Les Guerriers de l’hiver d’Olivier Norek : un roman intense sur la Résistance

avis les guerriers de l'hiver d'Olivier Norek

Rare sont les auteurs à changer de style littéraire avec autant de facilité et surtout avec autant de reconnaissance derrière. Après nous avoir offert des polars brûlant en pleine cité, un roman engagé pour parler d’écologie et un autre pour évoquer avec force le sort des réfugiés, Olivier Norek revient sur le devant de la scène pour nous parler de la Seconde Guerre mondiale. Avec Les Guerriers de l’hiver, publié aux Éditions Michel Lafon, le romancier s’offre une rentrée littéraire 2024 sous les feux des projecteurs. En effet, le titre est en lice pour le prix Giono, le prix Renaudot, mais également pour le prix Goncourt. Consécration pour un auteur qui nous aura fait vibrer durant de nombreuses années. Alors, qu’est-ce que ça vaut Les guerriers de l’hiver ?

La 4eme de couverture

Imaginez un pays minuscule.
Imaginez-en un autre, gigantesque.
Imaginez maintenant qu’ils s’affrontent.

Au cœur du plus mordant de ses hivers, au cœur de la guerre la plus meurtrière de son histoire, un peuple se dresse contre l’ennemi, et parmi ses soldats naît une légende. La légende de Simo, la Mort Blanche.

Les guerriers de l’hiver : dense, documenté et surtout très bien écrit

Qu’on se le dise, si Olivier Norek est en lice pour ces nombreux prix littéraires ce n’est pas pour rien. Avec Les Guerriers de l’hiver, le romancier nous prouve qu’il a tout d’un grand auteur et qu’il marquera le monde littéraire de son empreinte. Dans ce nouveau roman, qui semble faire l’unanimité, l’auteur nous immerge dans la Guerre d’Hiver entre le 30 novembre 1939 et le 13 mars 1940, opposant la Finlande et l’Union Soviétique. Un flocon de neige dans cette Seconde Guerre mondiale, mais qui a tout de même son importance, puisque cet événement a montré toute la puissance et la résistance d’un petit pays face à une puissance mondiale colossale, tel David contre Goliath. Choix intéressant de la part du romancier, puisque le conflit nous renvoie vers notre propre actualité…
Avec Les Guerriers de l’hiver, Olivier Norek va nous plonger dans ce combat et va nous faire vivre chaque petit événement de l’intérieur. Il n’y a pas à dire, le romancier a travaillé dur pour nous offrir ce roman. Celui-ci s’est documenté durant de longues années pour nous retranscrire de façon la plus fidèle possible cette partie peu connue de la Seconde Guerre mondiale. Un travail de longue haleine qui permet au lecteur d’apprendre énormément de choses, de détails de l’histoire et de comprendre comment un conflit peut prendre autant d’ampleur.

Avec Les Guerriers de l’hiver, on prend conscience des décisions qui font tout basculer, des enjeux politiques derrière certains choix, des manigances, des corruptions, des opérations clandestines, de la folie des grands hommes. On découvre les prémices de cette bataille avec une espèce de rage au ventre, tant l’Histoire semble si cruel. C’est un sentiment particulier qui s’empare de nous durant ce prologue, tant on se prépare au pire. Olivier Norek déploie une ambiance sombre, de dévastation et de cauchemar qui ne fait que commencer. La guerre est dans tous les esprits et pourtant, personne ne semble saisir la gravité des événements.
Le romancier va vite nous mettre dans le bain avec une précision chirurgicale, donnant alors un aspect presque documentaire à son roman. Celui-ci, dans une alternance de points de vue, nous permet de saisir la globalité de ce conflit. Nous allons ainsi découvrir la vie quotidienne des soldats, puis bifurquer vers une réunion politique où les stratégies seront mises en place, mais aussi par les batailles en elle-même qui vont saisir le lectorat par leur réalisme. On tombe alors dans des guets-apens, de l’infiltration et surtout sur les faits d’armes de Simo Häyhä, le tireur surnommé la Mort blanche.

Pour ce qui est de la plume, Olivier Norek fait preuve d’une amélioration constante. Celle-ci s’embellit à chaque roman, prend de plus en plus d’ampleur et manie sa poésie de façon magistrale. Il est indéniable que celle-ci nous transporte avec facilité dans les horreurs du conflit. Pour la faire courte, Les Guerriers de l’hiver semble être le roman qui montre au plus grand nombre de lecteurs toute la puissance de romancier et que rien ne peut l’arrêter.

