
Après avoir terminé ce que les amateurs du genre considèrent comme ses trois plus beaux films, L’enfer des Zombies, Frayeurs et l’Au-délà – aussi appelée la Trilogie des Morts -, Lucio Fulci souhaite déjà se remettre au travail et cherche alors un nouveau sujet. On le sait, celui-ci n’est pas le dernier pour flairer le bon coup (L’enfer des zombies prenant alors le nom de Zombie 2 pour surfer sur le succès de George A. Romero) et c’est ainsi qu’il décide, avec son acolyte Dardano Sachetti, de se pencher sur LE sujet qui fait fureur à cette époque : les maisons hantées et autres histoires de fantômes. C’est ainsi que La maison près du cimetière prendra vie pour notre plus grand plaisir.
SYNOPSIS :
Le professeur Norman Boyle déménage avec sa famille à Boston. Il doit reprendre des recherches entamées par son confrère et mentor, le professeur Peterson, qui s’est suicidé après avoir assassiné sa maîtresse. Ils s’installent dans l’ex-demeure du défunt, une ancienne maison située près d’un cimetière. Bientôt leur fils Bob reçoit des avertissements d’une mystérieuse petite fille qui le presse de quitter les lieux au plus vite.
La maison près du cimetière est donc le quatrième film de Lucio Fulci de son cycle entamé à la fin des 70’s, dédié à la frontière entre le monde des morts et celui des vivants. Difficile alors de ne pas voir ici ce long-métrage comme le dernier passage avant l’enfer qui pourrait s’abattre sur Terre ou tout simplement comme le dernier acte fulgurant d’un réalisateur/auteur qui finira par perdre en efficacité par la suite.
La maison près du cimetière est un film qui se situe à la croisée de deux courants du cinéma horrifique, à savoir : le gothique dit classique avec son décor de vieille maison sinistre, au plancher qui craque et aux portes qui grincent et le gore organique si cher à Lucio Fulci. Dans ce choix de taquiner deux courants, il y a aussi une envie de surfer sur un modèle qui fonctionne et ce n’est pas le synopsis de cette histoire qui nous fera dire le contraire. Tout est réuni pour nous faire vivre une expérience autour des clichés du genre, mais surtout à un hommage peu subtil à des films comme Amityville ou encore Shining, dont on retrouve quelques similitudes. En effet, Fulci ne s’en cache pas et fait intervenir le modèle classique de la famille américaine dans une maison qui semble dangereuse. On y retrouve alors un père de famille absent par la charge de travail, une mère un peu instable sur les bords et écrasée par son mari, mais surtout un enfant doté de pouvoirs surnaturels, lui permettant de communiquer avec une fillette. Rien de bien original donc, mais tout le pouvoir d’attraction de La maison près du cimetière est à retrouver du côté de son ambiance pleine de noirceur et où l’espoir n’est pas de mise.
La maison près du cimetière est le genre de long-métrage qui prend son temps, afin de mettre une ambiance angoissante en place. Certains pourront dire que Lucio Fulci se perd dans un dédale de dialogues et de scènes qui ne servent à rien, mais de mon côté, je serais plutôt partisan de dire que tout ceci sert au propos du film et à l’installation d’une atmosphère très lovecraftienne.
Si le sujet de la maison hantée a été maintes fois abordé au cinéma, le réalisateur et auteur s’imprègne de ce courant pour nous offrir un moment suspendu autour de la peur enfantine du placard, jouant alors sur l’obscurité, sur les recoins menaçant d’une maison qui nous veut du mal, sur les bruits que celle-ci comporte, mais aussi sur des sons, des pleurs et des cris d’enfants dont on ne saura rien. Tout ceci contribue à la magie de La maison près du cimetière, ainsi qu’à son mystère.
Lucio Fulci se démarque des autres productions par l’envie de ne rien nous dire, de laisser notre imagination galoper, de faire monter cette pression de la peur primale et que celle-ci vienne nous cueillir lorsque nous fermons les yeux. C’est le secret de cette maison qui va nous tenir en haleine, comme H.P. Lovecraft aurait pu le faire dans ses écrits. D’ailleurs, La maison près du cimetière est un titre que l’auteur de Providence aurait pu utiliser, tant celle-ci correspond à son décorum. Entre la forêt qui semble morte, le cimetière qui se trouve non loin de là, la cave attirante, la tombe en plein milieu du salon et le père de famille qui prend alors le visage de tous les héros de Lovecraft, à savoir le chercheur qui est sur une piste dangereuse, morbide et qui ne s’arrêtera jamais.
La tension est donc à son comble, accentuée ici et là par des mouvements de caméra assez lents et fluides. La frayeur monte crescendo, l’ambiance est pesante, onirique et Lucio Fulci s’en servira pour faire éclater son récit dans un final qui rompt avec cette lenteur. Le gore, qui avait déjà fait son apparition à quelques reprises dans le long-métrage, sera ici bien plus organique, putride, donnant ainsi toute une symbolique à cette cave inaccessible.
La maison près du cimetière continuera à nous secouer, à nous faire réfléchir quant au concept du corps, de l’expérimentation de son auteur et de sa vision de l’horreur venu d’outre-tombe. Le gore n’aura jamais été aussi beau chez un réalisateur et ne sera plus jamais aussi fort chez Fulci après ce dernier coup de maître.
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