Monica de Daniel Clowes : Fauve d’or Angoulême 2024

En cette première année en tant que libraire spécialisé en BD et Manga, je découvre l’effervescence qu’il y a derrière un festival comme celui d’Angoulême. Celui-ci avait lieu entre le 25 et le 28 janvier 2024 et c’est le titre Monica, de l’Américain Daniel Clowes, qui est reparti avec le titre du Fauve d’or. Je profite donc de quelques jours de vacances pour rattraper mon retard et comprendre l’engouement de la part du public et de mes confrères derrière ce titre. 

Monica : un récit complexe

Le premier constat que l’on peut faire en refermant une première fois cette histoire, c’est que celle-ci est complexe et qu’elle mérite une, deux, voire trois lectures pour tenter de comprendre toutes les connexions et pour capter le moindre petit détail qui peut donner tout son sens à cette histoire incroyable. Vous l’aurez compris, Monica de Daniel Clowes n’est pas forcément le genre de bande dessinée que l’on pourrait conseiller à un néophyte ou à quelqu’un à la recherche d’une histoire simple.

Pourtant, on ne peut pas dire que l’idée de base de ce récit soit complexe, puisque le scénariste et dessinateur nous donne la possibilité de suivre le parcours et la vie de Monica de sa naissance, jusqu’à la fin de sa vie. Cette jeune femme, abandonnée plus jeune par sa mère, fera tout pour la retrouver et comprendre ce qui a pu la pousser à tout quitter. Monica semble simple, mais c’est la globalité de l’histoire imaginée par Daniel Clowes qui la rend difficile à appréhender. Il faut dire que celui-ci nous offre plusieurs récits dans le récit sous forme de micro nouvelle. Si celles-ci donnent cette impression de n’avoir rien à faire dans l’histoire, c’est pour mieux nous duper et finir par s’incorporer dans le récit et le servir. 

Dans ces quelques pages, nous allons suivre la quête de vérité de Monica, mais aussi toutes les déceptions que cela engendre et nous allons surtout croiser une multitude de personnages dans diverses décennies. Un point commun les réunit : la bizarrerie. Et c’est cet aspect qui pourrait résumer à lui seul toute l’histoire derrière Monica de Daniel Clowes. L’auteur nous entraîne dans diverses situations peu banales, donnant cette impression de nager dans un rêve éveillé ou dans un véritable trip sous acide. Difficile de voir sous cette histoire quelques pans autobiographiques du dessinateur et c’est en cela qu’il faudra plusieurs relectures, mais aussi pas mal de recherches pour extraire toute la puissance évocatrice de ce Fauve d’or Angoulême 2024

Monica : un mélange des genres

Lire Monica, c’est plonger directement dans une imagerie des années 60 sans se mouiller la nuque, mais c’est aussi une façon de découvrir ou de redécouvrir un travail formidable autour de la composition des plans, des cases. Daniel Clowes nous offre sa vision des années hippies avec un style graphique propre à cette décennie, tout en nous interpellant directement avec certaines cases frontales. Le scénariste et dessinateur nous pousse à plonger dans cet univers et à ne faire qu’un avec cette histoire.

Autant dire que le pari est tenu, alors même que le titre nous entraîne dans des genres complètement différents les uns des autres. Clowes joue avec différentes imageries pour rendre un bel hommage aux anciens comics américains. On plonge alors dans un récit de guerre, dans un thriller paranoïaque, dans une espèce de Folk Horror, dans un récit fantastique, dans une enquête palpitante et le tout avec un aspect toujours un peu surréaliste, voire un peu horrifique. Monica surprend son lecteur, le perd par moment, mais finit toujours par nous impressionner et surtout nous questionner quant à notre rapport à l’autre.

Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. Avatar de laplumedelulu laplumedelulu dit :

    Pas trop ma came, mais merci à toi pour la chronique 🙏 😘

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