Chucky

[Retour sur Saga] – Chucky 4 : La fiancée de Chucky de Ronny Yu (1998)

Une saga doit-elle être cohérente de bout en bout, même si la qualité en pâtit ? Ou alors, faut-il repartir sur de nouveaux codes ? S’il y a bien un film qui pourrait répondre à cette question, c’est bien ce quatrième opus de Chucky réalisé par Ronny Yu.
Il aura tout même fallu attendre un troisième épisode médiocre et sept ans pour que la poupée tueuse revienne sur le devant de la scène et je peux vous garantir que ce n’était pas gagné d’avance. Sur le papier ce Chucky 4 a de quoi déstabiliser. Il faut dire que faire intervenir un nouveau personnage dans la partie et qui plus est une fiancée pour notre tueur n’est pas forcément l’idée la plus lumineuse qu’il soit, et pourtant. Ronny Yu arrive derrière la caméra pour mettre en scène le travail de Don Mancini et c’est grâce à lui qu’on lui doit le nouveau design de notre poupée préférée. Scarification faciale, paupière manquante et cheveux agrafés au pif. Chucky n’a jamais été aussi intriguant, sale et repoussant. Le réalisateur change les codes et cela passe par le ton du film. Si le sérieux était encore visible dans les deux premiers opus, celui-ci avait quelque peu disparu dans le troisième. Ici, il n’est plus du tout présent. Ronny Yu est sur l’autoroute de la comédie, du loufoque et du malaise. 

La poupée Chucky n’est plus qu’un infâme bout de chiffon et de plastique tout juste bon à jeter aux ordures. Mais Lee Ray, tueur en série officiellement mort depuis une dizaine d’années, habite encore sa carcasse en charpie. La pulpeuse Tiffany, créature tout entière dévolue à son culte, rêve de le ramener à la vie. Et voila qu’elle parvient à le ranimer. Mais dès son retour à la vie, Chucky se fatigue vite de son apparence de jouet, car rien ne vaut, à ses yeux, un mètre quatre-vingts de chair et d’os, un physique avantageux où coule du sang chaud, celui du beau Jesse par exemple.

Ronny Yu et Don Mancini sont là pour bousculer un peu cette saga qui commençait sérieusement à tourner en rond. Ici, on change d’époque, on change de décor, de personnages et d’histoire. La fiancée de Chucky, c’est avant toute chose un hommage aux films de genre. Il suffit de voir la scène d’introduction pour se rendre compte que le réalisateur est un fervent admirateur de l’horreur et de ces figures iconiques. Dès cette première scène, on entre dans un véritable musée de l’horreur où l’on va apercevoir le masque de Jason, la tronçonneuse de Leatherface, le masque de Michael Myers ou encore le gant de Freddy Krueger. La suite du long-métrage sera ponctuée par des clins d’oeil en pagaille pour La fiancée de Frankenstein (1935) ou encore à la saga Hellraiser avec un meurtre qui ne manque pas de clous. Outre ces clins d’oeil au cinéma de genre, c’est aussi un film qui se démarque par la mise en scène soignée du réalisateur chinois. Jamais Chucky n’aura été autant mis en valeur dans des cadres grandioses, mettant en avant la folie de son personnage. Cette mise en valeur passe également par le travail formidable des effets pratiques qui apportent un certain réalisme perturbant au niveau des poupées.
La fiancée de Chucky
devient plus gore, plus inventif derrière la caméra de Ronny Yu, bien que l’aspect horrifique soit relayé au second rang. Vous pouvez être rassuré, vous n’aurez pas à vous cacher les yeux, tant les mises à mort sont réalisées avec le plus de fun possible et c’est là que l’on voit la séparation entre le cinéma des années 80 et de celui de la fin des années 90.

C’est donc sur le fun que ce quatrième opus va se reposer et ce n’est pas sur le scénario qu’il pourra malheureusement trouvé appui. Don Mancini, qui avait déjà prouvé que la cohérence n’était pas sa priorité avec le troisième opus, va encore plus loin dans l’incohérence et dans la facilité. On découvre une nouvelle amulette qui permet à Chucky de transférer son âme et qui donne surtout un intérêt à cette histoire. Sinon, on retrouve le principe même de la saga, puisque les meurtres seront mis sur le dos de deux adolescents qui sont en cavales.
La force de film réside sur le duo Chucky/Tiffany qui voit leur évolution au centre du long-métrage. Tantôt amoureux, tantôt ennemi, les deux poupées adeptes du meurtre se lance dans un road trip à la sauce Bonnie & Clyde. L’humour noir est bien présent et c’est ce qui rend ce quatrième opus savoureux. On aime suivre ce couple qui s’en met plein la gueule et qui essaient de surmonter leur problème. Chucky n’aura jamais été aussi cynique, violent et drôle qu’avec sa fiancée. En véritable beauf, la poupée paraît plus réaliste qu’elle en a l’air et c’est bien ça le plus inquiétant.
Avec ce changement de ton, Ronny Yu a pris le risque de perdre une partie des fans et ce n’est pas le manque de cohérence qui pourra améliorer tout cela. Pourtant, le réalisateur a apporté une nouvelle dimension à cette saga et surtout une force supplémentaire en développant la psychologie du personnage de Chucky. Celui-ci prend les traces d’un certain Freddy Krueger, bien qu’il n’arrivera jamais à être aussi impressionnant. La fiancée de Chucky est une véritable renaissance pour notre poupée tueuse qui prend le luxe d’être le personnage principal de cette nouvelle intrigue. Pour apprécier cette prise de risque, il suffit de ne pas être réfractaire à l’humour corrosif et être prêt à partir dans un road trip rock’n’roll sous fond de Rob Zombie

6 réponses »

  1. Je ne me suis jamais laissé séduire par cette poupée. Un tort sans doute, mais je t’avoue que le nom de Ronnie Yu, que j’associe à la confrontation Freddy vs Jason, ne me rassure guère.
    Je préfère me tourner vers « les Poupées de Stuart Gordon qui vient tout juste de nous quitter.

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    • Tout comme toi, c’est une saga que j’avais laissé de côté, enfin jusqu’à aujourd’hui… Et plus je fouille et plus je comprends pourquoi !
      Il va falloir que je découvre ce film de Gordon ! Merci du conseil 🙂

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  2. C’est par cet épisode que j’ai découvert la poupée chucky. J’avais trouvé ça fun quand j’étais ado. Après si je le regarderais aujourd’hui je trouverais ça debile. Comme beaucoup de films d’horreur des années 2000

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