C’est le nouveau début de la rubrique RETOUR SUR SAGA qui, comme son nom l’indique me permettra de revenir sur une saga culte de l’histoire du cinéma horrifique et fantastique. Chaque semaine, vous retrouverez alors la critique d’un épisode et je respecterai, bien évidemment, l’ordre chronologique.
Je vais donc m’attarder pendant quelques semaines sur une des sagas les plus lucratives du cinéma horrifique, à savoir celle mettant en scène Jason Voorhees, le tueur au masque de hockey.
Et si jamais, vous n’avez jamais entendu parler de Jason Voorhees,
Vendredi 13 ça parle de ça :
En 1957, un jeune garçon, prénommé Jason, mourut noyé au camp de Crystal Lake. L’année suivante, les deux personnes responsables du camp furent également tuées. L’endroit ferma mais il est réouvert par un jeune couple en 1980, le même jour anniversaire des autres meurtres. Lors de la préparation du camp pour l’été, les adolescents, employés par le couple, commencent à disparaître un par un…
Il y a matière à débat quant aux origines du sous-genre horrifique qu’est le Slasher. Si certains remontent jusqu’en 1960 avec Psychose d’Alfred Hitchcock, c’est bien avec La Baie sanglante de Mario Bava en 1971, Black Christmas de Bob Clark en 1974 et surtout Halloween de John Carpenter en 1978, que les codes modernes du Slasher vont être mis en place. C’est-à-dire des films mettant en scène un tueur s’en prenant, de façon sanglante, à une bande d’adolescent, le tout teinté d’érotisme.
C’est ainsi que Sean S. Cunningham, alors connu comme étant le producteur de La dernière maison sur la gauche de Wes Craven, profite de l’engouement du public pour ce sous-genre horrifique. Pour ce faire, il va avant tout s’inspirer de La Baie Sanglante de Mario Bava, mais aussi d’Halloween de John Carpenter. Cependant, alors que Big John instaure une mise en scène iconique et une ambiance pesante, Sean S. Cunningham veut faire les choses autrement. Le réalisateur veut choquer son public et c’est ainsi que Vendredi 13 va lancer la mode des slasher décomplexés.
Vendredi 13 ne révolutionne pas le genre de l’horreur et vous pourrez trouver facilement meilleur que lui, mais il en émane tout de même quelque chose de fort. Sean S. Cunningham demande au scénariste Victor Miller d’écrire quelque chose de violent et c’est ce que l’on aura. Le réalisateur a bien conscience que son scénario est bien trop simple, puisqu’il nous projette dans un camp de vacances où les moniteurs vont être décimés les uns après les autres par un psychopathe. C’est surtout avec sa réalisation et surtout avec l’usage de sa caméra que Vendredi 13 va marquer son temps et surtout son spectateur. En effet, Sean S. Cunningham décide de filmer les actes du tueur en caméra subjective et ce dès la première séquence. Ce choix permet alors de ne jamais dévoiler l’identité du tueur, mais surtout de partager la folie meurtrière de celui-ci et l’effet est garanti. Nous sommes alors aux premières loges de cette boucherie, car il faut bien le dire Vendredi 13 premier du nom est sacrément sanglant pour l’époque.
Sean S. Cunningham va prendre son temps dans la première partie pour planter son décor et nous présenter ses personnages. Nous avons donc devant nous des jeunes gens insouciants et profitant de la vie. Ils s’amusent, se font des blagues, s’embrassent, font l’amour et vont même se lancer dans une partie de Strip Monopoly. On est vraiment plongé dans cette insouciance, qui va devenir un élément important du scénario, mais on apprend surtout à se situer dans cet environnement par rapport à la ville ou encore à la taille du camp de vacances. Alors, que cette première partie d’exposition peut s’avérer lente, mais primordiale, c’est bien dans sa suite que le film prend une autre dimension. En effet, c’est une fois la nuit tombée et en pleine tempête, que le piège de Cristal Lake s’abat sur ces jeunes, mais aussi sur nous. La folie meurtrière prend de l’ampleur et décime tout sur son passage (un mort toutes les 10 minutes). Sean S. Cunningham nous montre qu’il avait tout prévu, notamment avec son idée de camp de vacances. En effet, c’est un excellent piège qui se referme sur nos protagonistes, puisqu’ils ne connaissent pas suffisamment le camp pour réussir à s’échapper. Ils deviennent alors des proies faciles pour notre tueur.
Cependant, c’est dans ces moments que la réalisation de Sean S. Cunningham pêche un peu, puisqu’il va souvent élargir son champ, afin de faire apparaître un nouvel élément du décor et donc nous dévoiler l’arrivée de la potentielle attaque. De plus, l’arrivée du tueur est marquée par une bande son identifiable, qui est d’ailleurs devenue iconique par la suite. Ce défaut est tout de même rattrapé par la tension qui se veut croissante, grâce à la caméra subjective, car l’identité du tueur n’est pas dévoilée et que ses intentions restent encore assez floues.
C’est dans son dernier acte et sa révélation que Vendredi 13 tire toute sa force et sa dramaturgie. Il ne faut pas avoir peur de le dire, mais sous ses airs de Slasher décomplexé, Vendredi 13 est un véritable drame humain qui nous laisse perplexe quant aux intentions du tueur. En effet, nous ne pouvons que comprendre la détresse du tueur, même si nous ne pouvons cautionner son passage à l’acte. Ce drame sera mis en corrélation avec le côté puritain des USA à cette époque et c’est ainsi que le tueur s’en prendra aux jeunes gens qui transgresseront la bien pensance.
Oui, Vendredi 13 premier du nom n’est pas un chef-d’oeuvre, mais il va marquer au fer rouge le slasher et le cinéma horrifique de manière générale. C’est ainsi que la saga va continuer avec 9 films supplémentaires, un crossover, mais aussi avec un remake. Ce premier opus rencontrera un énorme succès auprès des spectateurs et en fera l’un des films d’horreur les plus rentables de l’histoire.
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