscite. Car on ne va pas se mentir, mais dans le milieu du metal le groupe divise. Certains voient le succès du groupe d’un mauvais oeil, parfois teinté de jalousie, mais aussi de sexisme. Pour certaines personnes, Jinjer explose seulement par la plastique de la chanteuse Tatiana Shmaylyuk… Ce serait de mauvaise foi de dire que cela n’y contribue pas dans une moindre mesure, puisque le pit doit être bien rempli de gros barbus venus reluquer… Mais, le succès de Jinjer est amplement mérité, tant le groupe apporte véritablement quelque chose de neuf et de qualité sur cette scène qui s’encroûte par moment. Les musiciens sont excellents et il ne faut pas cracher sur la palette vocale de Tatiana Shmaylyuk qui alterne le growl ravageur, la voix claire d’une extrême beauté, mais aussi sa capacité à s’imprégner de certains genres, pour apporter de nouvelles choses au groupe.

Clip officiel du titre Judgment (& Punishment)
Clip officiel du titre On The Top

Tracklist :

1. On The Top
2. Pit of Consciousness
3. Judgement (& Punishment)
4. Retrospection
5. Pausing Death
6. Noah
7. Home Back
8. The Prophecy
9. lainnereP

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