Les guerriers de l’hiver : un manque d’âme

Olivier Norek s’attarde sur le soldat Häyhä, puisque celui-ci sera vite utilisé comme un symbole de la lutte et de la résistance finlandaise. On découvre alors le parcours d’un simple fermier, chasseur à ses heures perdues, qui part à la guerre, alors qu’il avait encore toute sa vie devant lui. Le romancier évoque ses faits d’armes, sa capacité extraordinaire à toucher l’ennemi avec une précision incroyable et à fédérer l’engouement dans son camp et la peur de l’autre côté. Si je m’attarde sur ce Simo Häyhä, c’est pour évoquer le seul point qui me met dans l’embarras et qui me place un peu à contre-courant des premiers avis que j’ai pu glaner en librairie. À mes yeux, il y avait tant de choses à faire avec ce personnage, tant de points d’accroches pour faire vivre un moment encore plus intense et plus épique aux lecteurs. Avec ce style documentaire, Olivier Norek ne m’offre pas ce supplément d’âme que j’avais l’habitude de retrouver dans ses romans précédents, mais surtout dans les personnages qu’il nous proposait.

C’est ce manque d’âme qui me fait passer souvent à côté, qui m’empêche de prendre réellement part à ce roman et aux événements qui déroulent sous mes yeux. C’est ce manque qui me fait ressentir les certaines longueurs du roman. Il y a l’absence de ce petit frisson, ce petit truc qui fait que l’on plonge corps et âme avec le personnage et que l’on comprend sa psyché. Peut-être que le romancier ne voulait pas faire dans la surenchère de bons sentiments, de transformer son oeuvre, de dégrader l’Histoire. Ou alors, Olivier Norek avait cette volonté de nous montrer que cette partie de la Seconde Guerre mondiale ne concernait pas qu’une seule figure, mais un bloc d’hommes et de femmes prêt à se sacrifier pour la liberté. Oui, Les Guerriers de l’hiver est un très bon roman, mais il m’a manqué ce petit truc pour me faire palpiter, pour me marquer à tout jamais.

En bref, Les guerriers de l’hiver d’Olivier Norek est un roman dense qui ne touchera peut-être pas tout le monde de la même façon

Je ne peux pas dire que Les guerriers de l’hiver d’Olivier Norek soit une déception. Au contraire, celui-ci m’a marqué avec sa précision chirurgicale et ce besoin de nous parler d’une partie de l’Histoire oubliée avec le temps. Le romancier offre un roman de qualité, quasi-documentaire et avec une plume incroyablement belle et forte. Il me manquait simplement cette sensation de ressentir les émotions des personnages pour plonger corps et âme dans cette histoire et pour le transformer en coup de coeur. La qualité du roman n’est pas remise en cause ici, je parle juste de mon ressenti personnel, de mon besoin de ressentir les choses. Il est indéniable qu’Olivier Norek nous ait offert LE grand roman de sa carrière et qu’il marquera de nombreux lecteurs. Maintenant, il ne vous reste plus qu’à vous le procurer en librairie avant qu’il ne gagne un prix littéraire.

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7 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Avatar de vagabondageautourdesoi Matatoune dit :

    En tout cas, c’est courageux de la part d’un écrivain de remettre en jeu son choix littéraire. Il m’attend …

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    1. Avatar de tomabooks tomabooks dit :

      Totalement et comme je le disais, c’est une réussite !

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  2. Avatar de laplumedelulu laplumedelulu dit :

    Yvan l’a porté aux nues, Aude beaucoup moins, toi, c’est entre les deux. Je pense que l’on appréhende l’histoire différemment, selon son vécu. Merci à toi pour la chronique et ta franchise 🙏 😘

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    1. Avatar de tomabooks tomabooks dit :

      Merci à toi pour ton retour ! Je n’ai pas encore eu le temps d’aller voir les chroniques chez les autres… Même si je suis entre les deux, ça ne m’empêche pas de le conseiller en librairie pour certains lecteurs 🙂

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      1. Avatar de laplumedelulu laplumedelulu dit :

        Figure toi qu’il a rejoint mes bras hier. Comme ça, d’un coup d’un seul. 😇

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  3. Très belle chronique qui représente exactement mon ressenti ! Un magnifique livre, une vraie puissance dans la plume, mais avec, me concernant, un manque d’attachement et d’émotions…

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    1. Avatar de tomabooks tomabooks dit :

      Et ça fait du bien de pouvoir mettre des mots sur ce qui nous a manqué 🙂 Je n’arrête pas de le conseiller à certains lecteurs en librairie, preuve que le roman d’Olivier Norek reste grandiose

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