Il arrive parfois qu’une relation avec un auteur soit complexe et faite de haut et de bas. C’est le cas avec Nicolas Beuglet qui ne m’a pas toujours convaincu, surtout au niveau du fond, qui laisse parfois dubitatif quant à la véritable pensée qui se dégage de certains textes. Pourtant, je ne rate jamais une sortie. Plaisir masochiste ou simple besoin de me confronter à une vision du monde qui n’est pas toujours la mienne. Il se peut que son nouveau roman,Transylvania publié chez XO éditions, joue sur l’un de ces besoins.
La 4eme de couverture
L’inspectrice Mina Draghan enquête sur un meurtre au château de Bran, en Transylvanie, connu pour être celui de Dracula. Ce crime lance un jeu de piste inquiétant. Le tueur semble vouloir révéler d’anciens secrets enfouis au cœur de notre civilisation.
Dans ce thriller qui plonge dans les profondeurs de notre subconscient, Nicolas Beuglet explore, une fois de plus, les ombres du passé pour éclairer l’avenir.
Transylvania : un thriller haletant
Transylvania de Nicolas Beuglet donne cette impression d’avoir été fait dans une espèce d’urgence, afin que le lectorat se plonge corps et âme dans cette fuite en avant. L’auteur met ainsi, une nouvelle fois, en place un dispositif de narration qui ne laisse que très peu de temps à la pause. Tout s’enchaîne à grande vitesse et on est vite pris par cette espèce d’escape game grandeur nature. L’auteur nous embarque aux côtés d’une jeune policière qui se voit offrir le poste d’enquêtrice à la seule condition de résoudre cette affaire. Autant dire que l’enquête s’annonce complexe, puisqu’elle doit se rendre en Transylvanie sur un cas bien particulier.
L’enquête autour de Transylvania débute de manière classique et très vite le récit va s’emballer et nous immerger dans une quête qui dépasse notre héroïne, ainsi que les lecteurs. Tout va très vite et on entre dans cette machination qui arrive sur nous comme un véritable rouleau compresseur. Le danger ne semble pas réellement présent, même si l’impression d’être suivi se fait ressentir. Nicolas Beuglet nous offre une espèce de chasse aux trésors qui nous pousse à toujours tourner les pages.
Difficile de prendre notre respiration, tant on veut connaître la vérité derrière tout ce qui vient de se passer sous nos yeux. On se laisse prendre au jeu, on tourne les pages avec une avidité folle, si bien que Transylvania se termine très vite. Vous l’aurez compris, l’urgence est le maître-mot de ce roman de Nicolas Beuglet. Une urgence qui nous empêche presque de comprendre où l’auteur souhaite en venir, bien que celui-ci nous donne assez rapidement la raison. Cependant, cette révélation ne va absolument pas entacher le rythme bien au contraire. Le romancier maîtrise ses effets et sa narration d’une main de maître. Impossible de poser le livre ne serait-ce que quelques secondes, tant on a cette impression que les événements vont se dérouler sans nous, que l’on va perdre le fil de nos pensées, de nos avancées. Le romancier ne s’attarde pas trop sur les détails, ne va pas jouer sur les descriptions des paysages, sauf lors de l’arrivée en Transylvanie et de son accueil assez froid. Il faut dire que le romancier n’a pas le temps, il a de nouveau un message très important à nous faire passer.

Sauf que cette urgence, ce besoin de mettre le message, les thématiques sur le devant de la scène pourra en chagriner plus d’un. Puisque Transylvania donne cette impression de survoler la caractérisation de ses personnages ou du moins de rester très mystérieux sur certains d’entre eux. Une technique qui fonctionne tout de même plutôt bien, puisqu’il est indéniable que vous allez vouloir revoir son personnage principal dans une prochaine enquête. Nicolas Beuglet réussit l’exploit de nous offrir un l’image d’un personnage complexe dans un roman qui ne laisse aucunement le temps de s’y pencher quelques minutes.
Transylvania : une mise en garde
Cela fait plusieurs fois que je le répète, mais le plus important pour Nicolas Beuglet, c’est de délivrer son message, un énième avertissement à notre société qui vole trop près du soleil. Autant vous dire que celui-ci, bien qu’il prenne de plus en plus de place dans notre quotidien, pousse à la réflexion. On retrouve ainsi la maestria des débuts de l’auteur, celle où il réussissait à convoquer la crainte d’une prochaine dérive pour nous pousser à réfléchir, à voir plus loin que le bout de notre nez. Cette peur nous saisit durant la dernière partie, d’autant plus que le sujet prend de plus en plus d’ampleur et que nous ne sommes plus dans un imaginaire futuriste à la Terminator.
“Elle se demanda si les réseaux sociaux n’étaient pas devenus cette arène où le peuple recevait sa dose quotidienne d’abêtissement, de lynchage et d’excitation malsaine dans une espèce de communion vidée de toute politesse et de réflexion.”
Un message utile pour les générations futures, mais qui doit révolutionner notre façon de penser dès aujourd’hui. Plusieurs théories, idées se mélangent durant Transylvania et je peux vous garantir que celles-ci vous donneront envie d’en savoir plus, de vous documenter, de prendre part, à votre manière, à ce changement qui doit être opéré. Nicolas Beuglet joue sur un discours alarmiste pour offrir une véritable ode à la lecture, à sa libération de l’esprit, à sa capacité à nous offrir des pistes de réflexions, d’évasions dans ce quotidien de plus en plus complexe.
En bref, Transylvania de Nicolas Beuglet est une course en avant contre certains progrès technologiques.
Vous l’aurez compris, Transylvania de Nicolas Beuglet est une belle surprise de mon côté. Je ne pensais pas retrouver, une nouvelle fois, l’auteur dans une narration aussi resserrée, qui se lit en une seule traite, tant la magie de sa narration nous entraîne dans une fuite en avant. Le mystère reste entier, on monte en tension et Transylvania nous attrape, nous retourne et nous pousse à réfléchir, à changer, à voir certains progrès d’un autre œil. Nous courrons à notre perte et nous sommes finalement proches du précipice.
Alors ça, ça vend du rêve…
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