Halloween 6 : La malédiction de Michael Myers est ce qu’on peut appeler un cas d’école ou du moins celui de la déchéance. La malédiction. En voilà, un beau nom pour ce film…
Tout commence au début des années 90, lorsque la société de production Miramax Films acquiert les droits de deux sagas bien connues des amateurs d’épouvante et d’horreur, j’ai nommé Halloween et Hellraiser. Il est évident que ces deux saga ont connu leur heure de gloire à une certaine époque, mais que le succès s’est assez vite terni avec des suites plus discutables, du point de vue artistique, les unes que les autres. Miramax a alors l’idée du siècle, enfin en apparence, puisqu’elle veut apporter du sang neuf dans ces deux saga. Pour ce faire, les équipes de production veulent offrir aux spectateurs des films qui ne seront pas que de simples suite, mais bien de véritables développements autour des deux mythes, des deux figures iconiques de l’horreur. Personnellement, je ne suis pas pour en connaître plus sur Michael Myers. J’aime garder à l’esprit que le jeune Michael est le Mal, un tueur mutique dont on ne connait pas le but.

Dix ans après avoir terrorisé la petite ville d’Haddonfield et avoir disparu avec sa nièce Jamie, le psychopathe Michael Myers, protégé par une bande de sorciers maléfiques, revient sur les lieux de ses sanglants méfaits. Jamie, elle, donne naissance au fils de Michael Myers et appelle une nouvelle fois le docteur Loomis à l’aide.
Le chantier de cet Halloween 6 est lancé très rapidement après le succès relatif du cinquième opus. Vous connaissez la musique, il faut battre le fer quand il est encore chaud et c’est ce que Moustapha Akkad (le producteur de l’époque) souhaite faire. Sauf que tout ne va pas se passer comme prévu… Des soucis juridiques vont ralentir le projet, le producteur ne trouve pas de scénario viable. Ce n’est qu’en 1994 que celui-ci va ressortir un ancien script écrit quelques années plus tôt par Daniel Farrands, qui était un fan de la première heure et qui avait envisagé un scénario audacieux. Celui-ci voulait faire de ce sixième opus, un chapitre fédérateur en amenant de la cohérence là où il n’y en avait plus vraiment. Il voulait relier toutes les intrigues des différents films entre elles, afin de faire revenir certains personnages, comme le médecin du premier Halloween, le jeune Tommy Doyle que Laurie Strode gardait (celui-ci sera interprété par un jeune Paul Rudd) et bien entendu le célèbre Docteur Loomis interprété par Donald Pleasance, qui apparaît très affaibli et qui mourra quelques semaines après le tournage.

Le script de Daniel Farrands remet la famille Strode sur le devant de la scène et signe également le retour du mystérieux homme en noir que l’on avait pu apercevoir dans le chapitre précédent. Le plus important vient avec le développement de la secte Thorn qui devait être le coeur même de cette histoire, tout en expliquant les origines de Michael Myers. Cette idée ne sort pas de nulle part, puisqu’elle avait été furtivement évoquée dans une séquence d’Halloween 2. Le script semble solide et tout est là pour satisfaire tous les fans de la saga, mais tout ne va pas se passer comme prévu.
Miramax va faire appel à Joe Chappelle pour la réalisation et le tournage se fera sans encombre. Les soucis arrivent lors du montage, puisque le producteur Paul Freeman va imposer ses idées qu’il n’avait pas pu mettre en oeuvre à l’écriture du scénario. Joe Chappelle écoute les idées et commence à douter de ce qu’il a pu filmer et de l’histoire imaginée par Daniel Farrands. Celui-ci trouve que le film manque de rythme et qu’il parle trop. Les projections test vont lui donner raison et Halloween 6 devient une véritable malédiction. Découpage et remontage de certaines scènes pour donner un certain rythme. Des scènes entières entre Loomis et son collègue médecin seront supprimées, attaquant ainsi la cohérence du scénario. Joe Chappelle ne s’arrête pas en si bon chemin, puisque de nombreux flashback explicatifs seront également supprimés, notamment celle autour de la secte… Au total, c’est plus de 40 minutes de films qui sont retirées. Joe Chappelle va alors retourner des scènes, afin de rendre le tout plus gore.

Tous ces soucis donnent naissance à une oeuvre bâtarde et incohérente, alors que ce n’était pas le but initial. C’est simple, si je ne m’étais pas renseigné sur les idées de bases, je pense que je n’aurais rien compris à ce long métrage. Le personnage de Tommy (Paul Rudd) nous semble complètement dingue à nous parler de runes et de secte, alors que nous n’avons rien vu de tout cela ou du moins pas assez. Bref, Halloween 6 est un véritable chaos à lui tout seul.
Si seulement il n’y avait que le scénario incohérent qui pose problème, cela irait presque. Mais c’est sans compter sur la piètre qualité du long métrage du point de vue artistique. C’est d’un classique discutable, d’un manque d’audace au niveau des cadrages et visuels et de l’ambiance apportée dans cet Halloween 6. Joe Chappelle abuse d’effets de styles, de bruitages et d’effets de lumières pas très jolies… Heureusement, le réalisateur réussit tout de même à apporter quelques scènes de nuit bleutées du plus bel effet.
Du coup, qu’est-ce que l’on retient de cet opus ? Pas grand chose. Le gore et la fureur meurtrière de Michael Myers peut-être. Un opus à éviter donc, sauf si vous voulez tout voir comme moi.

Catégories :Cinéma, halloween, Horreur/Epouvante, Retour sur Saga, Slasher
Pas grand chose à sauver de cet Halloween 6 (on ne compte plus le nombre de films sabordés par les Weinstein…), malgré ses tentatives pour repenser les origines de la saga. Triste fin de carrière également pour le grand Donald Pleasence qui semble ici bien fatigué… Je me demande si les autres versions du film (director’s cut, rough cut…) relèvent un peu le niveau. En tout cas, c’est toujours un plaisir de retrouver tes très instructifs « retours sur saga » !
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Je serais curieux de voir les différentes versions, mais je ne crois pas que celles-ci améliorent le résultat final. De toute façon, Halloween se perd depuis quelques épisodes et les suites ne vont rien arranger. Je n’y suis pas encore, mais heureusement que Rob Zombie est venu pour faire un peu le ménage et pour donner un bon coup de pied dans cette saga.
En tout cas, je tenais à te remercier pour ton commentaire et pour l’intérêt que tu portes à cette rubrique 🙂
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Très intéressant. 👍
Je n’ai pas encore vu tous les épisodes (pas si facile à trouver à prix raisonnable) mais je compte bien le faire…dommage pour le gâchis de cet épisode. 😕
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Il n’y a qu’un seul coffret, mais US malheureusement. Il faut tenter le streaming (comme moi) ou tomber sur des versions dvd dans les easycash ! La suite sera tout autant un gâchis, à mes yeux. Michael Myers connaît une bonne descente en enfer.
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Ce sera les cashs, j’aime faire ce genre de recherches. 😁
Oui j’imagine, c’est souvent le cas avec les séries à rallonge. Il s’en sort pas mal avec les remakes par contre.
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