La chanson blanche de Grégoire Godinaud : un puzzle d’une maîtrise folle

Il est toujours intéressant de constater que certains auteurs réussissent à s’imprégner d’un drame humain pour tisser une intrigue inédite autour de celui-ci. Avec La chanson blanche, publié aux Éditions du Gros Caillou, Grégoire Godinaud nous embarque dans un puzzle d’une maîtrise folle, suite à la disparition du vol AN 333. Vous pouvez détacher votre ceinture, cette chronique est assurée sans turbulence.

La 4eme de couverture

Décembre 2015. Le vol AN 333 reliant Boston à Paris sombre en mer avec tous ses passagers.
Il n’y a aucun survivant, pas d’explication, les boîtes noires restent introuvables.
Quatre ans plus tard, de nouveaux indices émergent, dont une mystérieuse chanson. Et si ce crash n’était pas un accident ?
Alors que les recherches reprennent, le puzzle qui lie les passagers entre eux s’assemble peu à peu…

Mêlant l’enquête en cours et les dernières heures du vol AN 333, l’auteur fait apparaître subtilement les secrets des passagers et leur part d’ombre. Un thriller maîtrisé qui tient toutes ses promesses.

Un puzzle d’une maîtrise folle

« Selon la théorie des 6 degrés de séparation, toute personne sur Terre serait reliée à n’importe quelle autre par une chaîne de relations individuelles comprenant au maximum cinq [six ?] maillons. » Théorie de Frigyes Karinthy

Tout commence par un crash d’avion qui s’est produit en 2015, dont on ne retrouvera ni les débris, ni la boîte noire, ni les passagers. Parmi eux, Raphaël, jeune homme atteint de troubles du spectre autistique, casanier, ne supportant pas la foule. Qu’est-ce qui a bien pu le pousser à se rendre seul aux États-Unis et sans même prévenir personne ? Tom, son frère jumeau, avait abandonné tout espoir de le savoir, jusqu’à ce qu’il soit contacté par la B.E.A quatre ans après, suite à la découverte du portefeuille de Raphaël et d’une chanson aux paroles particulières et équivoques. Dès lors, la machine se met en route et il sera tout bonnement impossible de lâcher ce roman sans avoir la réponse à ce mystère. L’épigraphe qu’utilise Grégoire Godinaud va alors prendre tout son sens au fur et à mesure de cette enquête et de cette quête personnelle…

On pourrait dire que La chanson blanche est le parfait cocktail pour résister au sommeil, tant le romancier nous invite à suivre son personnage jusqu’au bout de la nuit pour comprendre ce qui a bien pu se passer au moment de la disparition de ce vol. Qu’on se le dise, le roman de Grégoire Godinaud est organisé comme un véritable puzzle, voire comme une partition complexe où les tempos peuvent changer à tout moment. Le romancier donne cette impression que nous allons être en face d’un récit complexe, alors qu’il n’en est rien. La forme chorale prend tout son sens et ne nous perd à aucun moment, tant on est pris dans la machine et dans ce mystère qui semble insoluble.
Il faut d’ailleurs noter que celui-ci donne l’impression d’une parfaite maîtrise de son récit, tant il distille les indices au compte-gouttes, jouant alors sur nos nerfs, notre impatience et sur notre volonté à aller jusqu’au bout de cette terrible affaire. Tel un chef d’orchestre, Grégoire Godinaud donne de l’importance et un rôle à chaque personnage, à chaque détail qui paraît anodin. En bref, rien n’est laissé au hasard avec La chanson blanche. 

Un récit mené tambour battant

L’intrigue que tisse Grégoire Godinaud est incroyablement dynamique, sans pour autant oublier son aspect plus complexe. Les rebondissements sont parfaitement dosés, les révélations sont souvent percutantes, si bien que l’on termine cette lecture avec cette impression d’être à bout de souffle. La chanson blanche ne laisse presque aucun répit et joue sur deux temporalités. D’un côté l’année 2019 où notre personnage principal se lance dans l’enquête de sa vie et en 2015 durant le vol. Les deux périodes s’entrecroisent, les idées s’entrechoquent et les théories pleuvent dans notre esprit, tant le romancier sème le doute à chaque instant. Il faut dire que Grégoire Godinaud donne la parole à de nombreux personnages, si bien que l’on aura le droit à toute sorte de thématique et donc de possibilité dans cette disparition. On y évoque avec justesse l’idée d’un acte terroriste, d’une liaison amoureuse risquée, d’un trouble dissociatif de l’identité, de trouble autistique ou encore d’un kidnapping d’enfant. De nombreuses pistes que le romancier maîtrise comme personne et qui subjuguent son lecteur. 

La chanson blanche est le deuxième roman de l’auteur et on sent déjà que celui-ci a progressé depuis La nuit des flammes (publié en 2022 chez City éditions). On remarque d’emblée que celui-ci sait comment implanter son contexte, ses situations, la psychologie de ses personnages et ses décors. La plume joue avec les mots, avec les sensations, si bien que l’on projette facilement dans les différents environnements que le romancier nous propose. D’une place assise dans un avion, on se retrouve projeté au sol quelques années plus tard avec une facilité déconcertante. Tout cela sans oublier la tension qui monte tranquillement parmi les passagers et qui nous met d’autant plus mal à l’aise vu que l’on connaît la suite tragique des événements…

En bref, La chanson blanche de Grégoire Godinaud est une jolie réussite

Le romancier réussit son pari et nous embarque d’une enquête terriblement palpitante autour de cette mystérieuse disparition. Qu’est-ce qui a poussé ce jeune homme à partir seul ? Que veut dire cette chanson ? Attentat ? Erreur humaine ? Souci technique ? Vous saurez tout en dévorant ce puzzle complexe, dynamique que nous offre Grégoire Godinaud. Une lecture idéale pour passer un agréable moment au bord de la plage, de la piscine, sur son fauteuil ou dans un avion justement. 


2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Avatar de laplumedelulu laplumedelulu dit :

    Rhoooo. Comment tu racontes ta lecture. 😍 MERCI à toi. 🙏😘

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