Coup de coeur

Qaanaaq de Mo Malø : Dépaysement garanti

Est-ce qu’un roman vous a déjà fait peur, au point de toujours retarder sa lecture ?

Qaanaaq de Mo Malø, publié aux Editions de La Martinière et récemment au format poche aux Editions Points, représentait cette peur chez moi. Elle a duré assez longtemps, presque une année entière à vrai dire… Je ne sais pas vraiment quand cela a commencé. Sans doute, quand les premières chroniques sont tombées. Notamment, celle d’Anaïs Serial Lectrice et je ne compte même pas ses nombreux post autour de ce roman…

Qaanaaq, c’était tout ce qui me faisait peur. Un roman qui faisait l’unanimité. J’avais peur de l’aimer comme tout le monde, mais sans comprendre pourquoi, juste pour faire comme les autres. J’avais aussi peur de ne pas l’aimer, justement pour faire l’inverse des critiques… En plus, Qaanaaq se passe dans le grand nord et j’ai horreur du froid…

Du coup, ça donne quoi Qaanaaq de Mo Malø ?

La 4eme de couverture

Dans le vaste pays blanc, l’esprit de Nanook se réveille. Le grand ours polaire, seigneur des lieux, protégera les siens. Jusqu’au bout.

Adopté à l’âge de trois ans, Qaanaaq Adriensen n’a jamais remis les pieds sur sa terre natale, le Groenland. C’est à contrecoeur que ce redoutable enquêteur de Copenhague accepte d’aller aider la police locale, démunie devant ce qui s’annonce comme la plus grande affaire criminelle du pays : quatre ouvriers de plateformes pétrolières ont été retrouvés, le corps déchiqueté. Les blessures semblent caractéristiques d’une attaque d’ours polaire. Mais depuis quand les ours crochètent-ils les portes ?

Flanqué de l’inspecteur inuit Apputiku – grand sourire édenté et chemise ouverte par tous les temps –, Qaanaaq va mener l’enquête au pays des chamanes, des chasseurs de phoques et du froid assassin. Et peut-être remonter ainsi jusqu’au secret de ses origines.

Qaanaaq : Dépaysement garanti

C’est toujours assez délicat et difficile de se lancer dans une lecture quand on l’encense de tous les côtés.
C’est avec mes gros sabots de personne occidentale que je me suis plongée dans Qaanaaq de Mo Malø . Pourquoi mes gros sabots ? Tout simplement parce que ce roman prend place au Groenland et que je n’y connaissais rien. Pour moi, ce n’était qu’une immense étendue de glace, avec quelques igloos et inuits pêchant dans un petit trou…

Mo Malø nous cueille d’entrée de jeu. L’auteur nous entraîne dans un pays méconnu, voire complètement inconnu pour certains et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il nous transporte de la première à la dernière ligne dans un pays magnifique. Les descriptions de Mo Malø sont incroyables et permettent de bien visualiser ce que l’on a devant les yeux. Le Groenland, ce n’est pas que de la glace. Il y a sa capitale, les petits villages, ses habitants, la mixité culturelle et surtout ses traditions. L’auteur nous invite à explorer un pays en proie aux changements et ce depuis de nombreuses années. Un pays où les habitants tentent de faire cohabiter la technologie, la modernité et les anciennes croyances. Un pays divisé en deux par la question de l’indépendance.
Mo Malø réussit à nous faire aimer le Groenland et ses habitants. Il faut s’habituer au froid, aux vents et aux traditions, mais on finit par être envoûté.

qaanaaq-mo-malo

Attention, Qaanaaq est bien un roman policier et c’est même un très bon ouvrage. Il faut seulement garder en tête que le Groenland est un personnage à part entière de l’oeuvre de Mo Malø . L’enquête mis en place par l’auteur français est assez tortueuse. Plusieurs meurtres dans un pays qui n’en a presque jamais connu, plusieurs personnages qui gravitent dans cette histoire et surtout plusieurs causes possibles. Il va falloir démêler cette pelote de laine, afin de comprendre l’atrocité de ses meurtres. Pour ce faire, Mo Malø va nous amener à suivre plusieurs personnages, nous permettant ainsi d’avoir une longueur d’avance sur les enquêteurs et donc de faire nos propres déductions.
L’enquête est alors longue, tortueuse, si bien que l’on se demande si Qaanaaq va finir par la résoudre. Ne vous attendez pas à de l’action et énormément de suspense. Qaanaaq, c’est lent comme l’hiver groenlandais, mais surtout à cause du peu de moyen sur place. Là où des Américains vont faire décoller un avion, ici Qaanaaq va devoir se contenter d’une motoneige ou d’un traîneau… Pourtant, Mo Malø va réussir à nous faire ressentir de la peur, notamment lors d’une scène en pleine banquise où la mort rôde autour de nos personnages. Qui est le plus dangereux ? Le, les tueurs ? Ou tout simplement la nature froide ?

J’avais peur de ne pas aimer ce roman et j’avais tort. Mo Malø construit son histoire lentement en proposant un polar de qualité et on nous faisant découvrir un pays grandiose. Je ne vous ai pas vraiment encore parlé des personnages, mais je dois dire que l’auteur nous offre un duo particulièrement plaisant avec Qaanaaq et Apputiku. J’ai eu la banane en lisant, en suivant leurs aventures. Appu, ce Groenlandais bien en chair, son visage rond et son sourire continuel. Qaanaaq, cet homme perdu, à la recherche de son passé, qui apprend à aimer ce pays. Ce duo parfait qui m’a fait penser à celui qu’Edgar Wright a mis en place dans son film Hot Fuzz. On s’attache à ces deux personnages et on a l’impression d’être avec eux, de vivre cette aventure et de combattre le froid polaire. Le point culminant de cette complicité vient quand Qaanaaq demande un bonnet à Appu, mais je vous laisse découvrir cette histoire.

Je termine cette chronique en vous conseillant de découvrir ce polar magnifique. Mo Malø livre une ode à l’aventure, à la découverte d’un pays tout en nous mettant en garde sur les ravages du capitalisme, des extrêmes et du réchauffement climatique. Il est assez difficile de revenir à la réalité après cette lecture et je peux vous dire que ce roman restera gravé à jamais dans mon esprit. Il fera partie de moi.


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