Cinéma

[CRITIQUE] : Hypnotique de Matt Angel et Suzanne Coote (2021)

Arrivé le 27 octobre 2021 sur Netflix, Hypnotique de Matt Angel et Suzanne Coote nous plonge dans le quotidien perturbé d’une jeune femme suite à sa rencontre avec son hypnothérapeute. Vendu comme un thriller angoissant, le long-métrage peine à convaincre de par son rythme lent et son manque d’inventivité. Retour sur cette nouvelle production que l’on oubliera bien trop vite…

SYNOPSIS
Coincée tant sur le plan personnel que professionnel, Jenn se tourne vers un mystérieux hypnothérapeute, mais elle se retrouve prise dans un jeu de manipulation mortel.

Cela fait maintenant sept ans que Netflix est apparu sur le sol français et une chose est sûre, c’est que la plateforme sait y faire pour surfer sur la bonne vague de la tendance. Si Red Notice était le parfait braquage de par son casting, Hypnotique, réalisé par Matt Angel et Suzanne Coote, marque leur volonté de nous abreuver d’une multitude de productions peu coûteuses surfant aussi bien sur l’épouvante que sur le thriller. Jouant la carte de la thématique sociétale actuelle, comme a toujours pu faire le cinéma de genre finalement, ce nouveau long-métrage tente, tant bien que mal, de nous parler de la masculinité toxique et violente. 

L’idée de base semblait être le parfait terreau pour nous plonger dans l’épouvante psychologique pure et dure avec l’utilisation de l’hypnose. Cette pratique, encore peu exploitée dans le cinéma d’horreur, avait de quoi mettre l’eau à la bouche, tant les possibilités de mise en scène, mais aussi de scénarios pour nous faire perdre tout sens de la réalité étaient grandes. Autant être honnête avec vous, Hypnotique ne réussit absolument pas à nous faire ressentir la moindre inquiétude, la moindre bizarrerie, tant les deux réalisateurs ne jouent pas avec leurs caméras pour nous immerger peu à peu dans la folie de son personnage. Mais ce n’est pas tout, puisque l’on ne peut pas dire non plus que ceux-ci réussissent pleinement à nous faire prendre la mesure de la dangerosité de cette domination patriarcale. Les deux sujets mélangés avaient de quoi permettre d’offrir un long-métrage anxiogène, jouant sur la symbolique de la femme perdant le contrôle au profit d’un homme capable de tout. Au lieu de cela, nous avons eu un téléfilm propre sur soi digne de ce qu’on avait pu avoir à la fin des années 90, suite à l’arrivée de Seven

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Qu’on se le dise, Hypnotique est d’une paresse abyssale tant est si bien que l’on oublie assez rapidement l’utilité de l’hypnose dans tout ça, sauf à deux ou trois reprises histoire de nous maintenir éveillés quelques instants. Matt Angel et Suzanne Coote se contentent de filmer sans panache pour nous contraindre à suivre ce récit parfois incohérent, mais surtout ultra classique dans son déroulement. Et c’est là que le bât blesse, puisque l’on aurait très bien pu passer à autre chose si le récit était piquant, véhément et particulièrement violent. Hypnotique donne cette impression de tourner autour du pot, sans forcément nous offrir ce que l’on attend réellement, à savoir une véritable pourriture abusant vraiment de son emprise. Les cinéastes ne semblent finalement peu intéressés par le message politique que leur long-métrage aurait pu apporter, telle Invisible Man de Leigh Whannell.

On retiendra cependant cette volonté qu’ont les deux acteurs principaux de nous offrir le meilleur de leur jeu, malgré un manque flagrant de développement des deux personnages. D’un côté, nous avons cette jeune femme, interprétée par Kate Siegel, en proie à une profonde dépression qui n’est caractérisé que par le fait qu’elle soit au chômage et qu’elle ait besoin de boire plus d’un verre en soirée. Et de l’autre, nous avons l’homme parfait, charismatique et énigmatique, joué par Jason O’Mara, tentant vainement de prendre un air rassurant. La confrontation entre les deux aurait pu être magistrale, avec cette idée de jouer avec les propres traumatismes de cette jeune femme, mais tout tombe à plat. Hypnotique finit par s’enfermer dans une écriture trop pauvre, bourrée soit d’incohérences ou d’éléments qui ne sont jamais expliqués au spectateur, mettant ainsi le coup de grâce à ce téléfilm luxueux que l’on oubliera aussitôt. 


En bref, Hypnotique de Matt Angel et Suzanne Coote est symptomatique des productions Netflix qui arrivent en masse depuis quelques années maintenant. En prenant une problématique sociétale dans l’air du temps, un concept fort et une “star” maison, tous les ingrédients sont là pour faire du produit en masse et surtout gâcher un potentiel monstre. Il est indéniable que cette idée aurait été exploitable et surtout mieux exploitée par une boîte de production comme Blumhouse. Dommage. 

Note : 1.5 sur 5.

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