Cinéma

Dans les hautes herbes de Vincenzo Natali (2019)

Adaptation d’une nouvelle écrite par Stephen King et son fils Joe Hill, édité au format numérique par Albin Michel depuis le 27 septembre 2019, Dans les hautes herbes marque également le retour au cinéma du réalisateur canadien Vincenzo Natali. Celui qu’on n’avait pas revu depuis six ans au cinéma avec Haunter, mais surtout celui qui a réalisé le premier Cube, mais également Cypher, Slice ou encore Nothing. Pourtant, Vincenzo Natali ne s’est pas vraiment arrêté, puisqu’on avait pu le retrouver derrière la réalisation de quelques épisodes de la série Hannibal, Orphan Black, Westworld ou encore The Strain.
Bref, Vincenzo Natali n’était pas très loin du cinéma de genre et ce n’est pas une surprise de le retrouver sur cette adaptation, tant le sujet semble être une relecture de Cube, exploitant ainsi sa thématique favorite, celle de l’emprisonnement et de ses effets sur le psychisme humain…

Un frère et sa sœur s’aventurent dans un champ d’herbes hautes pour porter secours à un enfant perdu, mais découvrent qu’il n’est peut-être pas possible d’en sortir.

Il est clair que Vincenzo Natali nous perd dans ce dédale de verdure. Dans les hautes herbes maintient notre attention dès les premières minutes, tant le réalisateur semble prendre plaisir avec ce nouveau terrain de jeu. Tout est là pour nous faire perdre la tête, mais surtout pour nous faire ressentir l’immensité de ce champ labyrinthique. Le réalisateur joue avec sa mise en scène pour nous plonger dans un univers à la fois surnaturelle et anxiogène. Dans les hautes herbes est un long métrage qui se tient sur sa première heure, tant tout semble d’une fluidité assez incroyable. On suit les personnages dans cet enfer vert, avec un certain plaisir, couplé d’une claustrophobie qui prend de plus en plus de place au sein de cette histoire. Vincenzo Natali va droit au but, notamment avec la détresse des protagonistes bloqués dans cet enfer de verdure.
Ce côté anxiogène sera exacerbé par le formidable travail de composition de Mark Korven. Sa musique, proche d’un rythme tribal hypnotique, conféra au long métrage une plus value qui est, pour moi, l’un des gros points forts de cette réalisation. Cette musique instaure un côté encore plus mystérieux et mystique  à cette histoire qui n’est pas pour me déplaire. De plus, ces compositions seront appuyées par quelques tentatives, parfois audacieuse, de la part de Vincezo Natali au niveau de la mise en scène. Ces tentatives sont très belles, notamment ce travail sur le ciel rouge, mais manque tout de même de subtilité et c’est là que vient le plus gros défaut de cette histoire.

Parce que passé la première heure de visionnage, Vincenzo Natali semble tout autant perdu dans cet enfer vert que ses personnages. L’histoire en elle-même aurait gagné à être plus intimiste, quitte à perdre certains spectateurs, plutôt que de présenter des personnages qui n’apportent pas grand chose. Bien sûr, le réalisateur garde l’esprit de Stephen King dans le traitement des plus bas instinct. L’homme peut être mauvais et c’est dans ce genre de situation que l’on s’en rend compte, mais Vincenzo Natali ne va pas plus loin et c’est assez dommage. Par contre, le casting est très bon, notamment Patrick Wilson qui en fait des caisses, mais qui colle parfaitement à l’univers décrit par le réalisateur. On pourrait même prendre des risques et comparer son jeu d’acteur à celui de Jack Nicholson en Jack Torrance dans Shining, mais je vois d’ici les fourches et les torches enflammées.
L’autre aspect qui fait que Vincenzo Natali semble se perdre, c’est le fait qu’il veuille trop en faire. Il nous présente cet enfer vert, ce labyrinthe qui semble doté d’une intelligence qui lui est propre, il joue avec les dimensions temporelles, afin de les faire disparaître et faire voler les règles en éclats, tout en mettant une roche noire au centre, dont on ne sait rien. Tout se mélange et tout cela fini par nous perdre un peu, dans ce labyrinthe quelque peu brouillon. Tout ça pour dire que Vincenzo Natali aurait peut-être mieux fait de raccourcir son long métrage, afin de mieux coller à cet aspect de la nouvelle de Stephen King et de Joe Hill.


Dans les hautes herbes est une série B qui fait le travail, non dénuée de défauts, mais qui reste honnête jusqu’au bout. L’aspect horrifique est peut être un peu trop classique pour émerveiller les fans, mais la première heure vaut vraiment le visionnage. S’en suit une adaptation en mode pilote automatique qui joue avec les thématiques Kingienne. Ce n’est pas le final, qui semble trop facile, qui réussira à tout rattraper. Dommage. 

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