Cinéma

[Retour sur Saga] – [REC]² de Jaume Balaguero et Paco Plaza (2009)

Après un gros succès au box-office (plus de 32 millions de recettes à travers le monde) et des avis unanimes, les deux réalisateurs signent de suite pour lancer la production d’une suite. Jaume Balaguero et Paco Plaza rempilent donc pour [REC]² dès l’automne 2008 pour une sortie en 2009 sur nos grands écrans. 
Assez courant dans le monde du cinéma et dans le genre de l’horreur, la suite a de quoi faire peur. Est-ce que les producteurs la veule pour se faire plus d’argent ? Est-ce que le réalisateur va nous pondre le même film, mais avec plus de budget ? Et je dois dire que les premières séquences du long-métrage ne rassure pas et me font monter au créneau. Le film débute exactement là où le premier opus se terminait, laissant ainsi l’impression désagréable de voir une oeuvre coupée en deux pour des raisons commerciales (comme il sera courant de faire avec des sagas adolescentes, telles que Harry Potter, Hunger Games ou encore Twilight). Bon, j’avoue que j’ai réagi un peu trop vite et je vais vous dire pourquoi.

Les autorités viennent de perdre le contact avec les occupants de l’immeuble mis en quarantaine. Personne ne sait vraiment ce qui se passe à l’intérieur. Dehors, le chaos règne…La brigade d’intervention spéciale, équipée de plusieurs caméras et envoyée sur place pour analyser la situation, va devoir affronter une menace bien réelle…

[REC]² : dans l’immeuble, personne ne vous entendra crier.

Donc oui, [REC]² reprend à la minute près là où les deux réalisateurs nous avaient laissé dans ce premier bijou de cinéma d’horreur. Tremblant, nauséeux et pas très fier de notre état. On prend les mêmes et on recommence ? Pas vraiment, puisque Jaume Balaguero et Paco Plaza nous invite dans le fourgon d’une brigade d’intervention  espagnole pour faire la connaissance des quatre personnages qui vont entrer dans l’immeuble de Barcelone pour se frotter aux infectés. Les intentions des deux compères sont compréhensibles dès cette présentation et ce qu’ils veulent, c’est nous offrir un Aliens sauce [REC]. C’est peut-être prétentieux de leur part, mais force est de constater que le postulat de base fonctionne jusqu’à un certain moment de l’histoire. Jaume Balaguero et Paco Plaza veulent aller plus loin dans l’horreur, dans le gore et dans la sensation. Et si tout ne fonctionne pas à la perfection, ce n’est pas grave.
C’est bien la testostérone qui prend place dans cette première partie, puisque nous allons suivre les pérégrinations des officiers de la brigade d’intervention dans l’immeuble et si les débuts sont calmes, le palpitant nous joue quand même des tours. Les deux réalisateurs le savent, on sait ce qu’il y a et il faudra trouver autre chose pour nous faire peur. [REC]² va donc jouer sur son éclairage et sur la multiplicité des points de vues pour faire monter l’angoisse. L’immeuble est plongé dans le noir et nous disposons que de très peu de sources lumineuses. Celle venant des lampes torches et celle arrivant de façon incontrôlable par un hélico qui survole la zone. Le noir s’éclaire quelques secondes et nous ne pouvons pas nous empêcher de surveiller en vitesse les recoins de l’immeuble, avant d’être replongé dans une obscurité d’encre. Parce que même si on sait qu’il y a des infectés, on ne sait pas où il se trouve…

Véritable train fantôme, voire montagne russe de l’action gore, [REC]² ressemble par moments à un véritable FPS (je vous renvoi vers l’analyse de Demoiselles d’Horreur sur le personnage d’Angéla). L’idée est bonne et nous plonge corps et âme dans une dynamique trépidante et dans une certaine confusion, si bien que certaines attaques pourraient nous sembler assez brouillonne. L’hystérie du premier [REC] n’est pas loin et ce n’est pas pour déplaire, puisque nous ne boudons pas son effet déstabilisant.
Le souci majeur de ce [REC]² vient de sa deuxième partie et de la découverte d’un second groupe de survivant réfugié dans l’immeuble. On peut s’en prendre qu’à ce petit infecté qui a fait tomber la caméra des membres de l’unité d’intervention et qui l’a cassé, parce que sans lui, on aurait pu éviter la chose la plus ennuyante du long-métrage… Je m’égare, je m’égare. On va donc changer de point de vue, avec cette fois-ci celui de trois adolescents qui ont pénétré dans l’immeuble par les égouts, histoire de vivre le grand frisson. Le problème, c’est que l’on retrouve directement le mauvais côté de la caméra documentaire, avec cet effet Parkinson qui a le don de donner envie de vomir, même au meilleur marin de cette planète. Les acteurs ne sont pas très bons et les personnages non plus d’ailleurs, notamment celui de la jeune fille qui passe son temps à crier et donc à nous tuer les oreilles… Mais sinon l’idée a le mérite d’apporter un second souffle au long-métrage, ainsi que de nous faire espérer de voir une brochette d’ado se faire croquer par les infectés.

Bien que ce [REC]² a ce petit goût de déjà vu, notamment dans son dernier acte, il ne faut tout de même pas cracher sur le très bon travail de Jaume Balaguero et de Paco Plaza. Les deux réalisateurs offrent un spectacle horrifique de grande ampleur que l’on aimerait voir davantage dans les salles obscures. Ceux-ci font preuve, encore une fois, d’un certain talent de mise en scène pour ce qui est de mettre la terreur en image. [REC]² reste donc un deuxième long-métrage honnête où les sensations fortes seront encore bien présentes pour notre plus grand bonheur. 

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