Alors que Kadavar défraie la chronique depuis sa signature chez Nuclear Blast avec l’excellent Berlin (2015) et surtout Rough Time (2017) qui s’avérera plus simple tout en étant plus riche, taillé pour la scène et sans impureté, on aurait pu penser que le trio Germano-Français allait se reposer sur ses lauriers et plongeait sur le chemin de la facilité. Kadavar revient, auréolé d’une certaine réputation, sur le devant de la scène avec son cinquième album studio baptisé For The Dead Travel Fast. Alors ? On peut dire que nous avions tort, puisque cet album sonne comme une petite pépite du genre Revival Psyché. Kadavar montre, encore une fois, qu’il mérite sa place de tête d’affiche dans certains festivals !
Vous n’êtes sans doute pas passé à côté de ce retour en grâce des influences fantastiques, horrifiques et surtout occultes des années 70, voire début 80 dans la culture populaire, mais aussi dans le monde de la musique. Ghost fait figure de grand nom dans l’imaginaire collectif, bien qu’on ne retrouve plus vraiment l’esprit des débuts dans cette machine à sous. Cependant, il y a des groupes qui restent un peu plus dans l’ombre, qui vont au bout des choses, afin de nous apporter des petits joyaux de maîtrise, comme Graveyard, Uncle Acid and the Deadbeats ou encore Lucifer. C’est également le cas de Kadavar, qui nous livre ici un retour aux sources, dans les prémices de ce que sera le Heavy Metal et le Doom. On retrouve l’amour du groupe pour les riff et les ambiances à la Black Sabbath, tout en allant encore plus loin.
Pour ce faire, Kadavar est allé sur les terres de l’horreur moderne, la Transylvanie et plus particulièrement dans le château de Bram (visible en arrière plan sur la pochette), considéré comme le château de Dracula. Le groupe s’attarde donc un peu plus dans l’imaginaire, afin de s’inspirer du cinéma d’horreur européen et plus particulièrement du cinéma italien, mais aussi par le folklore roumain et les récits gothiques.

Kadavar – For The Dead Travel Fast
Difficile de dire, après une seule écoute, si ce cinquième album de Kadavar est un véritable retour aux sources pouvant plaire aux amateurs de la première heure ou alors un album plus complexe qui en laissera quelques uns sur la touche. Qu’on ne s’y trompe pas le trio nous offre toujours un Doom qui tend de plus en plus vers le Psyché, voire le progressif, pour nous offrir un album intelligent et dont la construction est plus glaçante et Heavy que jamais.
L’ouverture de cet album nous surprend, notamment avec le premier morceau The End qui met directement en place cette ambiance qui sera présente tout au long de l’album. Christoph Lindemann (Lupus) arrive avec une guitare dissonante, inquiétante, mais surtout avec une voix spectrale qui arrive dans la pénombre et la brume. Une voix qui est lancinante dans un premier temps et qui se transforme en quelque chose de plus animal dans le deuxième morceau (The Devil’s Master) qui est une continuité parfaite. On comprend avec ces deux morceaux que le travail de composition a dû prendre du temps pour le trio et qu’il nous offre ici une véritable histoire. Il suffit de voir le clip de ce morceau pour en prendre la pleine mesure. The Devil’s Master se veut tout de suite plus entêtant, plus sombre, comme un retour aux sources. Kadavar captive par cette facilité mise en oeuvre, par son ambiance, mais aussi et surtout par le jeu de Christoph Bartelt (Tiger) qui martèle ses fûts avec une régularité qui fait froid dans le dos.
La suite est encore plus encourageante, puisque le groupe délaisse le Doom pour revenir sur un riff de Heavy Metal old school des plus entraînant avec Evil Forces. Alors que les deux premiers morceaux nous invitaient dans l’univers de Kadavar celui-ci nous embarque dans une péripétie qui se termine par les rires démoniaques de Lupus. Le groupe est-il possédé par le folklore roumain ? Sans aucun doute.

For The Dead Travel Fast nous apporte des morceaux encore jamais entendus chez le trio et ce n’est pas pour me déplaire. On retrouve quand même ce goût pour l’enregistrement analogique qui colle parfaitement avec l’esprit très 70’s du groupe. Le groupe continue sur sa lancée pour nous faire vivre un moment dérangeant tout en étant dansant avec Children Of The Night qui s’habille de quelques notes de clavier (pas assez à mon goût). Kadavar nous offre un morceau à la croisée des genres et à la structure particulière, comme si le groupe retrouvait le Ghost des débuts pour quelques mesures.
Alors que l’on se voit déjà sombrer dans la folie de cette ambiance, le groupe nous cueille avec Dancing With the Dead qui se vit comme un moment à part, hors du temps. La voix de Lupus se veut plus douce, plus “sexy”, pour que nous puissions danser dans la salle de bal du château de Bram. Les morts nous entourent, on danse jusqu’à l’épuisement, jusqu’à la folie, rythmée par le riff de basse de Dragon, alias Simon Bouteloup. Le calme disparaît avec le morceau Poison qui semble couler dans nos veines en même temps que les mesures du morceau. La suite penche encore davantage dans le psychédélisme avec Demons in My Mind qui joue parfaitement avec le son fuzz et la wah-wah caractéristique de Lupus (Christof Lindemann). On retrouve l’esprit que nous avions pu avoir dans Rough Time et le morceau fait son effet. Le rythme martelé par Tiger est entêtant, au point que l’on sombre encore plus dans le monde du groupe. For The Dead Travel Fast se termine alors par une courte balade du nom de Saturnales, mais surtout par Long Forgotten Song qui est un mélange parfait entre le Doom de Kadavar et le prog de Pink Floyd. Le groupe termine en beauté avec, selon moi, le plus grand morceau de la carrière du groupe. Les choeurs sont parfaits, Lupus offre une performance vocale incroyable pour conclure l’album de la meilleure des manières.
Kadavar montre, avec ce cinquième album For The Dead Travel Fast, que le trio a apporté un soin aux mélodies et à la composition générale pour nous offrir leur plus bel album. La nostalgie que l’on ressent dans ce groupe pour les 70’s ne peut vous laisser de marbre, tant les membres du groupe y insufflent une sincérité, mais aussi une fraîcheur dans cette mode du Revival. Kadavar est l’un des grands noms de ce genre musical et For The Dead Travel Fast est leur pièce maîtresse.
Maintenant, il n’y a plus qu’à espérer un passage en tête d’affiche du Hellfest 2020 pour défendre cet album et prendre une belle petite claque de maîtrise scénique.
Tracklist :
- The End
- The Devil’s Master
- Evil Forces
- Children of the Night
- Dancing with the Dead
- Poison
- Demons in my Mind
- Saturnales
- Long Forgotten Song
Catégories :Chronique CD, Musique
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